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L’emploi salarié en Moselle bien orienté en ce début 2022, des incertitudes demeurent

C’est une constante hexagonale, observée dans la majorité des territoires. À la fin d’année 2021, la reprise économique était là, avec des effectifs salariés au-dessus de leur niveau d’avant-crise. Depuis le début de cette année, cet élan tend à se confirmer. La Moselle fait ici figure de bonne élève en la matière. En termes d’embauches réalisées et à venir, le département est dynamique. Avec quelques particularismes.

L'an passé, la Moselle a créé près de 9 000 nouveaux emplois salariés. Le début 2022 est bien orienté.
L'an passé, la Moselle a créé près de 9 000 nouveaux emplois salariés. Le début 2022 est bien orienté.

Rouage essentiel dans notre paysage économique et entrepreneurial, l’Urssaf a une triple mission : assurer le financement de la protection sociale au quotidien, accompagner tous les employeurs et entrepreneurs au bénéfice du développement économique et social, garantir les droits sociaux et l’équité entre tous les acteurs économiques. Ce triumvirat regroupe une kyrielle de missions. L’Urssaf est aussi un indicateur d’expertise pour mesurer les conjonctures. Ces derniers jours, Christophe Franceschi, directeur de l’Urssaf Lorraine, et ses équipes ont dressé les bilans de l’emploi salarié en Lorraine. Tant à l’échelle du périmètre régional que de celui de la Moselle, les enseignements à tirer de ces statistiques permettent de regarder dans le rétroviseur et de se projeter plus en avant. Avec cette interrogation liée à la situation ukrainienne. Le conflit, débuté en février, aura invariablement des répercussions sur ces paramètres socio-économiques, mais à plus long terme. Ils ne sont pas mesurés ici.

La courbe exponentielle de l’intérim mosellan

Quant à l’évolution annuelle observée sur l’année 2021 en Lorraine des effectifs salariés, on note une augmentation de 3,3 % sur un an. Soit 17 060 postes créés. À la fin du 4e trimestre 2021, la région recensait 527 330 salariés. La Moselle affiche une progression de 3,8 %, avec nouveaux 8 920 salariés. Au 31 décembre 2021, le département comptait 245 490 salariés. En Lorraine, l’ensemble des secteurs d’activité, à l’exception de l’industrie, sont orientés à la hausse : l’intérim (5 570 créations nettes en un an, + 24,8 %), l’hébergement et la restauration (3 420, + 13 %), la construction (1 300, + 3 %), les services (5 450, + 2,4 %). Sur ces derniers, le visage multiforme met en exergue une progression du transport, de l’éducation, des activités de conseil, juridiques et d’ingénierie, la santé humaine, l’action sociale et l’hébergement médico-social. À noter, la reprise des emplois dans un secteur qui fut particulièrement impacté par la crise sanitaire : les arts et spectacles. Il gagne en douze mois 750 postes, soit un gain de + 13,8 %. Le commerce (de détail en particulier), lui aussi, sort la tête de l’eau, et recrée des emplois : 1 550, + 1,8 %). Seule, donc, l’industrie continue de perdre des emplois en Lorraine. Une érosion lente de moins 220 salariés (-0,2 %). Avec des données très contrastées selon les secteurs. Quand la métallurgie et la fabrication de matériel de transport connaissent une baisse importante (- 1 060 postes perdus), l’agroalimentaire progresse (+ 400). À la loupe mosellane, les voyants sont au vert. L’exceptionnel bond en avant de l’intérim dans le département en 2021 a un effet direct sur la croissance générale de l’emploi : 4 630 postes créés, + 43,1 % en un an. Les créations sont par ailleurs notables dans la construction (740), le commerce (740), l’hébergement et la restauration (1 430), les services (1 910). Ici aussi, l’industrie est en repli (- 530). En Lorraine, comme en Moselle, l’emploi salarié - six sur dix - est surreprésenté dans les services et l’industrie.

Un début 2022 encourageant…

Dès lors, comment le début 2022 a-t-elle été abordé sur le front de l’emploi ? L’Urssaf dispose ici d'un outil efficace pour en jauger l’impact : les déclarations d’embauche au 1er trimestre. Des mois de janvier, février et mars qui livrent de précieuses informations. Il ne s’agit pas ici de lire dans une boule de cristal ou dans le marc de café pour présumer ce que seront les semaines et mois à venir, mais de dégager de premiers enseignements. La Lorraine a enregistré lors de 1er trimestre 2022, 132 000 déclarations d’embauches. Une progression de 31 % sur un an et de 6 % par rapport au 1er trimestre 2019. Plusieurs secteurs tirent vers le haut l’ensemble du nombre de déclarations : la restauration, le commerce de détail, l’entreposage et les services auxiliaires aux transports. Entre le 1er trimestre 2019 et le 1er trimestre 2022, le poids des embauches en CDI en Lorraine est passé de 20 % à 24 %. Dans le même temps, celle des CDD de plus d’un mois, de 17 % à 18 %. Celle des CDD de moins d’un moins recule : de 63 % à 58 %. C’est en Moselle que le poids des déclarations en CDI est le plus important (28 %). Contre 19 % pour les CDD de plus d’un mois et 53 % pour les CDD de moins d’un moins.

Beaucoup de chantiers sur le front de l’emploi

Dans ce panorama dressé par l’Urssaf qui donne avec précision l’évolution des effectifs salariés en Lorraine et en Moselle au sortir de la crise sanitaire, il y a dans ce dynamisme observé sans doute un corollaire à faire avec le nombre d’entreprises créées ces derniers mois, avec des chiffres jamais atteints (10 000 en 2021 en Moselle). Avec prudence toutefois. Car, sur ce volet, on recense pléthore de micro-entreprises et de SCI. Génèrent-elles un réel emploi salarié ? Rien ne l’affirme. Les difficultés, même si elles semblent s’aplanir, de notre modèle social ne sont évaporées comme la neige au soleil : l’employabilité des jeunes et des seniors, l’adéquation entre le corpus des formations et les besoins des entreprises, la rencontre souvent différée entre offre et demande. Tant les statistiques du chômage que celles des intentions d’embauches, et contrats finalisés, sont encourageantes, demeurent tout de même à l’ordre du jour : l’atomisation des missions, nombre de temps partiels choisis ou imposés, une certaine forme de précarisation dans notre société. Bref, il y a encore du pain sur la planche pour solidifier et pérenniser le modèle du CDI à temps plein, même s’il reste majoritaire.  Depuis les années 2000, les embauches en CDD de très courte durée (moins d'un mois) ont fortement augmenté et la durée médiane des CDD s'est raccourcie. Entre une nécessaire flexibilité demandée par les entreprises et la durabilité du contrat de travail, voulu par le salarié, l’équation est souvent peu aisée à résoudre. Une frontière ténue, une crête d’équilibre fragile. Une chose est certaine, en amont de la création d’emploi, toutes les conditions doivent être réunies, de manière optimale, pour, que des sillons territoriaux, éclosent et perdurent les ambitions entrepreneuriales.

Favoriser le contrat de temps long
Le 1er septembre prochain entrera en vigueur le bonus-malus. Concrètement, les contributions d’assurance chômage des entreprises de certains secteurs pourront varier à la hausse ou à la baisse, en fonction du nombre d’anciens salariés qui s’inscrivent à Pôle emploi. Le but est de favoriser l’emploi en CDI ou CDD longs. Sont ici prises en compte toutes les ruptures de contrats (CDI, CDD, mission d’intérim), quel que soit le motif, à condition qu’elles aient donné lieu à une inscription à Pôle emploi. Sont exclues de ce champ les ruptures de contrats d'apprentissage, contrats d'insertion, ni des démissions. Les fins de missions d’intérim sont prises en compte pour le calcul du «taux de séparation» de l’entreprise utilisatrice et non de l’entreprise de travail temporaire.