"L'avortement, c'est le mal": paroles d'électeurs en Géorgie

A un peu plus de deux mois de l’élection présidentielle américaine, l’AFP est allée prendre le pouls de l’électorat dans des comtés de sept Etats pivots...

Pat Poss chez elle, à Tiger, dans le nord de la Géorgie, le 8 juin 2024 © Elijah Nouvelage
Pat Poss chez elle, à Tiger, dans le nord de la Géorgie, le 8 juin 2024 © Elijah Nouvelage

A un peu plus de deux mois de l’élection présidentielle américaine, l’AFP est allée prendre le pouls de l’électorat dans des comtés de sept Etats pivots, susceptibles de faire basculer le scrutin.

Le comté de Rabun aura un rôle crucial dans l’attribution des 16 grands électeurs de l’Etat de Géorgie (Sud-est). La démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump auront besoin d’au moins 270 grands électeurs pour l’emporter le 5 novembre.

La Géorgie vote traditionnellement pour le candidat républicain à la présidentielle. Mais l'Etat, qui compte une importante communauté afro-américaine, avait préféré Joe Biden à Donald Trump en 2020, avec un écart minuscule, moins de 12.000 voix.

Trump a fait plein de bonnes choses

"Je veux utiliser mon argent pour ma famille et ma vie", assure une femme de 64 ans qui se fait appeler "Pat Poss".

Le prix de l'essence, la dette publique: "Donald Trump a fait plein de bonnes choses", estime dans un sourire cette agente immobilière aujourd'hui retraitée, cheveux gris courts et tee-shirt à fleurs.

"Et je vais voter pour lui", dit-elle. Comme l'immense majorité des habitants de Rabun, un comté conservateur en plein coeur de la très chrétienne "Bible Belt".

Donald Trump n'a jamais reconnu sa défaite à la dernière élection, remportée par Joe Biden en 2020. En Géorgie, l'ex-président républicain est accusé d'avoir tenté d'inverser les résultats et un procès l'y attend, qui ne devrait toutefois pas avoir lieu avant le scrutin présidentiel le 5 novembre.

"C’est une manoeuvre politique", estime Patricia Poss, en écho au milliardaire qui se dit victime d'une "chasse aux sorcières" orchestrée par les démocrates et le ministère de la Justice.

Comme beaucoup d'autres résidents du comté, l'immigration est pour elle un sujet d'inquiétude. "Notre frontière sud me préoccupe aussi", confie-t-elle. "Le sujet n’est pas tant de laisser passer des personnes mais de les contrôler pour savoir pourquoi elles viennent."

Avorter, "le péché

L'avortement? "C'est le mal", lance William Griffin, pasteur d'une église baptiste de la plus grande ville du comté, Clayton, 2.000 habitants.

"Dieu offre la conception, chaque vie est donc un don de Dieu. Et prendre cette vie est un meurtre. Et Dieu est très clair, le meurtre, c'est le péché."

L'avis tranché de ce père de deux enfants est largement répandu à travers le comté, où la foi évangélique occupe une place centrale.

Donald Trump est ici acclamé comme l'artisan de la fin du droit fédéral à l'avortement, via ses nominations de juges à la Cour suprême lorsqu'il était président.

Embobinage

"Le timing est politique", juge Elizabeth Adams, fidèle de 48 ans rencontrée à la sortie d'une église, en référence à la condamnation pénale de Donald Trump dans une affaire de versement d'argent occulte à une star du X.

"Il faut essayer de distinguer ce qui est vrai de ce qui est de l'embobinage."

J'aime mon peuple mexicain

Sonia Rendon, une mexicaine naturalisée américaine, pense au contraire qu'il faut encourager l'immigration. 

"J'aime mon peuple mexicain et je sais que Biden essaie de les aider du mieux possible. J'apprécie les personnes qui aident les autres."

Alors cette responsable d'une agence de nettoyage, républicaine pendant environ 30 ans, a viré démocrate ces dernières années. 

Dans ces montagnes où le Parti républicain mène la danse, quand on lui parle de politique, elle garde "la bouche fermée" et "sourit".

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