L'heure de la démission pour Julien Bayou, accusé de violences psychologiques par son ex-compagne

L'affaire déchire le parti écologiste qui a fait du féminisme l'un de ses marqueurs politiques: accusé de violences psychologiques sur son ex-compagne, Julien Bayou, ancien secrétaire national d'EELV, démissionne de...

Le député écologiste Julien Bayou à l'Assemblée nationale, le 27 février 2024 à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN
Le député écologiste Julien Bayou à l'Assemblée nationale, le 27 février 2024 à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN

L'affaire déchire le parti écologiste qui a fait du féminisme l'un de ses marqueurs politiques: accusé de violences psychologiques sur son ex-compagne, Julien Bayou, ancien secrétaire national d'EELV, démissionne de son parti et de son groupe parlementaire.

Le député de Paris, âgé de 43 ans, a envoyé un courriel en ce sens mardi matin, après avoir appris que le bureau exécutif des écologistes mandatait un cabinet spécialiste des violences sexistes et sexuelles pour "réaliser une enquête et établir un rapport" sur son affaire.

Julien Bayou s'était mis en retrait de son parti et de son groupe depuis une plainte déposée début mars par son ex-compagne, Anaïs Leleu, pour harcèlement moral et abus de faiblesse. 

Cette militante écologiste a dénoncé de la part de Julien Bayou des pressions pour lui faire croire qu'elle "était folle". 

Elle l'accuse aussi d'avoir profité de sa faiblesse pour lui faire signer "pleins de papiers", comme "une convention de séparation" ou "un acte de vente".

Le député se disait de son côté persuadé de pouvoir reprendre sa place "une fois (son) innocence définitivement prouvée". 

Concernant une éventuelle expulsion définitive, seul le Conseil politique régional d'Ile-de-France d'EELV, dont dépend le député de Paris, pouvait se prononcer, selon les statuts du parti. Il devait se réunir le 27 avril.


Afin de les aider à "prendre une décision sur des faits objectifs", le bureau exécutif a décidé le week-end dernier de cette enquête externe, pour "permettre aux personnes qui n'auraient pas parlé jusqu'à présent" de s'exprimer.

La patronne des écologistes Marine Tondelier a expliqué à l'AFP que le but de cette nouvelle enquête "n'est pas d'accabler" Julien Bayou. Mais elle explique dans un message interne avoir reçu "plusieurs nouveaux témoignages de comportements inadaptés".   

"Ce n'est pas quelque chose qui est à charge", a-t-elle insisté sur franceinfo, regrettant que "Julien Bayou l'ait pris comme ça". 

Dénonçant un "acharnement déloyal et scandaleux" contre lui, Julien Bayou explique dans son message de démission que "ce procédé, qui (le) désigne comme coupable, (le) discréditerait de manière irréversible", dans la sphère politique.

Il accuse la direction de vouloir "se couvrir et se donner le beau rôle", et menace de poursuivre Marine Tondelier, si elle persiste dans cette enquête malgré son départ.

"Ca n'empêchera pas cette enquête de se tenir, ni la procédure d'exclusion d'aller jusqu'au bout", a répondu Marine Tondelier. 

La direction entend bien montrer qu'elle a bien pris en compte l'ampleur de cette affaire, alors que des adhérents ont menacé de faire une grève militante pour la campagne des européennes.

Ils s'offusquent notamment que les députés écologistes n'aient pas suspendu Julien Bayou de leur groupe, lors d'un vote le 27 mars. 

imaginaire viriliste

Dans son message aux militants, Marine Tondelier souligne que le parti n'a pas eu "prise sur la décision du groupe à l'Assemblée", appelant les militants à ne pas se venger sur "la campagne européenne qui n’est en rien responsable de la situation". 

La patronne des écologistes a été élue à la tête du parti en décembre 2022, à la suite de Julien Bayou, qui avait déjà dû renoncer à diriger EELV après de premières accusations de son ex-compagne. 

Celle-ci avait fait état de ses griefs dans un courriel adressé en juillet 2022 à la cellule interne d'EELV sur les violences sexistes et sexuelles. Mais elle n'avait jamais voulu être entendu par la cellule, et aucune plainte n'avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte. 

EELV s'était doté d'une telle cellule en 2016, dans la foulée de l'affaire Denis Baupin, ancien député de Paris accusé par plusieurs femmes du parti, dont la députée Sandrine Rousseau, d'agressions et de harcèlement sexuels. Les faits prescrits avaient été classés sans suite par la justice.

"Quand on est un parti féministe qui se bat pour que les femmes puissent parler et qu'on puisse les entendre", "on se pose des questions, on n'a pas toujours les bonnes réponses", a reconnu mardi la présidente du groupe écologiste à l'Assemblée, Cyrielle Chatelain.

"C’est pas anormal que ça prenne du temps, qu’on tâtonne", a-t-elle insisté, soulignant que la politique était un "des milieux construits autour d'un imaginaire extrêmement viriliste, sexiste".

caz-adc/sde/dch   

34N97EZ