L'épuration par les roseaux
Cela reste encore confidentiel, mais quelques communes comme Ailly-le-Haut-le-Clocher, Bernaville ou Aumont dans la Somme ont fait le choix d’une station d’épuration fonctionnant grâce à des filtres plantés de roseaux. Exemple à Le Boisle, 381 habitants.
Mise en service depuis 2022, la station d’épuration fonctionnant grâce à des filtre plantés de roseaux roseaux de Le Boisle aménagée dans les marais fait la fierté de la maire de la commune d'Odile Doublet. Pouvant traiter jusque 105 m3 d’eaux usées par jour, elle remplace la précédente station d’épuration, située juste à côté, qui n’était plus aux normes, étant énergivore et réclamant plus de contraintes, comme par exemple avec l’épandage des effluents dans les champs.... coûtait donc cher en terme d’entretien.
Naturel
Ici, tout est quasi naturel à part deux pompes fonctionnant à l’électricité. « Les eaux usées arrivent dans un bac d’une contenance de 4 à 5 m3, explique Odile Doublet. Dès qu’il est plein, elles sont lâchées dans un premier étage de 540 m², composé d’un filtre remplit de sable. Des drains dans le fond récupèrent les eaux qui sont passées à travers le lit de sable. Les racines des roseaux, plantées dans le sable, servent à absorber une partie de la pollution qui sont des nutriments qui permettent aux roseaux de se développer : azote, carbone et phosphore. En bougeant, les roseaux vont éviter le colmatage du lit de sable. Le deuxième étage de 360 m² fonctionne de la même manière en affinant le traitement. La profondeur des deux étages se situent entre 80 et 100 cm. Les eaux sont ensuite rejetées dans la rivière Le Longuet. »
Dans la commune de 381 habitants, environ 95% des maisons - soit 207 - sont raccordées. Le réseau s’étend sur 5 km. « L’assainissement collectif est bien plus confortable pour les usagers et cela coute moins chers qu’un assainissement individuel », se félicite t-elle. Reste que cela a un cout pour la commune : plus de 700 000 euros hors taxes.
Compensation
Une facture allégée grâce à des aides de l’Agence de l’eau d’un montant de 300 000 euros HT et de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) qui s’élève à 111 000 euros HT. À long terme, la commune espère faire des économies sur la consommation électrique et sur l’exploitation, confiée jusqu’en juin à Véolia, via une Délégation de service public (DSP).
Toutefois, cette nouvelle station d’épuration écologique, dimensionnée pour 450 habitants et construite par la société Sade CGTH, apporte aussi son lot de complexités car « elle se développe sur 3000 m², poursuit Odile Doublet. Pour cela, nous avons du faire abattre des arbres. La direction départementale des territoires et de la mer s’appuie sur la réglementation sur les zones humides qui nous oblige à compenser à 150 % ce que nous avons pris comme terrain à la nature. L’ancienne station d’épuration devrait être démolie dans le courant de courant de l’année. Nous en sommes à la phase des études. Une zone humide y sera récréée notamment grâce à la technique de l’étrépage. Une couche superficielle de sol est prélevée afin de favoriser le retour de la biodiversité. Il nous faudra aussi rendre des terrains supplémentaires pour percevoir les 20% restants de l'Agence de l'eau, conditionnés à cette compensation. »