Christophe Schmitt, directeur de Peel et vice-président de l’Université de Lorraine : «l’entrepreneuriat se doit d’être…

L’entrepreneuriat, un domaine de recherche et une implication pour Christophe Schmitt, vice-président de l’Université de Lorraine en charge de l’entrepreneuriat et de l’incubation et directeur du Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine. La crise sanitaire semble avoir profondément modifié l’approche de l’entrepreneuriat avec une quête de sens certaine. La confirmation d’un modèle depuis longtemps mis en avant par l’universitaire.

© : Christophe Jung - Whyvision.
© : Christophe Jung - Whyvision.

Les Tablettes Lorraines : La pandémie, la crise sanitaire, les confinements ont-ils réellement modifié l’approche de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise ?

Christophe Schmitt : La période difficile que nous traversons a confirmé une priorité aujourd’hui absolue chez la grande majorité des porteurs de projets, celle de la quête de sens dans leur approche entrepreneuriale. La Covid a apporté un regard nouveau sur les valeurs. L’entrepreneuriat aujourd’hui se doit d’être humaniste.

Les «anciens» modèles, qui persistent encore sur la notion de création d’entreprise, n’ont-ils plus lieu d’être ?

Depuis que je m’intéresse à l’entrepreneuriat, et cela fait déjà bon nombre d’années, j’ai toujours mis en avant que le plus important était ce fameux accompagnement de ce que je qualifie d’état gazeux de l’entrepreneuriat. Le fameux business-plan n’est pas une fin en soi. Avant cet aspect business, la création d’une entreprise correspond en fait à une vision humaniste de celui ou celle qui en porte l’ambition. Le parcours est beaucoup plus important que le résultat. Les porteurs de projets que nous accompagnons au sein du Peel (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine) possèdent une vision du monde qu’ils entendent partager.

C’est cette même philosophie qui, selon vous, est présente aujourd’hui chez les porteurs de projets autres que les étudiants ?

L’entrepreneuriat et la création d’entreprise sont aujourd’hui les conséquences d’un parcours. On voit bien l’explosion du nombre de créations d’entreprises. Et il existe une autre façon d’aborder les projets.

L’explosion, en chiffres, de la création d’entreprise est certaine mais c’est surtout le fait de micro-entrepreneurs. Comment accompagner réellement cette typologie d’entrepreneurs dont bon nombre ont créé leur entreprise pour créer leur propre emploi ?

C’est ce que l’on peut qualifier d’entrepreneuriat de contrainte lié aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. À l’Université de Lorraine, nous avons d’ailleurs créé un DU (Diplôme Universitaire) baptisé Résilience en partenariat avec le cabinet Yzico et la BPALC (Banque Populaire Lorraine Champagne) pour accompagner cette nouvelle typologie d’entrepreneurs.

L’écosystème qui entoure les entrepreneurs se doit donc d’évoluer ?

Il le fait, certains acteurs beaucoup plus rapidement que d’autres car ils ont pris conscience de la nécessité d’être réellement à l’écoute des besoins en termes d’accompagnement, de financement des porteurs de projets. Au Peel, nous sommes un révélateur de talents et nous sommes l’interface avec cet écosystème. Il est indispensable également pour le porteur de projets de travailler sur et avec son écosystème, de la connaître, de l’appréhender, de s’y confronter. La création d’entreprise se doit de créer de la valeur sur les territoires. Et il faut bien se dire que les entrepreneurs de demain se trouvent chez nous, dans nos territoires. Il est donc indispensable que l’ensemble des acteurs travaillent de concert tout en prenant bien en compte que la notion même d’entrepreneuriat a évolué.

Quand on regarde dans les secteurs où la création d’entreprise est importante, l’Économie sociale et solidaire commence réellement à gagner sa place, une tendance de fond ?
Aujourd’hui, l’entreprise et l’économie en générale se doivent d’être, par définition, sociale et solidaire.

À la tête du VP Entrepreneuriat

Optimiser les mutations actuelles du monde de l’entreprise ! Objectif affiché du réseau VP Entrepreneuriat. Ce réseau national réunit plus de 50 vice-présidents d’université en charge de l’entrepreneuriat. Christophe Schmitt vient d’être réélu pour un deuxième mandat à la tête de ce réseau. En plus d’être une force de propositions pour la Conférence des présidents des universités en matière d’entrepreneuriat, ce réseau renforce les liens avec les territoires et favorise l’évolution des mentalités en matière d’entrepreneuriat.