L’alternance, une alternative porteuse d'espoir pour les jeunes et les entreprises

Les «Pépites de l'alternance» mettront en lumière dix entreprises régionales, en septembre prochain, pour avoir emprunté la voie de l’apprentissage, éducative et constructive. Cette 3e édition a pour but de promouvoir l’alternance auprès des jeunes et des PME, en recherche constante de compétences.

Philippe Vavasseur, directeur emploi Nord-Ouest EDF, promu président du jury 2013, accompagné de Coralie, l’une de ses apprentis, lors de la présentation des « Pépites de l'alternance ».
Philippe Vavasseur, directeur emploi Nord-Ouest EDF, promu président du jury 2013, accompagné de Coralie, l’une de ses apprentis, lors de la présentation des « Pépites de l'alternance ».
D.R.

Philippe Vavasseur, directeur emploi Nord-Ouest EDF, promu président du jury 2013, accompagné de Coralie, l’une de ses apprentis, lors de la présentation des «Pépites de l'alternance».

Souvent réduite à une voie de garage ou projetée sur les bancs de la seconde chance, l’alternance n’a pas toujours connu des heures de gloire auprès de nos chères têtes blondes et de leurs parents. «L’alternance a la peau dure alors que c’est un dispositif d’excellence qui relève de l’intérêt du monde économique», proclame Jean-Marie Gros, président de la commission emploi/formation de la CCI Nord de France, à l’occasion du lancement de la 3e édition des «Pépites de l’alternance», le 11 mars dernier. Et de poursuivre : “Le Nord-Pas-de-Calais accompagne vraiment cette démarche. La région est d’ailleurs le berceau de cette manifestation, désormais déployée sur le territoire national.”

Un système gagnant-gagnant. Auparavant nommée les “Trophées de l’alternance”, cette distinction, organisée par la CCI Grand-Lille et le MEDEF Nord-Pas-de-Calais, vise à récompenser les entreprises novatrices en la matière et à honorer l’apprentissage, historiquement centenaire, qui trace peu à peu sa route à travers le système éducatif et national. Etant une alternative aux formations initiales perçues parfois comme fastidieuses pour certains, ce dispositif marie plusieurs intérêts : préparer les futurs salariés aux méandres du monde de l’entreprise et aux métiers de demain, renouveler les compétences pour les départs en retraite imminents, donner à la jeunesse la possibilité de quitter ses œillères pour comprendre le marché du travail et lui donner envie d’entreprendre, et permettre aux moins bien lotis de gagner leur pain et de payer leurs études.
Davantage plébiscitée, l’alternance devient avant tout un choix et non plus une obligation dans le parcours d’un jeune, comme l’affirme Coralie qui a trouvé sa place en septembre dernier chez ERDF Lille. “L’école ne me correspondait pas. J’ai opté pour l’alternance qui me permet de réaliser des stages intéressants. Puis, lorsqu’on regarde les offres d’emploi, l’expérience est toujours requise. On l’acquiert justement par ce biais. Et certains de mes camarades qui ont suivi un parcours initial sont toujours en recherche d’emploi.” Le recruteur de la jeune femme, Philippe Vavasseur, directeur emploi Nord-Ouest EDF, endosse justement la casquette de président du jury 2013. Victorieux de la 1re édition des Trophées, il insiste sur les bénéfices d’une participation active de la part des PME. “Les petites et les grandes entreprises ont intérêt à concourir pour capter les bonnes pratiques et améliorer leurs processus. Le groupe EDF se dote actuellement de 6 200 alternants, ce qui représente un taux de 6% contrairement à l’obligation légale qui est de 5%.” Ce grand compte, plutôt bon élève, bénéficie donc de bonus et échappe à une pluie de malus. “L’alternance est une chance. Puis, d’ici cinq ans, en France nous allons devoir faire face à un pic de renouvellement des compétences : plus de 50% des postes pourvus”, poursuit-il.

Des dispositifs en place pour favoriser l’apprentissage. L’alternance est un vivier de talents et d’espérance, tant pour les étudiants (de BTS en écoles d’ingénieurs) que pour les recruteurs. Faut -il encore que ces derniers puissent accueillir les candidats dans un environnement favorable. L’accompagnement est tout aussi essentiel. Si les grandes entreprises ont été généralement bien rodées sur ce dispositif, en partenariat avec des écoles de tous secteurs (par exemple 50% des écoles d’ingénieurs sont ouvertes à l’apprentissage), ce n’est pas toujours le cas des petites PME, qui souffrent d’être à la traîne alors qu’il s’agit d’un véritable engagement. “C’est un investissement pour les tuteurs. L’apprentissage leur prend 20% de leur temps de travail. Ce n’est pas anodin”, souligne le représentant de la commission. Un investissement qui, en outre, garantit dans 80% des cas un emploi à la clé et conduit à une voie d’excellence.
Mais, afin d’ancrer une bonne image de l’alternance et d’être force de persuasion, l’Etat et le système éducatif doivent redoubler d’efforts. “Il existe trois temps forts pour le développement de l’apprentissage : une convention reconduite avec les acteurs de l’apprentissage et de l’emploi qui doivent poursuivre une action de mobilisation, la mise en place du contrat de génération ainsi qu’une réforme de la collecte et de la répartition de la taxe qui est en cours de réflexion. Ces grandes orientations trouveront une phase concrète dans un projet de loi, présenté au Conseil des ministres fin juin”, explique Cristel Blanc, chargée de mission apprentissage au conseil régional Nord-Pas-de-Calais.

30 000 jeunes en alternance. La région, réservoir de 100 000 entreprises, a donc du potentiel et fait preuve de dynamisme, avec 30 000 jeunes en alternance issus de 34 CFA et de 236 sites de formation. L’année passée, 14 000 contrats d’apprentissage et 11 400 contrats de professionnalisation ont été signés, gages d’un marché porteur. Sans compter que la voie de l’alternance, placée cette année sous le signe de l’industrie, concerne vraiment toutes les filières, dont celle de l’enseignement supérieur. Formasup est le 1er centre régional de formation des apprentis dédié à ce secteur. “Aujourd’hui, nous comptons 3 534 apprentis et 9 022 diplômés. Depuis sa création, il y a 20 ans, le centre bénéficie d’une augmentation de 10% par an en nombre de candidats. La demande s’est élargie car l’apprentissage est de plus en plus reconnu. De nombreuses filières sont représentées comme le génie civil, l’informatique, l’agronomie, les transports (…). Mais les plus récentes sont le droit, le marketing et la communication”, détaille Nathalie Leroy, responsable mobilité et développement qualité à Formasup.
L’alternance serait alors un moyen de contrer la crise en diminuant le taux de chômage. “Etre ‘pépite’, c’est devenir prescripteur d’innovation, fidéliser les talents et réaffirmer une responsabilité sociale”, conclut Nathalie Libbrecht, directrice emploi/formation à la CCI Grand-Lille. Le compte à rebours est lancé. Les entreprises ont jusqu’au 31 mai pour déposer leur dossier. La délibération du jury ainsi que la présentation des lauréats sont prévues en septembre prochain.