L’ESS, enjeu de solidarité dans les territoires
Forte de ses 52 000 salariés dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, la MEL a décidé de lancer, dès 2014, l’appel à projets permanent «Entreprendre autrement». Nouvelles perspectives d’avenir, créations de structures sous des formes plus solidaires, l’ESS a le vent en poupe.
231 sollicitations enregistrées, plus de la moitié présentées au comité d’agrément de l’ESS, pour 60 soutiens accordés. Avec près de 700 000 € mobilisés depuis quatre ans, les porteurs de projet métropolitains témoignent de leur engouement pour ce secteur en plein développement. L’appel à projets «Entreprendre autrement» finance une vingtaine de projets par an, avec une subvention pouvant aller jusqu’à 20 000 €. Cette aide s’adresse aux associations, coopératives et entreprises commerciales ayant l’agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale). «Avec une croissance de 23% en dix ans, l’économie sociale et solidaire est un secteur d’avenir non négligeable. Elle est aussi importante que les filières d’excellence», a rappelé Damien Castelain, président de la MEL. L’envie d’entreprendre autrement, mais aussi le besoin de porter un projet avec des valeurs sociales et sociétales sont autant de moteurs recherchés par les entrepreneurs. Production et services, énergie, commerce, numérique, culture… les domaines d’application sont aussi variés que dans l’économie dite classique. Mais avec une pointe d’utilité sociale. Comme en témoignent la création de la coopérative petite enfance Méli-Mélo, une crèche multi-accueil petite enfance dans le quartier des Bois-Blancs à Lille ; celle de VITAME, un service d’aide à domicile pour les personnes âgées touchées par la dépendance ; d’Arcadis et du projet Fibr&Co, un atelier de fabrication de meubles et objets de décoration à partir de matériaux de récupération ; ou encore Pink Up, un salon de beauté solidaire pour les femmes en réinsertion professionnelle.
«L’économie sociale et solidaire est aussi importante que les filières d’excellence»
Répondre aux besoins du territoire
«Il nous manquait des finances et du réseau pour passer à la vitesse supérieure. La dotation de la MEL nous a notamment permis d’ajouter un camion», explique Guillaume Brabant, cogérant de VITAME, qui emploie aujourd’hui plus de 50 équivalents temps plein. Même son de cloche pour Agnès Hadouche, chargée de projets au sein de l’association Pink Up : «L’accompagnement social est basé sur l’estime et la confiance en soi. Le bien-être vient en complémentarité de l’action sociale.» Dans ce salon de beauté social du quartier de Wazemmes, les 120 adhérentes bénéficient de coaching, de séances de relooking et bien entendu de coiffure. Lucien Petit, à l’initiative de Cliss XXI, un établissement proposant des services informatiques en logiciels libres, notamment pour les structures associatives, a fait de l’ESS son cheval de bataille depuis de nombreuses années : «L’ESS a aussi une efficacité économique, mais elle est différente des entreprises de capitaux.»
300 000 € de subventions pour 2018
Désireuse de soutenir davantage de projets, la MEL, en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations, a décidé de rallonger l’enveloppe dédiée à cet appel à projets en passant à 300 000 € pour 2018 (150 000 € provenant de la MEL, 150 000 € de la CDC). «La difficulté pour les entreprises de l’ESS, c’est l’amorçage, le changement d’échelle. C’est un réel enjeu de solidarité dans les territoires», a précisé Christophe Itier, haut-commissaire à l’Economie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale, qui avait fait le déplacement à Lille. Il a également rappelé qu’un milliard d’euros sera mobilisé pour le développement du secteur pour les cinq prochaines années. La MEL est d’ailleurs un bon exemple de ce déploiement de l’ESS puisque le territoire représente 10% des emplois nationaux.
#FrenchIMPACT, dispositif national pour booster l’innovation sociale
Inspiré de la FrenchTech, l’initiative French Impact a été lancée en janvier dernier, en complément de l’accélérateur national d’innovation sociale, ce nouvel outil de soutien et d’encouragement aux innovations dans les territoires. Recyclage, éducation, emploi, petite enfance, sport et santé… autant de domaines dans lesquels Christophe Itier espère fédérer une communauté d’acteurs via la plateforme digitale French Impact pour soutenir l’écosystème, favoriser la simplification administrative, etc. Au total, un milliard d’euros de financements publics et privés mobilisés en cinq ans. Le premier appel à projet «Pionniers French Impact» a été lancé en janvier dernier, la quinzaine d’entreprises de l’ESS sélectionnées seront connues courant avril.