L’activité des TPE est restée poussive en 2016
Avec une baisse de 0,6% de leur chiffre d’affaires en 2016, les TPE n’ont pas vraiment bénéficié de la conjoncture plutôt favorable et l’évolution demeure moins dynamique que celle nationale, d’après la Fédération des centres de gestion agréés. Le démarrage de l’année 2017 est impacté par la perspective de l’élection présidentielle.
“ Pas de catastrophe notoire” : c’est ainsi que Yves Marmont, président de la FCGA (Fédé- ration des centres de gestion agréés), qui regroupe environ 300 000 TPE, qualifie l’activité des TPE pour l’année 2016. Ce 12 avril à Paris, il présentait le baromètre FCGA-Banque populaire de l’évolution du chiffre d’affaires des TPE de l’année passée, basé sur les chiffres d’affaires de 17 000 TPE, ainsi que les premières tendances 2017, marquées par l’approche des élections présidentielles.
En 2016, donc, le chiffre d’affaires des TPE a diminué de 0,6%, succédant à une baisse de 0,7% l’année précédente. Les entreprises se répartissent assez également entre une moitié dont le chiffre d’affaires a augmenté et une autre dont l’évolution a été négative. Sur le plus long terme, cette année 2016 s’inscrit dans un cycle qui, depuis 2009, n’a cessé de voir le chiffre d’affaires global des TPE connaître des évolutions négatives, même si d’ampleur variée et avec des différences selon les activités, d’après les données de l’Observatoire. Ainsi, en 2012, le chiffre d’affaires des TPE avait diminué de 2,2%, et en 2014, de 3,1%.
L’année 2015, avec une baisse limitée à 1,7%, a marqué “un ressaisissement qui se confirme en 2016”, analyse Yves Marmont. Quelques secteurs en bénéficient, qui affichent un chiffre d’affaires en hausse, mais avec des taux de croissance limités.
En tête, les services, avec 1,5% de croissance. Suivent, avec des évolutions toujours inférieures à 1%, les transports, les entreprises de parcs et jardins, la beauté esthétique, les cafés-hôtels-restaurants, les métiers de la santé, la vente et réparation d’automobiles, secteur qui a bénéficié d’une augmentation du budget entretien-réparation des automobilistes, note la Fédération.
La rénovation dans le bâtiment peine à redémarrer. Au sein des TPE, trois secteurs améliorent relativement leurs performances, même si l’évolution de leur chiffre d’affaires demeure négative : la culture et loisirs, le commerce de détail alimentaire et l’artisanat du bâtiment. Pour ce dernier, “les chiffres sont encore négatifs, mais beaucoup moins qu’ils ne l’ont été”, note Yves Marmont.
Le chiffre d’affaires a diminué de 2,1% cette année, loin de la chute de 7,5% enregistrée en 2014. Et si les TPE, le plus souvent actives dans la rénovation, ne bénéficient que peu du regain général du secteur, qui concerne avant tout la construction, quasiment toutes les professions sont concernées par cette relative amélioration : c’est le cas des électriciens, menuisiers, peintres, plâtriers, carreleurs et terrassiers, même s’ils ne vont pas jusqu’à renouer avec la croissance. Restent les maçons qui ont vu diminuer leur chiffre d’affaires de 3,3% en 2016. Mais au global, pour les TPE du bâtiment, “on a stoppé l’hémorragie”, commente Yves Marmont, qui espère un redémarrage pour 2017. Autre secteur important qui améliore ses performances sans renouer avec la croissance : le commerce de détail alimentaire, qui recule de 0,4%. Au sein de cette famille, toutefois, certains s’en sortent plutôt bien : crémiers, poissonniers et revendeurs de vins et spiritueux affichent un taux de croissance de chiffre d’affaires supérieur à 1%. Hors alimentation, d’autres commerces subissent une évolution beaucoup moins enviable : l’équipement de la maison se maintient avec -0,1% contre -0,2 % l’an dernier, l’équipement de la personne, déjà très en crise, recule très nettement (-3,8%), après le 3,4% de l’année précédente. Au niveau global, le commerce, dont le chiffre d’affaires est resté quasi stable en 2016 (- 0,6% du chiffre d’affaires), poursuit une légère remontée depuis le -1,8% de 2014.
Des marchés de niche dynamiques. Officiant dans marchés de niche porteurs, certaines professions connaissent des taux de croissance bien plus importants : c’est le cas des commerces de cycles, qui croissent de 2,5%, portés par l’engouement nouveau des Français pour le vélo électrique et les aides publiques à l’achat. Quant aux traditionnelles boutiques d’électroménager, leur chiffre d’affaires a augmenté de 5,8%, notamment grâce aux ventes de robots de cuisine et d’aspirateurs-balais, détaille la Fédération, après une chute de 2,7% l’an dernier.
A l’autre extrême, certaines professions ont particulièrement souffert.
En dépit du boom du nombre de transactions dans l’immobilier, c’est le cas des agences immobilières, dont le chiffre d’affaires a diminué de 7,1% après avoir augmenté de 3,4% l’année précédente. Les détaillants de chaussures, eux, qui subissent une forte concurrence y compris via Internet, accélèrent une dégringolade déjà nette en 2015, avec une chute de 5,5% de leur chiffre d’affaires l’an dernier. Quant aux studios photo, ils atténuent leur trajectoire négative : ils sont passés de 7,8% de baisse du chiffre d’affaires à -4,7%, mais restent menacés par la diffusion massive des pratiques photographiques avec les smartphones. L’année à venir sera elle plus favorable aux TPE ? “Les petites entreprises sont confrontées depuis le second semestre 2016 à ‘l’effet présidentielle’ qui se traduit par un ralentissement des décisions d’achat des consommateurs et au report de nombreux projets d’investissement en raison de l’incertitude politique”, commente Yves Marmont. Partant, les premiers mois de 2017, “c’est la dégringolade”, poursuit le président de la FCGA, qui estime que cette tendance devrait être compensée au cours de l’année, pour arriver à un taux de croissance sur 2017 de -0,5%, avec une évolution différenciée selon les secteurs. Le bâtiment, en particulier, pourrait retrouver l’équilibre, même si l’inconnue demeure sur les décisions politiques que prendra le nouveau gouvernement après l’élection présidentielle.