L’avenir du textile passe par le médical

Les premiers résultats d’un programme de coopération transfrontalière des filières santé/textile, Dimetex, a été rendu public le 11 décembre dernier. Avec des objectifs largement atteints et un avenir plutôt radieux.

La société belge Varodem a développé des protections de mains, pieds et jambes cicatrisants ou antibactériens.
La société belge Varodem a développé des protections de mains, pieds et jambes cicatrisants ou antibactériens.

Textile et santé se tricotent visiblement bien ensemble. Le segment médical est l’un des marchés à fort potentiel de développement pour les producteurs de textile technique : il représente 16% du marché global, soit un volume de 2,380 milliers de tonnes par an, avec un taux de croissance à deux chiffres depuis 2008. Une vague sur laquelle le programme transfrontalier Dimetex (1, 15 millions € de budget sur la période 2008-2013) a su largement surfer.

D.R.

Les partenaires du projet Dimetex étaient nombreux lors de la présentation des premiers résultats aux CETI, le 11 décembre dernier.

La construction d’un cluster bio-textile

L’objectif principal était de créer un cluster bio-textile européen. Mission accomplie par les porteurs du programme, Up-Tex, Eurasanté, le CETI, Centexbel ( Belgique), avec visiblement un plaisir de travailler ensemble largement exprimé par tous, et le désir de continuer cette collaboration au-delà du programme les prochaines années.  

Le premier objectif était de cartographier les entreprises et partenaires compétents  sur la filière textile- santé, des deux côtés de la frontière : 350 acteurs ont été répertoriés ( 111 en Wallonie, 158 en NPDC, 70 hors zone), aussi bien des entreprises de haut niveau comme Cousin Biotech et MacoPharma , que des chercheurs, des cliniciens et des scientifiques. Les informations recueillies et leur exploitation ont permis de monter un programme de recherche autour de trois thématiques à fort potentiel de développement : les produits pour la culture et la filtration biologique, les implants et les orthèses (aides techniques comme des semelles par exemple), les textiles médicaux soignants et pour l’hygiène.

Les produits pour la culture et la filtration biologique. Avec l’essor de la biologie cellulaire, les biotechnologies sont en pleine effervescence. Les membranes de filtration et les supports de culture cellulaire ont de beaux jours devant eux, dont les textiliens techniques peuvent largement profiter. A l’issue de deux études de marché, quatre ateliers composés de 36 industriels, 49 chercheurs et 6 cliniciens ont été organisé. Ils ont donné naissance à deux projets, dont la start-up Nanosurg. « Il s’agit de valves spécifiques, à placer dans le cœur ou les artères pour éviter les maladies cardiaques vasculaires », explique Thomas Modine, chirurgien cardiaque au CHRU de Lille et responsable du projet, très enthousiaste.

Les implants et les orthèses. Remplacer des fonctions d’organe, renforcer les interactions implant/biosystème, prévenir les infections, empêcher les adhérences, etc. : les tâches demandées aux dispositifs médicaux utilisés dans toutes les disciplines médicales sont vastes. Avec sa souplesse et sa possibilité de contenir et libérer des principes actifs ou des cellules vivantes, les textiles sont une voie qui compte dans le développement de ce marché. Deux ateliers composés de 11 industriels, 6 chercheurs et 5 cliniciens ont été organisé, donnant naissance à sept projets. Pour les dirigeants de Dylco, une PME du Caudrésis qui réalise du tricot pour des marchés de plus en plus techniques, ces ateliers ont été « l’occasion unique d’aborder le marché de la santé et de croiser les compétences », témoigne Xavier Thierry, dirigeant de Dylco.

D.R.

La société belge Varodem a développé des protections de mains, pieds et jambes cicatrisants ou antibactériens.

Les textiles médicaux soignants et pour l’hygiène. Pansements et bandages représentent des parts très importantes sur le marché des produits médicaux et sont en pleines évolutions : les premiers parce qu’on leur demande d’être de plus en plus fonctionnels ; les seconds parce que la population vieillit et qu’elle a besoin de bandages compressifs  innovants pour les ulcères veineux. Une étude de marché a été réalisée, suivie de deux ateliers composés de 55 industriels, 13 chercheurs et 4 cliniciens, qui ont donné naissance à sept projets, dont une start up belge, Skinoo. Sa dirigeante, Jasmine de Wulf, a inventé un anneau anti-crevasses pour les seins des femmes allaitantes. Une première mondiale, qui lui a déjà valu un prix de l’entreprenariat pour le meilleur projet 2012 en santé et bien-être en Belgique.

« Les choses avancent quand on travaille ensemble. Dimitex est un bon exemple d’animation de réseau sur la filière santé et le textile », résume Julien Payen, responsable Projet Up-tex, responsable commercial du CETI et du projet Dimetex.