L’usine de Mormal devrait être mise en production en été 2018
Du côté de la forêt de Mormal, les installations de pompage, de traitement et de stockage de l’eau sont toujours en cours de réalisation. Elles font partie du dernier tronçon de «l’autoroute de l’eau» entre Pecquencourt et l’Avesnois.
Vue de la route : l’usine de pompage et de traitement située au sud-est de la forêt de Mormal. Le projet industriel a grignoté une partie du massif, côté Sassegnies.
Michel Dupont, directeur général adjoint de Noréade (la régie du SIDEN-SIAN basé à Wasquehal), tient, au passage, à le redire : les gros chantiers en cours au niveau de la forêt de Mormal n’ont pas pour but d’alimenter en eau la métropole lilloise.
Ces chantiers, ce sont de nouveaux forages, une usine et deux grosses citernes. M. Dupont explique : «Il s’agit, avant tout, de sécuriser l’alimentation en eau des usagers desservis par ce que l’on appelle ‘l’autoroute de l’eau’, un vaste chantier parti des Flandres dans les années 90, dont le dernier tronçon entre Pecquencourt et l’Avesnois se termine.» Il ajoute que l’eau présente sous le massif forestier a l’avantage d’être protégée de la pollution par les nitrates et d’autres produits chimiques d’origine agricole et qu’elle est donc également de meilleure qualité. La forêt domaniale de Mormal, gérée par l’ONF, plus grand massif du Nord – Pas-de-Calais, est souvent comparée à un château d’eau naturel. Le fait de contrôler son sous-sol représente donc un avantage économique certain pour l’opérateur de l’eau, tant pour réguler le débit que pour «couper» les eaux trop polluées. Rappelons que le SIDEN-SIAN est un syndicat mixte intercommunal qui bénéficie d’une délégation de service public pour la distribution et l’assainissement de l’eau.
Equipements à finir. De ce chantier, entre Douaisis et Avesnois, nous avons déjà parlé. Il avait été autorisé (le projet et les servitudes) par un arrêté préfectoral datant du 1er octobre 2012. Il y a eu notamment la pose de canalisations (enterrées) sur 75 km, dont environ 10 km dans les bois. Il reste maintenant à terminer les équipements associés, ceux qui vont permettre de pomper, de traiter et de stocker l’eau. M. Dupont en fait l’inventaire. D’abord, neuf nouveaux forages, en plus des quatre déjà existants, ont été réalisés dans la forêt et devraient être opérationnels à la fin 2017. Ensuite, au sud-est de la forêt domaniale, côté Sassegnies, l’usine de pompage et de traitement de l’eau, dont la construction a été lancée (en grignotant sur la forêt) en septembre 2015, devrait être terminée également en fin d’année. Enfin, côté Landrecies, toujours dans le massif, sur un ancien terrain militaire, ce sont deux «citernes» de 3 000 m3, situées sur un point élevé, qui doivent être achevées cet automne. Ce dernier site va passer du ministère de la Défense à celui de l’Agriculture.
Il note que si l’usine de pompage et de traitement de l’Avesnois n’est pas la seule du réseau Noréade, celle-là sera la seule à contrôler, en plus, la «turbidité» de l’eau, c’est-à-dire les matières en suspension dans l’eau. Ces gros travaux s’accompagnent d’opérations plus locales en vue d’améliorer la qualité des eaux (ce sont les ORQUE).
Echéancier et coûts. Selon M. Dupont, la période des travaux serait donc terminée à la fin de 2017. Suivra une période d’essais de quelques mois, qui devrait amener à une mise en production dans le courant de l’été 2018. À cette date, l’autoroute de l’eau, qui totalise quelque 200 km de tuyaux, sera achevée. Le coût initial du dernier tronçon a été annoncé à 50 millions d’euros, l’ensemble, entre les Flandres et l’Avesnois, étant évalué à 200 millions.
À quelle profondeur ? Ce gros chantier éveille des questions, dont celle-ci : le pompage de l’eau est-il une menace pour les arbres ? M. Dupont assure que les forages se font à 30 ou 40 mètres de profondeur, en dessous des eaux de surface qui profitent aux arbres et en dessous d’une couche imperméable. «Des piézomètres surveilleront le niveau des eaux», précise-t-il. L’absence de pluies est-elle malgré tout préoccupante ? M. Dupont explique qu’il n’y a pas, a priori, de risques de rupture dans l’approvisionnement, mais que l’actuel niveau bas de la nappe demandera une surveillance.
Qui sont les usagers ? Qui sont les consommateurs d’eau gérés par Noréade ? Dans ses documents de 2016, les volumes consommés atteignaient 36,9 millions de mètres cubes. L’entreprise les distinguait selon la nature des branchements : domestiques (72% du volume consommé), industriels (12%), agricoles (6%), vente d’eau en gros (6%), bâtiments communaux (2%) et administration (2%). Sans surprise, parmi les gros consommateurs individuels d’eau, on retrouve les industriels du lait et de sa transformation, ainsi qu’un célèbre fabricant américain de sodas.