L’Ecopôle alimentaire fait rayonner la région rurale d’Audruicq
Situé entre Calais et Boulogne-sur-Mer, ce site atypique propose un nouveau modèle agricole. Il prouve ainsi que l’alimentation peut créer de l’emploi et dynamiser un territoire rural. Il termine actuellement sa dernière phase de travaux.
C’est au départ une ancienne ferme rachetée par la communauté de communes d’Audruicq. L’objectif était de repenser la production et la consommation locale, pour développer le bien-vivre alimentaire. Aujourd’hui, 4 hectares sont exploités (bientôt 11) sur un site où cohabitent plusieurs pôles d’activités. Il accueille les Anges Gardins du Réseau Cocagne, une entreprise d’insertion via le maraîchage biologique, et Terre d’Opale, association de 15 producteurs locaux. Ensemble, ils réalisent des paniers de légumes bio, vendus toutes les semaines localement à 150 abonnés. Un atelier de transformation de légumes a été installé il y a trois ans, pour préparer des soupes, des frites et autres plats préparés vendus à la restauration collective. Outre la production et la structuration d’une filière de de proximité, l’Ecopôle a vocation à faire découvrir le bien-être alimentaire avec des formations d’ambassadeurs du bien-vivre alimentaire, des ateliers de cuisine et de jardinage. Une compagnie, le Théâtre de l’Ordinaire, en résidence sur le secteur, prépare un spectacle pour 2019 intitulé Sur la route des épices. Enfin, une exposition sur le pain y est installée.
Créateur d’emplois
L’Ecopôle fonctionne depuis 2011, et 55 emplois – 35 en insertion et 20 permanents – ont été créés. C’est un investissement de 2,5 millions d’euros, financé en partie par l’Etat, la Région et le Département. Frédéric Huchette est responsable du projet au sein de la communauté de communes de la Région d’Audruicq : «Ça apporte une énergie, une ouverture, un dynamisme, un rayonnement et une visibilité au-delà des frontières d’Audruicq. Le site s’est même dupliqué à Loos-en-Gohelle, avec l’Archipel nourricier.» Il a obtenu une reconnaissance nationale, en devenant «Pôle territorial de coopération économique» en 2015. Le site est actuellement suivi par l’économiste Christian du Tertres, spécialiste des questions de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération.
Une intuition locale
Le projet est né, il y a dix ans, de la rencontre entre Dominique Hays, fondateur des Anges Gardins et président de Réseau Cocagne, et Frédéric Huchette : «Nous avons eu l’intuition politique qu’il pouvait se passer quelque chose sur la question alimentaire. Et le projet s’est concrétisé avec l’achat de cette ferme.» Le foncier et les bâtiments appartiennent à la collectivité, et des conventions sont signées avec les occupants associatifs. À terme, ils espèrent pouvoir être rejoints par d’autres partenaires de la transition écologique comme un fablab, un repair-café ou Uniscité, association de service civique. Pour Dominique Hays, devenu directeur de l’Ecopôle alimentaire, ce projet symbolise l’économie de la fonctionnalité : «Il s’agit à chaque fois d’interroger le besoin avant de se procurer les biens. Avec cet Ecopôle, on met l’alimentation au cœur du modèle économique. Cela permet ensuite de créer des emplois dont les gens ont besoin, et d’avoir un impact positif sur l’environnement.» Une manière également de montrer que de nombreuses solutions de transition écologique sont à inventer dans les territoires. Et pour ceux qui s’interrogent sur les clés du succès d’un tel projet, Dominique Hays précise qu’il n’y a pas de nombre idéal d’hectares à exploiter ou de personnes à embaucher : «La réussite de ce site de relocalisation alimentaire dépend des partenariats économiques locaux et de l’animation locale. Chaque territoire doit trouver la taille optimale de son site.»