L’économie de la fonctionnalité : une piste pour demain
L’économie de la fonctionnalité propose un nouveau modèle à l’échelle sociétale, initié par le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) du Nord-Pas-de-Calais. Il est expérimenté par 22 entreprises régionales. Des précurseurs ?
«L’économie de la fonctionnalité vise à remplacer la vente d’un bien par celui de l’usage de ce bien», explique Didier Dumont, président du CJD. Il en donne un exemple concret, issu de son expérience : «Mes clients m’appellent en disant qu’ils veulent changer leur chaudière. Je leur réponds en leur demandant s’ils veulent une chaudière ou s’ils veulent tout simplement se chauffer. La chaudière, c’est le bien, le chauffage, c’est l’usage», précise le président du CJD Nord-Pas-de-Calais. «Ce qu’ils veulent en fait, c’est une solution qui leur garantit une température de 20°C toute l’année, avec une consommation énergétique basse. Donc, finalement peu importe le ou les produits, mais la finalité. Elle peut passer par plusieurs possibilités pour aboutir au résultat voulu : une meilleure isolation de la maison, le changement des fenêtres, l’installation d’une nouvelle chaudière, une meilleure maintenance de l’ancienne, etc.», continue-t-il. On passe donc de la vente de bien à celle de services, mais aussi à celle des solutions intégrées. Il cite aussi Michelin, qui a déjà mis en place l’économie de la fonctionnalité : «Les pneus des camions ne sont plus achetés neufs mais payés en fonction des kilomètres parcourus. Cela implique des nouveaux services : la formation des chauffeurs, un suivi plus poussé du kilométrage, une maintenance et la récupération des pneus en fin de vie.»
Un système gagnant pour l’entreprise, le client et la société. Les conséquences sont multiples. Sur l’environnement d’abord, avec une diminution des déchets et une économie de ressources naturelles. Sur les relations clients, avec des charges fixes variabilisées pour eux. Sur l’emploi, avec le développement de nouvelles compétences liées aux services et non plus à la production. «C’est un système gagnant pour l’entreprise, pour le client et pour la société», commente Didier Dumont qui a intégré la démarche au sein de son entreprise depuis déjà 2004.
Aujourd’hui, elles sont 22 autres PME (de 1 à 400 personnes) de la région à croire en ce nouveau modèle et à essayer de l’appliquer concrètement à leur business depuis un an. L’expérimentation voulue par le CJD a séduit la Région et le réseau Alliances qui se sont associés au projet. Le programme a été monté en partenariat avec eux. Les séances de travail sont nombreuses et intenses. Mais les 22 entreprises sont toujours là. «C’est la preuve qu’elles voient là un moyen de changement qui a du sens», indique le président, qui annonce la fin de l’obsolescence programmée et pense pouvoir proposer des pistes «très sérieuses» pour amorcer des modèles d’économie de la fonctionnalité fin 2013 dans la région.