L'entrepreneuriat chevillé au corps

À 28 ans, Maxence Wyts est bien connu du paysage économique régional. Entrepreneur dans l’âme, le jeune villeneuvois est aux commandes, avec deux associés, de La Quincaillerie, une agence de communication à Villeneuve d’Ascq. En parallèle, ce travailleur acharné préside Génération Medef depuis 2020, club qui réunit 80 jeunes dirigeants. Rencontre avec ce passionné d'entrepreneuriat.

Maxence Wyts est dirigeant de la Quincaillerie et président de Génération Medef. © Lena Heleta
Maxence Wyts est dirigeant de la Quincaillerie et président de Génération Medef. © Lena Heleta

Maxence Wyts, vous avez fondé une webradio à seulement 15 ans. Un âge précoce pour entreprendre… D’où vient cette fibre entrepreneuriale ?

Je dirais qu’elle est liée à la fois à mon grand-père mais également à mon cursus scolaire. J’ai en effet monté une webradio à 15 ans, tout seul dans ma chambre. Puis on a fini à plus de 40 bénévoles partout en France. Deux ans plus tard, notre webradio intégrait le top 50 des 6 000 radios en France. C’est d’ailleurs dans le cadre de cette première aventure entrepreneuriale que j’ai rencontré mes actuels associés, Hugues Marchal et Louis Boulagnon.

Vous étiez encore étudiants lorsque vous avez fondé votre agence de communication. Racontez-nous comment est née la Quincaillerie ?

Nous étions en licence 3, on ne dormait pas beaucoup, ça c’est certain, mais le plus important c’était de s’épanouir ! On faisait une école mais la meilleure école, c’était notre quotidien. On recrutait nos premiers salariés, alors qu’on était encore sur les bancs de l’amphi. Puis notre année de césure a été un catalyseur avec la signature de notre premier bail commercial. Notre trio a toujours été ultra complémentaire autant sur les compétences que sur la manière de voir les choses. Louis a la casquette technique, Hugues la communication et le côté créatif, et moi toute la partie management, finances et commerce. On avait toutes les clés pour créer La Quincaillerie il y a 8 ans… nous sommes 25 aujourd’hui.

Comment parvenir à convaincre les banques à seulement 20 ans ?

Nous avons fondé la société avec 6 000€... La Quincaillerie a été rentable dès la première semaine. Aujourd’hui, le capital est entièrement détenu par nous trois. Nous n’avons pas eu besoin de banque ou d’investisseur pour créer l’entreprise. C’est un leurre de croire qu’il faut beaucoup d’argent pour monter une société. En France, on a peur de l’échec, ce n’est pas le bon mindset. Pourtant, l’erreur est source d’apprentissage. Nous n’avons pas eu peur, on s’était dit 'au pire, qu’est ce qu’on perd ?'. Nous n’avons jamais été salariés et n’avons jamais reçu une fiche de paie tous les trois. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir 30 ans de carrière grâce à ces 8 ans d’expérience !

"Nous n’avons jamais été salariés et n’avons jamais reçu une fiche de paie tous les trois". © Lena Heleta

La Quincaillerie bénéficie d’un rayonnement régional et désormais au-delà. Quel est votre cœur de métier et à qui votre entreprise s’adresse t-elle ?

Nous sommes une agence spécialisée en branding (image de marque). Nous faisons à la fois de la conception de sites web, logos, slogans, identité visuelle, et de la visibilité en ligne à travers des sites vitrines ou e-commerce. Notre siège se situe à Villeneuve d’Ascq mais nous sommes également dotés d’un bureau à Paris, épicentre du business. C’était indispensable d’être à Paris. Nous comptons 450 clients dans notre portefeuille et depuis trois ans, nous travaillons à l’international pour des acteurs au Royaume-Uni, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg ou encore en Espagne.

Vous avez récemment instauré la fameuse semaine de 4 jours. Etes-vous satisfait des premiers mois ?

Je crois beaucoup au modèle ! C’était avant tout une demande des collaborateurs en interne. Nous avons testé le concept pendant 6 mois, changé les rituels et tout le fonctionnement de la boîte. Résultat ? Nous sommes vraiment satisfaits du rendu en termes de productivité et de bien-être des collaborateurs. Deux équipes tournent, une du lundi au jeudi, une du mardi au vendredi. Par contre, avec mes deux associés, on fait plutôt la semaine de 7 jours (rires). En revanche, je ne crois pas au télétravail. Nos équipes travaillent 35h en 4 jours sur place, le télétravail ralentissait certaines prises de décision et certaines productions.

Quelles sont vos ambitions à la tête de La Quincaillerie ?

Multiplier par deux le nombre de collaborateurs à horizon 2030 tout en restant une entreprise à taille humaine. Nous affichons 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires avec une forte croissance. Pendant la pandémie, nous sommes passés de 400 000€ à 800 000€ puis de 800 à 1,2 M€. Nous rayonnons à l’échelle régionale et sommes identifiés en France. On voudrait être l’agence la plus attendue au nord de Paris, c’est l’objectif !

«L’impression d’avoir 30 ans de carrière en 8 ans de boîte»

Vous avez été propulsé à la tête de Génération Medef il y a quatre ans. Quelles sont concrètement vos attributions ?

J’ai intégré Génération Medef en septembre 2019. Puis j’ai pris la présidence en mars 2020, deux semaines avant le confinement. Le club a été fondé il y a 12 ans par Yann Orpin, l’actuel président du Medef Lille Métropole. C’était une excellente idée et novatrice car il n’y en avait pas en France, c’est le premier. Autant dans les incubateurs on se retrouve entre entrepreneurs mais il me manquait un tissu de rencontres entrepreneuriales. Le Medef y a largement contribué. Génération Medef est un club de jeunes dirigeants de moins de 40 ans, directement rattaché au Medef. Nous sommes 80 jeunes adhérents, parfois plus gros que certains Medef territoriaux. On réunit à la fois des cadres dirigeants et des entrepreneurs de toutes tailles d’entreprises et de tous secteurs d’activités. On a des start-up comme des acteurs de la métallurgie. Notre mission réelle, c’est de mettre un premier pied à l’étrier à l’engagement patronal, rompre l’isolement des dirigeants et partager nos enjeux.

À quelle fréquence vous vous retrouvez ?

Une à deux fois par mois soit à l’occasion de visites d’entreprises, de rencontres d’élus, d’afterwork et de cafés thématiques. En 2024, nous avons par exemple visité Vilogia, Decathlon Center, le Sénat, le Creps, l’Aéroport de Lille, Keolis, Alive ou encore organisé un déjeuner avec Gérard Mulliez.

L’image que l’on peut avoir du Medef, c’est souvent le dirigeant en costume-cravate d’un certain âge, comment Génération Medef contribue à changer cette perception ?

On vient rajeunir le Medef, secouer le mammouth ! (rires) L’idée est de convier des jeunes dans les événements clés du Medef et porter la voix des jeunes dirigeants. Nous travaillons également sur la parité. Nous comptons 30% de femmes, et cherchons 20% de plus : non pas pour les chiffres mais bien pour développer l’entrepreneuriat au féminin et sa contribution à la représentativité patronale. C’est en train de changer, le bateau a pris le bon cap !

Comment imaginez-vous la suite ?

Être toujours au service des entrepreneurs dans les Hauts-de-France. J’adore ce rôle ! Puis le territoire est passionnant, c’est un terreau fertile à l’entrepreneuriat. J’aime beaucoup le mindset dans le Nord, il y a une vraie entraide, tout le monde se connaît, c’est plus compliqué dans les autres régions pour l’avoir vu.

Que diriez-vous du moral des troupes actuel chez Génération Medef ?

Une confiance en l’avenir mais une faible visibilité tout de même… 

La quincaillerie est installée sur 650 m² dans une ancienne métallurgie à Villeneuve d’Ascq.© Lena Heleta