Entreprises
L’entrepreneuriat en franchise décrypté à la CMA 57
L’entrepreneuriat en franchise demeure dynamique en France, s’appuyant sur plus de cinq décennies d’existence. En Moselle, nombre d'enseignes ont pignon sur rue et nous sont familières dans nos communes. Une conférence dédiée au sujet s’est déroulée récemment dans le cadre du Salon Go ! à Metz. L’occasion pour l’auditoire de la CMA 57 de mieux appréhender ce modèle économique qui répond à des normes bien précises, pas toujours complétement connues. Des orateurs témoins de qualité, un propos clair et passionné : ce temps d’échanges a répondu à bien des questions.
Elles sont omniprésentes dans les rues de nos villes. On les remarque en pressant le pas dans notre quotidien citadin ou en les utilisant comme clients. Elles, ce sont ces enseignes, paysage mosaïque de magasins et de boutiques, en franchise : équipement de la maison et de la personne, nettoyage, coiffure et esthétique, services aux personnes et aux entreprises, restauration rapide ou à thème, immobilier, voyages, hôtels, formation, services auto, bâtiment… Malgré une chute d’activité de 5 % en 2020, crise sanitaire oblige, le chiffre d’affaires généré par ce mode de commerce aux formes multiples a augmenté en 2021 de 7,7 % par rapport à l’année précédente, et de 1,2 % comparé à 2019, atteignant 68,8 Mds€. Les données de la Fédération française de la Franchise (FFF) notent donc un dépassement du CA de l’avant-crise.
Une croissance continue
Le nombre de points de vente franchisés, tous secteurs confondus, s’élevait à 79 134 unités en 2021, soit une progression de 1,4 % par rapport à 2020 (+ 1,2 % comparé à 2019). Cela pèse 795 441 emplois directs et indirects : + 15,4 % par rapport à 2020, + 2 % relativement à 2019). On le voit donc, dans ce panorama : la franchise reste un modèle dynamique, pertinent, ancré dans le décorum commercial hexagonal. Elle est bien sûr un moyen d’accès à l’entrepreneuriat pour pléthore de personnes. Entreprendre en franchise : c’était justement le sujet d’une conférence ces derniers jours, dans le cadre du Salon Go !, à Metz. L’amphithéâtre de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Moselle a accueilli un public venu se renseigner et écouter les intervenants du jour. Rose-Marie Moins, directrice du développement et de l’animation de la Fédération française de la Franchise, Marc Ciprian, dirigeant franchisé, et Sylvain Vançon, franchiseur, sont venus apporter leurs témoignages, distillant moult conseils précieux.
Rose-Marie Moins : «Travailler en franchise, c'est aimer être en réseau.»
Se poser les bonnes questions
Rose-Marie Moins débutait par cette nécessité : «Être son propre patron, créer son entreprise en franchise, c’est mesurer les conséquences sur sa vie personnelle et financière, aimer travailler en réseau, être conscient de sa capacité managériale. Car la franchise est avant tout un travail sous une même bannière, la duplication d’un modèle. La Fédération promeut une franchise éthique et déontologique.» La franchise se définit comme ce mode de collaboration entre deux entreprises indépendantes juridiquement et financièrement : le franchiseur et le franchisé. À différencier de la licence de marque ou de la concession. Pour une personne, c’est ici un moyen d’entreprendre plus rapidement, d’optimiser ses chances de réussite, en profitant de l’expérience, du savoir-faire et de la notoriété d’une enseigne. À retenir : le franchisé est propriétaire de son entreprise. Il bénéficie de l’assistance de son franchiseur, à chaque étape de son projet, de la création au développement et dans la gestion. Dans la démarche conduisant à pousser la porte de la franchise, Rose-Marie Moins invitait chacun à se poser les questions déterminantes avant d’emprunter ce chemin : «Activité installée et valeur sûre ? Innovante et originale ? Projet d’évolution ? Affinités avec le secteur, le concept, le franchiseur ?»
Deux exemples de réussites en franchise
Franchisé, c’est choisir une collaboration de réseau. Un stage de découverte est conseillé en amont. Si devenir membre de la FFF n’est pas une obligation, celle-ci ouvre néanmoins la voie à des précieuses formations : fonctionnement de l’écosystème franchise, organisation, cadre réglementaire, investissement, conseils pratiques… Car, au demeurant, il est primordial de s’engager en connaissance de cause. Quant à l’interrogation sur les coûts et l’investissement pour voler de ses propres ailes en franchise, si les situations peuvent varier, la moyenne estimée à charge du franchisé se situe dans une fourchette de 80 000 € à 1 M€, ceci comprenant droits d’entrée, royalties, redevance publicitaire. Un établissement prêteur, type bancaire, demande généralement 30 % d’apport personnel. Marc Ciprian et Sylvain Vançon ont rappelé, par leurs vécus, cette indispensable alchimie à trouver entre accompagnement, autonomie associée et maîtrise des risques. Le premier, après une carrière probante dans l’industrie pneumatique, a pris un virage professionnel dans sa carrière : «J’ai changé de vie», affirme-t-il. Il est aujourd’hui dirigeant franchisé de Dom & Vie, premier réseau national dédié à l’aménagement et la sécurisation des logements de seniors et de personnes à mobilité réduite. Un choix assumé, de cœur, l’intéressé ayant œuvré dans le réseau associatif y faisant mouvoir sa fibre sociale et son sens de l’humain. C’est donc une jonction logique entre deux carrières d’un même homme. Le second a travaillé durant presque une décennie en tant que chargé d’affaires professionnels et entreprises, directeur d’agence, dans de grandes succursales. «J'ai quitté le monde bancaire pour créer en 2013 ma société spécialisée dans le développement des commerces et plus spécialement dans la restauration rapide. J'apporte mon expertise dans les domaines de l'analyse financière, du développement commercial, des relations avec les partenaires bancaires et de la transmission." Dans le cadre de son activité, il a ouvert deux restaurants dans le domaine de la pizzeria sous la franchise La Pizza de Nico.
Aimer le contact et son métier
On le constate, au travers de ces deux trajectoires, un trait commun : le désir ardent d’accéder à un entrepreneuriat au travers duquel leur quête de sens prendrait corps. Ils ont tous deux trouvé leur Graal économique. Rose-Marie Moins poursuivait : «Le franchisé est l’ambassadeur de l’enseigne. Il s’engage à en respecter le concept, la stratégie commerciale, les normes, le savoir-faire. Une aide avant l’ouverture se matérialise par un soutien dans la recherche d’un emplacement, de solutions financières. Également dans l’aide à l’ouverture et dans l’assistance durant le contrat.» Ici, une relation de confiance se noue entre l’enseigne et le franchisé. Quant au cadre contractuel, justement, elle en dressait le portrait : «le DIP (Document d’Information Précontractuel) doit être reçu 20 jours minimum avant la signature du contrat. Lequel s’exerce sur une durée de 5 à 10 ans. Les conditions de renouvellement à l’issue de cette échéance, l’exclusivité d’approvisionnement ou celle sur une zone géographique sont des points à ne pas négliger.» Il faut savoir que 75 % des franchisés sont d’anciens salariés. Dont la moitié se dirigent vers d’autres secteurs dans leur choix de devenir franchisé. Dès lors, un leitmotiv s’impose, comme redit par Rose-Marie Moins, Sylvain Vançon et Marc Ciprian : «Pour être franchisé, il faut aimer les gens, le contact. Sinon, mieux vaut choisir une autre voie.» De conclure : «Il convient de choisir un franchiseur avec lequel on partage les mêmes valeurs et avoir, dès le départ, une vision précise du métier, être à l’aise avec ce dernier.» Au terme de cet exposé, un constat partagé : la franchise est un process à la portée de tous, à condition d’en jauger et d’en maîtriser tous les paramètres. Bien agencée, elle est un vecteur d’épanouissement professionnelle et personnel indéniable.
Pour aller plus loin :
www.franchise-fff.com
www.observatoiredelafranchise.fr
www.formation-franchise.com
Les tiercés de la franchise en France...
. Enseignes : équipement de la personne (18,32 %), alimentaire (11,1 %), restauration rapide (10,69 %).
. Franchisés : alimentaire (19,16 %), équipement de la personne (11,62 %), services auto (10,88 %).
. Chiffre d'affaires des franchisés : alimentaire (35,07 %), commerces (9,81 %), restauration rapide (9,30 %).