Gazettescope

Gazettescope : l’entreprise, cet organisme vivant qui ne dit pas son nom...

Le marché du travail, la vie en entreprise sont directement impactés depuis la crise de la Covid-19. Dans ce contexte mouvant, l’entreprise, justement, doit revoir nombre de process que l’on croyait établi. Cela va au-delà d’un simple effet de communication, de louables transitions douces, d’un éphémère lifting… Quelles valeurs ? Quelle identité ? Des questions cruciales...

Grande démission, Quiet Quitting (démission lente), Quiet Firing (licenciement lent). Derrière ce triumvirat sémantique se dévoile une réalité émanant directement de la crise pandémique depuis mars 2020. Plus de deux ans à l’issue desquels le monde du travail sort bouleversé. Un changement de paradigme conséquent dont on ne connaît pas les effets systémiques à plus ou moins long terme. Croire que tout redeviendra «comme avant» tient de l’utopie. On le mesure déjà dans les aspirations nouvelles et revendiquées, dans les comportements modifiés. Notre société traverse une profonde crise de confiance aux interrogations multiples. Une introspection tant individuelle que collective, qui assurément tient de la psychanalyse. Alors, que sortira-t-il de tout cela ? Impossible de le savoir. Face à cette quête de sens, légitime, les chefs d’entreprise, cadres et managers doivent réfléchir à des procédés innovants, renforcer «l’aspect humain» au sein de leurs équipes. Sans tomber toutefois dans des scénarios managériaux aux accents de Bonne nuit les petits ou de Oui Oui. L’entreprise est d’abord et reste un vaisseau naviguant sur une mer économique et concurrentielle. Les résultats, la performance, sont tout de même sa finalité. De récentes études ont démontré qu’une entreprise, en tant que communauté de femmes et d’hommes, a le même mode de fonctionnement qu’un organisme vivant. Elle dispose ainsi d’un code génétique, d’un ADN unique. Cela la différencie de toute autre entreprise. On appellera cela sa culture. Laquelle est tout simplement ses valeurs. Ce mot valeur que l’on met par ces temps troublés et bien incertains à chaque bout de phrase, au cœur de chaque discours, ne perd-il pas son sens cardinal ? Le débat est posé : qu’est-ce qu’une valeur ? Cela nous renvoie à notre propre connaissance intrinsèque : qui sommes-nous ? Complexe équation. On s’accordera pour dire que se connaître n’est pas chose aisée. Les entreprises ont la même problématique. Elles affichent généralement des valeurs classiques qui ne les distinguent pas les unes des autres : innovation, esprit d’équipe, intégrité, respect, responsabilité, satisfaction client, qualité, partage, excellence, proximité. Le vocabulaire est convenu et conventionnel. Une vraie valeur se voudra indépendante de l’activité, du marché, de la taille de l’entreprise, sera partagée et vécue au quotidien par une grande partie des collaborateurs dans l’esprit «on porte le même maillot», provoquera un tollé quand elle sera transgressée, sera défendue bec et ongles quand elle devient un désavantage compétitif pour l’entreprise, aura une traduction concrète en comportements éthiques et responsables à chacune de ses strates. En somme, l’entreprise devra, aussi bien avec le vent dans des voiles qu’en cas de bourrasque contraire, savoir qui elle est vraiment, de ses origines à ses évolutions nécessaires. Afficher de solides et immuables valeurs d’entreprise, c’est comme faire un coming-out. Cela ne laisse pas indifférent. Ceux qui se reconnaîtront dans ces valeurs y adhéreront et y seront fidèles. Quant aux autres, ils prendront de la distance. Sans doute, un mal pour un bien. Les valeurs sont le ciment de l’entreprise. Elle passera d’une somme d'individualités à un vrai groupe. Ce collectif authentique trouvé permet ensuite de libérer des énergies insoupçonnées. Une force motrice pour les collaborateurs et les partenaires de l’entreprise. De toutes les manières, il est une évidence : on ne peut pas plaire à tout le monde. Tant pis… Ou tant mieux.