Recrutement
L’IA,un virage à maîtriser
L’utilisation de l’Intelligence artificielle dans les process de recrutement gagne du terrain au point d’être quasiment devenue la norme. L’évolution des applications en la matière, notamment développées par des entreprises de la région, apparaît sans fin. Des évolutions encadrées par un cadre juridique, plus ou moins strict, histoire d’éviter les dérives.
Jusqu’où ira l’Intelligence artificielle (IA) dans les process de recrutement ? La question aujourd’hui se pose et relève tout simplement de l’éthique. «Il faut prendre le tournant, maîtriser ce virage, c’est à la fois captivant mais cela peut être hyper dangereux», assure Audrey Mortas, la présidente de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) Lorraine Centre. La structure a d’ailleurs fait de l’IA son fil rouge pour cette année. Pas un scoop, l’IA a complètement révolutionné le domaine du recrutement en automatisant et en optimisant divers aspects du processus de sélection des candidats. Les adeptes ne regorgent pas d’arguments sur les bienfaits de l’IA en la matière.
Gain de temps considérable avec l’automatisation de tâches répétitives et chronophages du processus de recrutement (tri des CV, planification des entretiens…). Réduction des biais de recrutement car l’IA se base uniquement sur les compétences et les qualifications des candidats éliminant quasiment la notion d’affect pouvant influer les décisions de recrutement. Amélioration de la qualité des embauches, en passant par une expérience candidat améliorée ou encore une réduction des coûts de recrutement et une rapidité accrue du processus de recrutement et surtout son optimisation.
«Les outils d’IA offrent des capacités d’analyses avancées qui permettent de suivre et d’optimiser le processus de recrutement. Les recruteurs peuvent utiliser des tableaux de bord et des rapports pour évaluer les performances des campagnes de recrutement, rechercher les points faibles et ajuster leurs stratégies en conséquence. En analysant les données de recrutement, les entreprises peuvent comprendre quels canaux de sourcing sont les plus efficaces et allouer leurs ressources en conséquence, maximisant ainsi l’efficacité et la qualité des processus de recrutement», prêche un responsable RH adepte de la chose.
L’AI Act comme garde-fou
Quid de l’interaction humaine dans tout cela ? «L’IA avec tout ce qu’elle permet en termes de sélection préalable propose aux recruteurs par la suite de se concentrer sur son cœur de métier : la relation humaine», assure un membre d’un cabinet de recrutement. Le cadre juridique de l’utilisation de l’IA en matière de recrutement est également strict et à prendre en compte (le fameux et récent AI Act). Il permet notamment de créer des garde-fous histoire d’éviter tous les types de discriminations possibles et imaginables que peut engendrer une sélection ou pré-sélection par l’IA. Reste que l’IA est évolutive (un peu normal, c’est l’humain qui n’a de cesse de la nourrir mais aujourd’hui elle s’auto-alimente) et l’évolution dans le développement des applications est tout simplement exponentielle.
Exemple typique avec l’entreprise nancéienne Human Games qui vient de lancer sa plateforme IspeakVR Recrutement. Un tronc commun d’IA jugée bienveillante pouvant répondre aux besoins en matière de recrutement. Une application virtuelle immersive, reprenant les codes des jeux vidéo (premier amour de Marti Di Stefano et Deise Mikhail, les cofondateurs de la société nancéienne il y a une dizaine d’années).
Équipé d’un casque de réalité virtuelle, le candidat est immergé dans un environnement où il se retrouve face à un ou une chargée de recrutement lui posant des questions ciblées et analysant les réponses quasiment en direct tout en détectant les véritables compétences de l’intéressé, ses potentiels cachés et autres soft skills tant recherchés aujourd’hui. Une mini révolution car «nous avons réussi à combiner l’expérience immersive des réseaux virtuels avec l’IA», assurent les concepteurs. Certaines PME de la région sont d’ailleurs déjà preneuses du process. Demain, tous recrutés par l’IA, la question ne se pose même plus mais elle interroge…