Inclusion professionnelle
L'hôtel-restaurant Le Cap Hornu de saint-Valery-sur-Somme accueille des travailleurs en situation de handicap
L’établissement, qui dépend du syndicat mixte de la baie de Somme intègre, le temps d’une saison, des travailleurs en situation de handicap issus des Esat d’Abbeville et de Pendé. Une expérimentation qui pourrait avoir un avenir prometteur.
Handicap et monde du travail ne font pas toujours bon ménage. Pourtant, des initiatives rencontrent le succès. « C’est vrai qu’il faut avoir une certaine sensibilité sur ces sujets », sourit Stéphane Haussoulier, président du Département de la Somme. C’est lui qui a impulsé l’idée que le Cap Hornu, hôtel-restaurant exploité par le syndicat mixte de la baie de Somme, accueille des travailleurs en situation de handicap. « Tout est parti du souhait de mieux intégrer les personnes en situation de handicap dans la société et de faire que, demain, les Esat puissent devenir des lieux de professionnalisation ou de tremplin vers le milieu ordinaire », détaille Stéphane Haussoulier.
L’occasion de souligner que 20% de la population est concernée par une forme de handicap, physique ou psychique. « Le handicap est partout autour de nous, il peut prendre plusieurs formes et apparaître au cours de la vie. La société se doit d’être plus inclusive et les collectivités doivent faciliter cela », assure l’élu. S’il était jusqu’ici difficile d’envisager des allers et retours entre milieu ordinaire et protégé, l’évolution de la loi, qui prévoit à présent un « droit au retour » à l’Esat rend possible l’organisation d’expérimentations.
Intégrer les travailleurs handicapés
Pour donner corps au projet "Cap Handicap", des représentants du Département, de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), des Esat et du Cap Hornu ont formé un comité de pilotage. Fonctionnant en mode projet, cette structure a permis de réfléchir à la question de l’intégration. « Nous sommes un établissement public qui compte une réelle dimension économique puisque nous avons 50 salariés, nous sommes en activité toute l’année et nous réalisons 4 millions de chiffre d’affaires. Il était donc très important de bien structurer les choses », explique Éric Balédent, directeur d’exploitation du Golf et de l’Aquaclub de Belle Dune et du Cap Hornu.
Après avoir identifié les métiers adaptés, les équipes de l’hôtel-restaurant sont allées à la rencontre des travailleurs des Esat d’Abbeville et de Pendé pour comprendre leur quotidien. « Il fallait tout construire, connaître leur champ de compétence, voir comment nous pouvions les accompagner », note le directeur d’exploitation.
Dans un premier temps, le Cap Hornu a accueilli des volontaires pour entretenir les espaces verts. Un test positif qui a permis d’aller plus loin : aujourd’hui, ils sont neuf à avoir intégré le service d’entretien des chambres, l’accueil, la maintenance, et même le service en salle. « Nous avons identifié, de notre côté, des salariés susceptibles de tutorer ces travailleurs. Nous avons créé des fiches de postes avec des codes couleurs, des pictogrammes… des choses très simples pour favoriser l’autonomie », développe Éric Balédent.
Une nouvelle offre de formation
Si ces travailleurs volontaires suivent des horaires adaptés et peuvent faire le choix chaque jour de rester à l’Esat, ils sont pleinement intégrés à l’équipe du Cap Hornu. « Cela demande un peu d’adaptation et nous sommes en lien permanent avec les représentants des Esat, mais, globalement, c’est une expérience très positive et humainement très enrichissante », souligne Éric Balédent.
L’expérimentation devrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’été pour évaluer les progrès réalisés sur une saison complète. « Si les résultats sont bons, nous pourront faire évoluer ce modèle et monter en puissance pour aller vers des formations plus longues de type apprentissage », envisage Stéphane Haussoulier. Lequel réfléchit très sérieusement à la possibilité de faire du Cap Hornu un centre de formation au service du territoire. « Il est nécessaire d’aller au-delà du constat, d’avancer sur ces sujets et de proposer d’autres solutions un peu innovantes », conclut-il.