L’innovation dans le transport
La nouveauté, surtout quand elle se met au service de la technologie, peut aussi être au service du développement durable. La démonstration vient d’en être faite au cours d’une présentation d’innovations diverses concernant trois modes de transports différents, à la salle du Logis du Roy, à Amiens.
Dans un contexte de pénurie annoncée du pétrole, la recherche essaie de trouver des alternatives aux moteurs traditionnels. De préférence, les technologies produites en France seront privilégiées, sachant qu’actuellement le plus gros de la fabrication vient des pays asiatiques. Les véhicules électriques sont concernés plus particulièrement ; ils contiennent environ 200 kg de batteries, qui sont paradoxalement moins performantes que celles d’un téléphone portable. Les chercheurs travaillent donc sur ce problème qu’ils espèrent résoudre dans les prochaines années. Dans le même temps, certains d’entre eux s’interrogent aussi sur l’opportunité de construire une batterie avec laquelle on pourrait parcourir 800 km sans s’arrêter. L’être humain ayant besoin de faire des pauses régulières, on se demande plutôt si on ne devrait pas construire, et développer, un réseau de bornes de rechargement. La réflexion porte également sur la co-modalité, ou l’utilisation successive de plusieurs moyens de transport. Cela éviterait notamment de se reporter sur la voiture comme unique alternative en cas d’incident de parcours. Toutefois, l’électrification est croissante sur tous les modes de transport et ne concerne pas que la traction. D’autres organes importants, comme la direction, les suspensions, ou encore les freins, bénéficient d’une assistance électrique.
Le transport ferroviaire
Pour le transport ferroviaire des voyageurs, on peut améliorer l’impact sur l’environnement en installant plus de sièges, en construisant des TGV sur deux niveaux, ou encore grâce à la motorisation répartie. Il est possible également d’améliorer la fiabilité des trains, comme des avions, en faisant de la maintenance préventive, appelée aussi prédictive. Des capteurs spécifiques sont en effet installés pour rappeler qu’il faut remplacer telle ou telle pièce à une période donnée. Il est question notamment d’adapter ce système pour les caténaires (les fils d’alimentation qui se trouvent au-dessus des voies de chemin de fer). On parle aussi d’optimiser l’embarquement des passagers (que le dernier se présente au maximum deux minutes avant le départ du train). Il y aurait ainsi moins de retard, et peut-être même plus de fréquence. Il y a aussi pour les transports urbains, outre l’affichage des horaires, celui du remplissage d’une rame de métro pour les grandes villes. Dans ce domaine, Railénium, situé en Nord-Pasde- Calais – Picardie, est le seul institut de recherche français, labellisé par l’Etat, à travailler sur l’avenir des infrastructures ferroviaires. Il tente d’en réduire les nuisances sur l’environnement, ce qui comprend les voies bien sûr, mais aussi les interactions avec le matériel roulant, la signalisation et les fameuses caténaires. Les recherches se font près du site d’Aerolia (Méaulte), dans le cadre du projet Cademce Industrie-Lab, et notamment par rapport à une vitesse aux environs de 600 km/h.
L’aéronautique
Au coeur d’une filière picarde de 3 000 personnes, le seul site d’Aerolia en concentre 1 400. Le trafic aérien, qui augmente de 4 à 5 % par an, pourrait bien doubler à l’horizon 2030, il y aurait alors 25 000 avions en permanence au-dessus de nos têtes dans le monde entier. Pour l’instant, l’activité aéronautique génère 2 % des gaz à effet de serre, mais elle pourrait bien passer à 2,8 % en 2030 avec cette prévision d’augmentation. On tente de la contenir avec l’utilisation des agrocarburants, mais aussi en agissant sur la consommation des avions eux-mêmes. Par exemple, pour l’Airbus A 380, elle est inférieure à 3 l pour 100 km par passager, à comparer à une personne seule au volant de sa voiture, généralement de 7 ou 8 l pour 100 km. De même, on agit sur la diminution de la masse de l’appareil, avec notamment l’utilisation de matériaux composites comme le carbone. Pour le futur A 350, on s’attend à un gain de 900 kg sur l’ensemble de la structure, ce qui fera gagner 175 t de carburant par an et par avion.