L’Aditec se réorganise et se dirige vers de nouvelles missions

Une page se tourne pour l’Aditec. Depuis le 1er janvier, l’association n’est plus financée par le Département du Pas-de-Calais et doit se trouver de nouvelles missions et de l’argent pour continuer à exister. La piste régionale n’ayant pu aboutir, l’association a fait le choix de diversifier ses financements en sollicitant des EPCI et facturant ses prestations aux entreprises. Explications.

Abdelkader Bousnane, directeur de l’Aditec est assez confiant pour l’avenir de l’association, il souhaite capitaliser sur l’expérience acquise pendant 25 ans et la mettre aux services d’autres intercommunalités et des entreprises.
Abdelkader Bousnane, directeur de l’Aditec est assez confiant pour l’avenir de l’association, il souhaite capitaliser sur l’expérience acquise pendant 25 ans et la mettre aux services d’autres intercommunalités et des entreprises.
ACT'Studio

Abdelkader Bousnane, directeur de l’Aditec, souhaite capitaliser sur l’expérience acquise pendant 25 ans.

En 2015, la loi NOTRe a reconfiguré les compétences territoriales et les espaces régionaux. La conséquence directe est que les Départements ont perdu la compétence développement économique, qui s’est vue renforcer au niveau régional. Exit donc les opérations à vocation économique, telles que le financement de zones d’activités, de pépinières et le soutien aux entreprises.
Dans le Pas-de-Calais, l’Aditec (Association pour le développement de l’innovation et de la technologie), qui était financée par le Conseil départemental, perd 70% de son financement. «Tout au long de l’année 2016, afin d’anticiper ce changement, nous avons mené une grosse réflexion sur les perspectives de l’Aditec, indique Abdelkader Bousnane, son directeur. Plusieurs pistes se sont fait jour, notamment celle d’une régionalisation des mission de l’Aditec qui existe depuis plus de 25 ans et a plutôt bonne presse.» En effet, en 25 ans, l’Aditec a accompagné plus de 2 700 entreprises, qui représentent 34 000 emplois.
Pour rappel, l’association a une mission d’ingénierie et de soutien au développement à l’innovation en direction des entreprises. L’Aditec est labellisée CEEI (Centre européen d’entreprise et d’innovation), elle animait également le réseau de pépinières du département et, enfin, elle est un des seuls organismes de ce type à être certifié ISO 9001.
«Dans le cadre d’un plan de développement régional, nous avions imaginé un accompagnement des entreprises d’une manière plus opérationnelle, avec comme fil directeur l’innovation», poursuit-il. Fin 2016, après plusieurs rendez-vous avec des responsables de la Région, tout était carré et le directeur de l’Aditec était assez confiant pour l’avenir de sa structure. D’autant que la Région avait dans son giron deux autres structures (NFID et l’ARI Picardie), plus dédiées à l’animation d’écosystèmes et donc complémentaires à l’Aditec. «L’idée était donc de trouver une solution entre les trois structures.»

Une décision politique. Si tout avait été travaillé avec le service développement économique de la Région, il n’en reste pas moins que la décision finale appartenait à Xavier Bertrand et aux élus. «Fin janvier, nous avons appris la fusion entre NFID et l’ARI Picardie, sans intégrer l’Aditec. C’est clairement une décision politique», regrette Abdelkader Bousnane.
Parmi les explications possibles, le directeur de l’Aditec pense à la question du réseau de ruches du Nord. «Si l’Aditec avait été intégrée au projet, la Région aurait également dû reprendre le réseau des ruches du Nord. Le cas aurait pu faire jurisprudence.»
Toujours est-il que pendant 25 ans, la plus ancienne structure généraliste de la région a capitalisé, acquis une certaine expertise. «Nous avions jusque maintenant une mission de service public. N’importe quelle entreprise ayant des besoins en termes de développement et/ou d’innovation pouvait obtenir gratuitement des conseils», précise-t-il.
D’où une deuxième réflexion sur le devenir de l’association, dans laquelle l’Aditec diversifie et renforce ses ressources en intégrant de nouvelles intercommunalités et en faisant payer ses missions de conseil. Il y a des besoins, les entreprises sont demandeuses et l’association peut leur être utile, même si ses services deviennent payants.

Une équipe mobilisée. Toujours est-il que l’association doit combler le gros déficit de 2017. «Notre budget a diminué drastiquement (ndlr : divisé par deux) pour y faire face. Nous avons déjà réduit nos effectifs avec trois licenciements économiques, un quatrième en octobre.»
Diversification des financements, facturation, renforcement des missions payantes, pour s’en sortir l’association a également besoin du soutien de plus d’EPCI. «Nous allons pour cela étendre nos services à l’ensemble de la région des Hauts-de-France et pouvons compter sur une équipe mobilisée», lance Abdelkader Bousnane.
Parmi les pistes, l’Aditec cible les entreprises, les établissements d’enseignement ou encore les acteurs de l’accompagnement, notamment les pôles de compétitivité. «Nous envisageons de proposer des offres pour les entreprises en création, les incubateurs.» A l’image de ce qui est fait depuis quelques années à l’UTC, dans le cadre d’une formation accompagnement aux projets innovants.
Objectifs clairement affichés par le directeur : «D’ici à cinq ans, nous aurons renforcé la facturation, trouvé de nouveaux financements publics. Notre budget sera d’1,3 million d’euros pour un effectif de 12 à 13 personnes», conclut-il. Enfin, notons que les discussions ne sont pas fermées avec la Région : même s’il n’y a rien de concret ou encore d’acté, la Région pourrait encore faire un geste en direction de l’association.