L'économie japonaise s'est contractée plus qu'attendu au premier trimestre
L'économie japonaise s'est contractée plus qu'attendu au premier trimestre selon des données du gouvernement publiées jeudi, du fait notamment de scandales dans l'automobile et d'une consommation intérieure minée par...
L'économie japonaise s'est contractée plus qu'attendu au premier trimestre selon des données du gouvernement publiées jeudi, du fait notamment de scandales dans l'automobile et d'une consommation intérieure minée par l'inflation et la faiblesse du yen.
Le produit intérieur brut (PIB) du Japon entre janvier et mars a reculé de 0,5% comparé au trimestre précédent, alors que les économistes du consensus de l'agence Bloomberg tablaient sur un léger repli de 0,3%.
La croissance du PIB au quatrième trimestre 2023 a par ailleurs été révisée jeudi à 0% (+0,1% précédemment).
"L'économie japonaise est en mauvaise forme", a jugé Stefan Angrick dans une note de Moody's Analytics.
L'archipel "évite de justesse l'étiquette redoutée de +récession technique+ définie par deux baisses consécutives" du PIB. Mais "la nouvelle chute au premier trimestre 2024 montre que le Japon n'est pas non plus très loin de la récession", a-t-il ajouté.
Scandales dans l'automobile
L'économie japonaise a notamment pâti au premier trimestre des effets de scandales dans l'industrie automobile locale. Le constructeur Daihatsu, filiale du géant Toyota, a ainsi été obligé de suspendre toute sa production au Japon fin décembre, après la révélation de nombreuses irrégularités dans les tests de ses produits.
Ce groupe spécialisé dans les mini-véhicules avait repris progressivement sa production dans l'archipel à partir de février, et a annoncé le mois dernier un retour à la normale.
Cette affaire a fortement embarrassé sa maison mère, Toyota, très soucieuse de sa réputation au Japon, qui s'attend pour l'exercice 2024/25 à un léger repli de ses ventes mondiales en volume, notamment à cause du déclin attendu des ventes de Daihatsu dans l'archipel.
Ces problèmes de production ont notamment pesé sur les exportations de l'archipel (-5% au premier trimestre). Les investissements non-résidentiels des entreprises ont eux reflué de 0,8%.
L'archipel a aussi subi au premier trimestre les conséquences d'un séisme dévastateur survenu au Nouvel an au large de la péninsule de Noto, au centre de l'archipel, qui a fait plus de 240 morts et d'importants dégâts.
Consommation atone
Alors que ces facteurs ne devraient plus peser sur le PIB au deuxième trimestre, l'économie japonaise a également été fragilisée par le phénomène plus durable d'une consommation privée atone, qui a reculé de 0,7% sur la période janvier-mars.
Même si l'archipel accueille des nombres record de touristes étrangers, la consommation des ménages nippons, de nouveau en recul en mars pour le treizième mois d'affilée, souffre de l'effet combiné de l'inflation et de la faiblesse du yen, laquelle est accentuée par la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon (BoJ).
Le pays a été confronté pendant des décennies à une inflation quasi-inexistante voire à la déflation, mais la hausse des prix à la consommation dépasse les 2% depuis deux ans, tandis que les salaires réels (ajustés de l'inflation) sont en recul constant depuis avril 2022.
Cette situation pourrait cependant évoluer alors que les négociations salariales qui ont lieu chaque printemps au Japon devraient entraîner des augmentations de plus de 5% cette année, un record depuis plus de trente ans.
La BoJ, qui a entrepris une normalisation en douceur de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs en mars et devrait de nouveau relever ses taux d'ici la fin de l'année selon des analystes, pourrait hésiter face aux derniers chiffres, selon M. Angrick.
"Les dernières données du PIB sont des maux de tête supplémentaires" pour la BoJ, selon lui. Malgré les hausses de salaires attendues cette année, "nous mettons en garde contre les attentes d'un revirement immédiat, car il faudra du temps pour que les ménages récupèrent des pertes de revenus réels subies en 2022 et 2023".
L'analyste Taro Kimura de Bloomberg Economics croit néanmoins que le repli de l'économie nippone au premier trimestre "ne va pas dissuader la BoJ de normaliser sa politique" monétaire.
La banque centrale a relevé le mois dernier ses prévisions d'inflation, prévoyant une hausse des prix à la consommation (hors produits frais) de 2,8% sur l'exercice 2024/25 entamé le 1er avril, puis de 1,9% en 2025/26.
Elle a par ailleurs abaissé sa prévision de croissance économique pour le Japon en 2024/25 (à +0,8%), mais table toujours sur +1% pour 2025/26.
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