L’export une force pour les entreprises
En ces temps de mondialisation exacerbée, l’export deviendrait-il une priorité pour de plus en plus d’entreprises picardes? Pour les aider dans leurs démarches à l’international, des experts sont là.
Pour Anne-Sophie et Nicoals Haag, de la pâtisserie-chocolaterie Les Chocolats de Nicolas à Amiens un des objectifs pour 2016 est de décrocher des marchés à l’étranger. « Qui sait nous pourrions exporter nos produits dans quelques épiceries fines d’Europe par exemple. Nous avons eu le déclic lors des rencontres internationales organisées par la CCI Picardie et le conseil régional de Picardie et auxquelles nous avons participé à Beauvais. C’était en juin dernier », annoncent-ils. Comptez sur eux pour mettre en avant le made in Picardie. Le premier produit chocolat de Nicolas qui pourrait voyager sera Douceurs des Hortillons, une ganache lactée au miel des hortillons avec un cœur coulant. De quoi rendre fous nos voisins européens ! Ah l’Europe, un eldorado économique que connaissent sur le bout des doigts les experts picards du réseau Entreprise Europe Network (EEN).
EEN : des compétences au service des PME
Nombreuses sont les entreprises à avoir des projets en Europe. Elles veulent trouver de nouveaux clients, des partenaires commerciaux pour leurs produits et services. Le marché est très concurrentiel, il faut sans cesse rester en veille, accéder aux marchés, innover, protéger ses nouvelles technologies, développer des alliances avec d’autres PME européennes… Bref, il faut toujours avoir une longueur d’avance sur ses concurrents. Pour veiller à tout cela, CCI International Picardie offre les services du réseau Entreprise Europe (600 organisations de 54 pays). Karim Mahari, juriste expérimenté, aide les entreprises à sécuriser leurs opérations commerciales à l’international. Incollable sur toute la réglementation européenne, il accompagne aussi les PME picardes sur leur recherche de clients ou de fournisseurs comme la société d’architecture Vivarchy, à la Ferté-Milon dans l’Aisne, qui a pu trouver à Londres un logiciel performant d’écoconception architecturale pour ses clients.
Expertise et réseau
Émilie Marcelet, quant à elle, facilite les transferts transnationaux de technologies, ces liens entre entreprises innovantes et centres de recherche européens. « Pour cela il faut accompagner les entreprises et notamment sur la propriété intellectuelle (brevets, marques, dessins et modèles). Par exemple une PME picarde qui veut vendre en Europe ses produits pourra obtenir une marque communautaire », explique la conseillère innovation. Chaque année près de 200 entreprises sont accompagnées individuellement sur des projets à l’international ou d’innovation. Pour les entreprises qui innovent et orientées à l’international, le programme de financement Horizon 2020 est doté de 79 milliards d’euros pour la période de 2014-2020. Deux PME amiénoises ont réussi à monter leur projet européen avec l’aide d’Emilie Marcelet, Agrotecsol qui a reçu 40 000 euros de financement pour son prototype ATS- ECLO1 dans le programme d’agriculture de précision Smart AgriFood et la société Étoele spécialisée dans l’impression 3D qui a obtenu un premier financement de 18 000 euros pour concevoir un nouveau produit sur le programme FABulous.
Un Plan pour conquérir des marchés à l’international
De son côté le conseil régional de Picardie continue de miser sur le Plan régional d’internationalisation des entreprises, PRIE, qui vise à améliorer les performances à l’exportation, facteur clé de compétitivité. La région et ses partenaires ont pris l’engagement d’encourager les entreprises à se développer durablement à l’international. La région a d’abord lancé en décembre 2013 une vaste enquête auprès des entreprises exportatrices de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme. Près de 140 sociétés ont répondu. Cette enquête a été suivie d’ateliers thématiques dans le but de disposer d’un état des lieux du commerce extérieur en Picardie, de bien connaître les attentes des entreprises exportatrices picardes en matière de développement international ou encore de mettre en lumière les secteurs stratégiques d’exportation. Depuis, plusieurs actions ont été déclinées comme les journées pays. « Nous organisons par exemple jeudi 15 octobre une journée Japon/ Corée en collaboration avec Business France, ex-Ubifrance. Il s’agit pour les entreprises picardes intéressées de venir à la rencontre d’experts de ces pays afin d’obtenir des informations sur leurs marchés, leurs opportunités. Nous avons déjà proposé de précédentes rencontres concernant des pays comme Canada/ USA, Thaïlande/ Malaisie/I ndonésie ou encore le Brésil », détaille Anne Ferreira, viceprésidente au conseil régional chargée du développement économique et qui travaille avec l’ensemble des acteurs à l’international autour de la table et notamment BPI France, CCI Picardie, la Coface, les Douanes, la Direccte mais aussi l’université de Picardie Jules-Verne et ses pôles de recherche.
Et avec la grande région?
L’objectif du PRIE est véritablement d’être le plus concret possible et d’apporter de l’expertise comme ce fut le cas en juin dernier lors des rencontres de l’international organisées à Amiens à Mégacité. « Quarante experts de 26 pays étaient présents pour répondre aux questions très pragmatiques des dirigeants des 75 entreprises picardes présentes. Ce sont plus de 300 rendez-vous qui ont pu être pris. Des questions sur les financements bancaires, les aides de la Région ou de la CCI, sur les douanes, les implantations possibles…», illustre Anne Ferreira qui participait également en juin à une commission permanente du conseil régional durant laquelle fut présenté un rapport destiné à identifier des opérateurs experts pour de futurs investissements étrangers en Picardie.
C’est un volet important du PRIE : faire venir des entreprises en Picardie qui se développent au niveau national, européen et international. L’avenir du PRIE s’imaginera aussi du côté de la grande région Nord-Pas-de-Calais- Picardie. « Comment allons-nous travailler ensemble et faire évoluer nos dispositifs respectifs et rendre cohérentes nos actions face à l’international et répondre aux problématiques des entreprises. Le Nord avec sa veille et sa prospective et nous avec notre modèle de proximité pouvons faire de belles choses », reprend Anne Ferreira qui a vu également le nombre de Volontariat international en entreprise (VIE), passé de 47 à 69. Ajoutez à cela un renforcement du Contrat d’appui et de développement (CAD) des entreprises, qui vise aussi à soutenir les projets à l’international, et vous obtenez une vrai politique d’export pour les entreprises de Picardie…
La Picardie présente aussi dans les PECO et pays arabes
Totka Ternisien est madame Pays d’Europe centrale et orientale (PECO), Ex-URSS et Turquie. D’origine bulgare, la conseillère en développement international parle les langues slaves dont le russe couramment. Elle maîtrise aussi très bien la culture et civilisation de ces pays. Khaled Belhadrouf est lui conseiller en développement international sur l’ensemble du continent africain incluant le Maghreb. Sa stratégie en faveur de l’internationalisation des entreprises repose sur quatre axes: informer, se former, prospecter et exposer. Tout un programme de rendez-vous individualisés sur deux ou trois jours avec billets d’avion, transferts et hôtels, tout est prévu par le spécialiste. Un service haute couture qui s’apparente à de la conciergerie de luxe. « Nos cibles ont été très bien identifiées et nous avons été épaulés à chaque étape de notre déplacement au Cameroun avec un vrai suivi en aval. C’est vraiment une grande satisfaction de voir que vous êtes attendus dans le pays choisi et que nos interlocuteurs savent déjà tout de vous », confie Steve Gobeaut, directeur export de Boubiéla Moret, spécialiste de la manutention de vrac et de sacs à Saint-Quentin. Résultat de cette mission export: déjà une encamioneuse d’une valeur de 70 000 euros vendue à une société d’engrais de ce pays en forte croissance