L’EDHEC s’internationalise mais garde son ancrage local
Chaque année, 3 000 étudiants sillonnent quotidiennement les nombreux couloirs du campus de Lille, sans compter ceux qui viennent y suivre une formation continue. L’EDHEC poursuit toujours son extension à l’international tout en restant un acteur local impliqué.
Le vaste programme immobilier, initié en 2005, vient de s’achever. Installation il y a trois ans à Lille – d’un investissement de 70 M€ –, agrandissement à Nice (30 M€) et implantation à Londres et Singapour, la business school régionale poursuit son ascension vers l’international, un vœu cher à Olivier Oger et ses équipes. Le directeur général a profité de la présentation de la nouvelle directrice de l’ESPEME, Michelle Botha, pour faire un point de rentrée.
Montée en puissance des partenariats. L’EDHEC a mis en place trois partenariats avec des institutions régionales : d’abord avec l’Ecole centrale de Lille, en proposant une double formation d’ingénieur-manager. «Les élèves effectuent deux années de formation à l’EDHEC, puis deux ans à Centrale et obtiennent un double diplôme», précise Olivier Oger. Ensuite, avec l’ESJ de Lille depuis cette rentrée. Spécifique à l’EDHEC, un «certificat de communication» sera délivré aux jeunes diplômés. «Nous avons pour logique de ne pas inventer ce qui existe localement. On préfère qu’en journalisme, nos élèves soient formés à l’ESJ plutôt que chez nous», concède le directeur général. Et enfin, un programme commun avec la faculté libre de droit de l’Université catholique de Lille a été initié. Toujours dans sa quête de reconnaissance à l’international, la business school s’est aussi tournée vers Yale et Princeton. En janvier 2014, un programme en finance sera lancé avec un groupe d’étudiants à Yale et un autre à Londres. «Il y aura également des échanges de professeurs et d’étudiants entre Princeton et nos campus. Chaque année, nous organisons une conférence commune à New York pour présenter les résultats d’études en finance devant 200 dirigeants de l’industrie financière new-yorkaise», détaille Olivier Oger. Quant à l’université de Stanford, qui a déjà un pied dans la région avec le séminaire Stanford-Lille Innovation & Entrepreneurship Program d’EuraTechnologies, des étudiants y suivront un séminaire sur l’entrepreneuriat. «Nous prenons un angle transversal. Il y a de nombreux sujets sur lesquels étudiants et professeurs doivent être sensibilisés», poursuit Olivier Oger. D’où le lancement il y a un an du «Strategic Retail Management», un enseignement sur les nouveaux modes de distribution des produits. Interdisciplinaire, ce cours se base sur des cas concrets d’entreprise non résolus du Nord (Leroy Merlin, Bonduelle) et de l’international (StarBucks et Uniqlo).
Croissance en flèche. «L’EDHEC a su changer d’échelle en dix ans. Entre 2003 et 2013, notre budget est passé de 25 M€ à 85 M€, notre croissance a grimpé de 300% en dix ans et le nombre d’étudiants a doublé. Plus notre recherche sera utile et pertinente aux entreprises, plus on aura de retours. L’EDHEC ne sera pas crédible à Lille si on ne forme pas nos étudiants aux problématiques des entreprises de la région.» Rappelons que sur les 85 M€ de budget, 13 millions sont alloués à la recherche, dont 7 sont sponsorisés par le tissu entrepreneurial.
Plan stratégique 2020. «International, toute !». Faire de l’EDHEC une institution reconnue dans le monde est un des projets les plus chers d’Olivier Oger. Mais tout en gardant ses spécificités régionales, tout aussi chères ! «Nous n’allons pas renier nos forces mais nous avons l’ambition que notre marque devienne une des vingt meilleures dans le monde. Nous aurions pu installer nos formations continues à Paris, mais c’est notre choix d’être ici.» Une stratégie d’expansion déjà initiée ces dernières années avec un recrutement intense de professeurs (dix en 2013) et de nouveaux dirigeants, comme Michelle Botha qui a rejoint la direction de l’ESPEME, et René Garcia qui prend la direction EDHEC Grande Ecole et MSc.
Une arme anti-crise ? Très présente aussi sur la formation continue, l’EDHEC propose deux programmes à temps partiel d’Executive MBA et un cycle supérieur de management (CSM), avec respectivement 60 et 52 participants en 2013. «Ces diplômes sont une arme anti-crise. Les dirigeants ont besoin de se donner des armes pour travailler plus longtemps. A 40 ans, une carrière est loin d’être terminée»? analyse Benoît Arnaud, directeur EDHEC Management Institute et du Family Business Center. Lancé en 2012 dans le but d’apporter des solutions propres aux entreprises familiales, ce centre de formation pour les entreprises familiales est un vrai succès ! Logique quand on sait qu’un quart des ETI de la région sont familiales (sur les 77 ETI, 16 ont plus de 100 ans d’existence !) Plus de 100 dirigeants ont assisté aux conférences en 2013. Autres nouveautés également : le lancement d’un premier module sur l’Eurorégion (une partie du programme se déroule à Lille, l’autre à Bruxelles), ainsi qu’un module sur l’entrepreneuriat dans le MBA, en partenariat avec Réseau Entreprendre Nord. Changer de taille sans perdre son âme, c’est finalement l’état d’esprit dans lequel l’EDHEC s’est toujours inscrite.