Prix départemental 2020 des métiers d’art
L’ébéniste récompensé pour sa ferronnerie
Antonin Bouchard a reçu le prix départemental 2020 des métiers d’art. Ebéniste en Saône-et-Loire, il a pourtant été félicité pour son travail de ferronnerie pour sa réalisation d’une couronne de lumière destinée au célèbre château du Clos-Lucé à Ambroise.
A 14 ans, Antonin Bouchard s’initie au travail du bois avec les outils de son arrière-grand-père. « J’ai été fasciné par les fibres, la matière et par la possibilité de lui donner des aspects différents mais aussi par celle de créer des choses » se souvient-il. Après un CAP d’ébénisterie et un passage par l’Ecole Boule pour y apprendre la marqueterie, il créé son propre atelier au château de Rougeon sur la commune de Bissey-sous-Cruchaud en 1985. Spécialiste de la Haute Epoque qui s’étend du Moyen-Age au début du XVIIe siècle, il réalise des restaurations avec de belles réalisations à son actif. « Je suis sollicité par des gens qui aiment les belles choses et qui ont les moyens de nous faire travailler » reconnait l’ébéniste. Gardant en mémoire les paroles de l’un de ses enseignants quand il n’était encore qu’un élève, il répète : « Je ne vous apprends pas un métier, je vous apprends à vous servir de vos mains. »
Du bois au fer
Fort de ses compétences manuelles, Antonin Bouchard a complété sa formation par de nombreux stages en ferronnerie. « C’est l’association bois et fer qui m’y a amené. »Contacté par le propriétaire du château du Clos Lucé, ancienne résidence de plaisance des rois de France avant d’héberger Léonard de Vinci jusqu’à sa mort en 1519, l’artisan d’art est chargé de réaliser plusieurs couronnes de lumière dont une destinée au grand escalier d’honneur de la demeure. « Je ne savais pas dans quoi je me lançais. Ce travail m’a demandé de la recherche. » Antonin Bouchard consacre plus de 500 heures à cette réalisation. Présentée au prix départemental des métiers d’art, l’œuvre a été récompensée. Le lauréat fier du résultat, s’en amuse cependant.«J’ai candidaté en tant qu’ébéniste, mais c’est mon travail de ferronnerie qui a été retenu alors que ce n’est pas ma partie au départ. »Le résultat mesure 16 mètres et pèse 20 kg et a nécessité 420 rivets pour le montage de la couronne. « Un banal morceau de fer devient, en le chauffant, en le frappant, en le perçant, en le tordant, en le ciselant, bref en changeant ses propriétés mécaniques ... devient plus beau. »
Créer à partir de l’ancien
Reproduction inspirée d’une pièce espagnole de la fin du XVe siècle et du début du XVIe, la couronne de lumière reste une création de l’artisan. « J’aime cette dimension créatrice à partir de copies de meubles anciens. C’est une possibilité de moderniser des meubles qui ont existé, en rabotant à la main par exemple. Ça donne une autre sensualité, une autre vibration au meuble. »Pour autant, l’ébéniste et ferronnier n’envisage pas de concevoir des meubles sortis de son imaginaire. « Je me suis essayé à la création, mais ça n’a pas abouti. Je ne suis pas fait pour créer des formes étranges pour une table » sourit Antonin Bouchard.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert