L’avenir de l’usine Bridgestone à Béthune reste flou
Ce 30 avril, date de fermeture de l’usine Bridgestone à Béthune, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a rencontré les salariés et les élus locaux.
Six mois après son annonce, les salariés de Bridgestone à Béthune redoutaient cette date. Celle du 30 avril 2021, qui marque la fermeture du site historique du fabricant de pneus, laissant derrière lui une grande émotion et quelques interrogations sur le futur.
«Mon père a ouvert cette usine, moi, je la ferme», glisse avec une certaine émotion Éric Brasme, délégué syndical de Sud. «On a toujours entendu que cette usine allait fermer un jour. Pendant 50 ans, on l’a entendu. Ce jour est arrivé. On n’a pas fait grève une journée, on n’a pas brûlé un pneu, on a toujours été positifs. On a montré qu’on respectait l’outil de travail, il n’y a pas de regrets.»
Industrie et logistique
Établie à Béthune depuis 60 ans, Bridgestone referme une grande page de son histoire et laisse ses 863 employés écrire la dernière ligne, avant un certain flou sur l’avenir. Car si plusieurs pistes de reprises totales ont été mises sur la table, aucune d’elles ne permettait le maintien de l’emploi de tous les salariés.
Une réunion à l’hôtel de l’agglomération de Béthune-Bruay entre la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et les représentants des salariés ont permis de discuter des travaux engagés pour maintenir l’activité au sein de l’usine. Un parc multi-activités est sur la table. Des projets ont donc émergé dans l’univers de l’industrie, comme le souligne la ministre : «L’enjeu que nous avons, c’est de remettre de l’emploi industriel en plus de l’emploi logistique. Nous avons neuf projets de maturités différentes. L’objectif, c’est d’en avoir un concrétisé dès cette année. Nous allons suivre cela semaine par semaine.»
Une «vallée de l’électrique»
Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, lui aussi présent lors de cette réunion, n’a qu’un seul objectif : sauver l’intégralité des emplois. «Il y a une entreprise qui ferme définitivement. On s’est battus pour que les salariés obtiennent un plan social digne de ce nom. Ce qui compte maintenant, c’est de trouver un emploi pour chaque personne. Tant qu’ils n’auront pas tous retrouvé un emploi, notre boulot ne sera pas terminé. Il n’y a pas une seule entreprise qui remplacera Bridgestone, il en faut plusieurs.»
La solution idéale pour l’État serait de recopier le projet à Douvrin, qui produira 500 000 batteries électriques par an d’ici 2030. Agnès Pannier-Runacher imagine même un secteur commun entre deux usines proches géographiquement : «Le projet à Douvrin peut donner le point de départ d’une vallée de l’électrique sur ce territoire avec d’autres projets d’implantations. On peut, de ce point de départ, créer un écosystème.» Une piste que soutient aussi le président de la Région, qui a avoué qu’un «appel à projets» a été lancé sur le secteur des batteries électriques. De quoi, peut-être, garder l’esprit automobile dans une usine qui a terminé le chapitre d’une grande histoire.