L’Économie sociale et solidaire accélère sa structuration

À l’occasion du Village des solutions de demain, à l’hôtel du Département à Nancy le 8 novembre, la Région Grand Est et le Département de Meurthe-et-Moselle ont annoncé leur partenariat en faveur du modèle économique de l’ESS (Économie sociale et solidaire). Un fonds de 250 000 € va être mis en œuvre pour renforcer la structuration de ce modèle économique à part entière, source de solutions dans une conjoncture générale plus que mouvante.

© Emmanuel Varrier. Chaynesse Khirouni, présidente du Département de Meurthe-et-Moselle et Franck Leroy, président de la Région Grand Est, ont profité du Village des solutions de demain, début novembre à Nancy, pour présenter leur partenariat en faveur de l’ESS.
© Emmanuel Varrier. Chaynesse Khirouni, présidente du Département de Meurthe-et-Moselle et Franck Leroy, président de la Région Grand Est, ont profité du Village des solutions de demain, début novembre à Nancy, pour présenter leur partenariat en faveur de l’ESS.

ESS pour Économie sociale et solidaire ! Souvent méconnue, véhiculant des stéréotypes d’un autre temps, ce secteur «qui est une économie à part entière et non une économie à part», comme l’a de nouveau mentionné Chaynesse Khirouni, la présidente du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. C’était le 8 novembre dernier à l’occasion de l’ouverture du Village des solutions de demain, à l’hôtel du Département à Nancy. L’événement entrait dans le cadre du Mois de l’ESS, organisé un peu partout dans l’Hexagone histoire de mettre en avant ce modèle économique, encadré par la loi de juillet 2014 (loi Hamon). 

Cette loi définit le périmètre des entreprises de ce secteur. «L’ESS est un mode d’entreprendre et de développement économique adapté à tous les domaines de l’activité humaine auquel adhérent des personnes morales de droit privé qui remplissent les conditions cumulatives suivantes: un but poursuivi autre que le seul partage des bénéfices, une gouvernance démocratique définie et organisée par les statuts prévoyants l’information et la participation des associés, des salariés et des parties prenantes aux réalisations de l’entreprise», stipule l’article premier de cette loi. «Les bénéfices sont majoritairement consacrés à l’objectif du maintien ou du développement des activités de l’entreprise. Les réserves obligatoires constituées, impartageables ne peuvent pas être distribuées.» 

Un modèle aujourd’hui qui résonne dans un contexte conjoncturel où le spectre de la destruction de bon nombre d’entreprises de l’économie traditionnelle est plus que présent. «L’ESS incarne un potentiel puissant de transformation de la société à travers une économie démocratisée ancrée dans les territoires, orientée vers les besoins humains et plus respectueuse de l’environnement et de ses ressources naturelles», continue la présidente du Département de Meurthe-et-Moselle.

La Meurthe-et-Moselle en moteur

Le département s’affiche comme un des moteurs dans la région avec près de 3 000 établissements employeurs, plus de 30 000 salariés. «L’ESS représente plus de 11 % de l’emploi salarié dans le Grand Est, soit 215 000 personnes qui contribuent au quotidien au vivre ensemble et à la solidarité dans les territoires, tout en incitant à la coopération et à l’innovation», explique Franck Leroy, le président de la Région Grand Est. 

© GBERGER-CD54. Le Village des solutions de demain de Nancy a regroupé près de 80 exposants.

À l’occasion du Village des solutions de demain, l’exécutif régional et son homologue départemental ont profité de l’occasion pour officialiser leur partenariat au profit de l’ESS. «Nous sommes politiquement en phase sur les enjeux de l’ESS», assure Chaynesse Khirouni. «La Meurthe-et-Moselle est aujourd’hui le département le plus volontariste en la matière», continue Franck Leroy. Ce partenariat novateur s’inscrit dans le cadre du pacte entre la Région et le Département, signé à la mi-septembre au château de Lunéville. 

«La Région possède la compétence économique, le Département la compétence sociale. Ces deux volets sont le cœur même de l’ESS, notre union va permettre réellement de renforcer la structuration de l’ESS sur nos territoires», assurent les deux représentants des exécutifs. Un appel à projets commun, doté d’un fonds de 250 000 € (150 000 € de la Région Grand Est et 100 000 € du Département de Meurthe-et-Moselle), vient d’être annoncé au profit des structures de l’ESS de Meurthe-et-Moselle. 

Cet appel à projet va notamment permettre de révéler la grande diversité des champs investis par les structures de l’ESS à l’image des transitions économique, environnementale, démographique, la cohésion sociale et territoriale ou encore les dynamiques entrepreneuriales et l’économie de proximité en ruralité.

Partage de valeurs

«Nous ne sommes plus dans la simple présentation et valorisation mais réellement dans le concret avec des entreprises qui apportent des réponses aux grands enjeux sociétaux et environnementaux. Le tout dans un modèle économique plus vertueux, s’appuyant sur des logiques de solidarité, de coopération et de partage de valeur», constate Chaynesse Khirouni. 

Une donne bien présente dans la récente actualité régionale, à l’image de la reprise récente en Meuse de Bergère de France par ses salariés sous la formation d’une Scop (Société coopérative de production). 

«Nous ne sommes qu’au début du réel développement de l’ESS. Il faut faire sortir ce modèle économique de l’image perçue. Quand on voit l’importance que prend la notion d’économie circulaire sur nos territoires, l’ESS a toute sa place pour répondre à ces nouveaux défis», assure Franck Leroy. 

Le partenariat, quasi unique sur le champ de l’ESS mis en avant par la Région Grand Est et le Département de Meurthe-et-Moselle, pourrait faire des émules dans les autres départements de la région. Un exemple à suivre, c’est certain !

L’Udes tire la sonnette d’alarme

15 500 ! C’est le nombre d’emplois menacés dans le secteur de l’Économie sociale et solidaire à encore croire l’Udes (Union des employeurs sociale et solidaire). Raison de cette inquiétude : le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). «L’impact cumulé des coupes budgétaires pour l’ESS est estimé à 8,26 milliards d’euros, ce qui aura des répercussions directes sur l’emploi et les services de proximité », assure l’Udes. « Déjà sous-financé, le secteur devra absorber de nouvelles réductions drastiques qui pourraient toucher les travailleurs du quotidien et fragiliser les structures au services des plus vulnérables.»