L'ex-pape des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried condamné à 25 ans de prison

Sam Bankman-Fried, superstar déchue des cryptomonnaies, a été condamné jeudi à 25 ans de prison pour l'une des pires fraudes financières de l'histoire récente, après que le juge a considéré...

Sam Bankman-Fried à la sortie du tribunal fédéral de New York en janvier 2023 © Ed JONES
Sam Bankman-Fried à la sortie du tribunal fédéral de New York en janvier 2023 © Ed JONES

Sam Bankman-Fried, superstar déchue des cryptomonnaies, a été condamné jeudi à 25 ans de prison pour l'une des pires fraudes financières de l'histoire récente, après que le juge a considéré notamment qu'il n'avait exprimé aucun remords.

Il avait été reconnu coupable par un jury en novembre des sept chefs d'accusation retenus contre lui lors d'un procès à l'issue duquel le procureur de New York, Damian Williams, avait requis entre quarante et cinquante ans de réclusion.

Le juge fédéral Lewis Kaplan n'a pas mâché ses mots lors d'une audience jeudi matin à New York, relevant que le jeune homme avait reconnu que "des erreurs avaient été faites, mais n'a jamais eu un mot de remords pour avoir commis un crime terrible".

Le qualifiant d'"insolent", le magistrat a dénoncé son "exceptionnelle flexibilité" concernant la vérité.

Selon lui, exemples à l'appui, "SBF" --son surnom-- s'est livré à trois parjures au moins lors de son témoignage au procès de cinq semaines, ainsi qu'à une subornation de témoin. Ce qui avait fait grimper la peine maximale possible à 110 ans.

De son côté, le trentenaire -- qui a l'intention de faire appel -- a présenté des excuses.

"Beaucoup de personnes ont l'impression qu'on les a laissées tomber, et on les a laissées tomber, j'en suis désolé", a déclaréSam Bankman-Fried. "Je suis désolé de ce qu'il s'est passé à tous les niveaux."

Coeur brisé

Ses parents, Joseph Bankman et Barbara Fried, ont transmis une très brève déclaration via son porte-parole: "Nous avons le coeur brisé et nous continuerons à nous battre pour notre fils", qui vient de fêter ses 32 ans.

Outre les 25 ans d'emprisonnement, "SBF" se voit infliger une sanction de 11 milliards de dollars -- qui pourra servir à l'indemnisation des pertes éventuelles de clients -- et aura une période de mise à l'épreuve de trois ans après sa libération, selon le ministère de la Justice.

Damian Williams a considéré que cette sentence allait "empêcher à jamais (Sam Bankman-Fried) de commettre une fraude" et qu'elle envoyait un "message important" à ceux qui seraient tentés par la criminalité en col blanc que "la justice sera rapide et les conséquences sévères".

"SBF" a utilisé, sans leur accord, les avoirs des clients de sa plateforme d'échanges de devises numériques FTX, pour effectuer des transactions à risque via sa société soeur Alameda, pour acheter des biens immobiliers ou pour faire des donations politiques.

"Il y a de graves conséquences à commettre une fraude envers ses clients et ses investisseurs", a commenté jeudi Merrick Garland, ministre de la Justice, cité dans un communiqué.

Soumise à des demandes massives de retraits venues de clients paniqués, FTX a implosé en novembre 2022. Au moment de son dépôt de bilan, environ 9 milliards de dollars manquaient à l'appel.

Apprenti-sorcier

En quelques heures, l'image du petit génie fantasque, à la chevelure fournie et aux perpétuels short et T-shirt, s'est effondrée, pour laisser place à celle d'un apprenti-sorcier, adepte de paris insensés.

Lors de l'audience de jeudi, "SBF" a évoqué les employés de l'entreprise.

Ils "ont bâti quelque chose de magnifique", a-t-il dit. "Et j'ai tout fichu en l'air. Ca me hante chaque jour. J'ai pris une série de mauvaises décisions".

Il s'est également inquiété du fait que les clients n'aient pas encore été intégralement remboursés.

Les liquidateurs du groupe ont déjà récupéré environ 6,4 milliards de dollars en numéraire et prévoient de rembourser intégralement les clients lésés.

Ils profitent notamment de l'appréciation brutale des cryptomonnaies, qui se sont remises après un millésime 2022 catastrophique marqué par plusieurs faillites et ponctué par le scandale FTX.

L'ancien élève du Massachusetts Institute of Technology (MIT) n'a jamais été mis en cause pour enrichissement personnel et a conservé, jusqu'au bout, l'essentiel de sa fortune en actions FTX, dont la valeur s'est évaporée.

Son nouvel avocat Marc Mukasey, recruté depuis le verdict de novembre, a décrit jeudi son client comme un "intello matheux maladroit", bien intentionné.

"C'est évidemment une infraction grave mais Sam n'est pas un tueur en série de la finance qui a décidé de nuire aux gens", a relevé l'avocat.

Mais, selon le juge Kaplan, "il existe un risque que cet homme se retrouve dans une position de faire quelque chose de mal, et ce n'est pas un risque anodin". Il a estimé par conséquent qu'une longue peine de prison était nécessaire pour "désactiver" Sam Bankman-Fried.

Lors du procès, la défense de Sam Bankman-Fried avait été fragilisée par les témoignages de trois anciens cadres de FTX et d'Alameda, dont son ancienne petite amie, qui avaient tous mis en évidence, de façon détaillée, le rôle moteur de l'accusé dans la fraude.

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