L’Ascenseur Confection : le vêtement de travail made in France
Implantée à Merville, dans le berceau du textile hexagonal, L’Ascenseur Confection est l’un des derniers fabricants de vêtements professionnels et corporate de la région et de France. Entretien avec Pascal Laise, dirigeant de l’entreprise fondée en 1920.

Lorsque nous avions rencontré l’entrepreneur en 2021, au sortir de la crise sanitaire et du retour en grâce du Made in France, Pascal Laise nous confiait : «Nos créations sont réalisées sur-mesure avec une empreinte carbone réduite ! Nous sommes 40% plus chers en moyenne que les vêtements confectionnés en Asie, par exemple, mais le vrai prix est là : la valeur carbone !». Un renouveau toujours d’actualité ?
Le déploiement d’une démarche RSE
Labellisé Origine France Garantie et France terre textile, L’Ascenseur Confection réalise aujourd’hui 80% de son chiffre d’affaires en vente directe - l’entreprise de Merville confectionne notamment les vêtements portés par les employés de l’Assemblée Nationale - et travaille également à façon pour des marques. «Nous sommes dans une démarche participative, être force de proposition pour faire évoluer les produits de nos clients.
Je cherche vraiment à être dans l’école de l’offre, à faire un vêtement de travail sur-mesure en adéquation avec les besoins de nos clients».

Sur un marché en tension, une partie de la production est désormais délocalisée au Portugal et sur les pays du Maghreb. «Sur l’atelier de Merville, nous avons un planning à trois mois ce qui est très bien - nous ne sommes pas dans une perspective de développement mais de maintien de l’activité - avec une maitrise totale de la chaine de conception. Nous avons recruté une styliste qui nous apporte beaucoup, c’est important pour une entreprise centenaire de rester agile. Mais concernant le Made in France, j’ai quand même le sentiment qu’après deux pas en avant, on en a fait trois en arrière ! Et sur la partie délocalisée, c’est plus compliqué, le contexte international perturbe et trouble le marché».

Pour pérenniser son histoire, l’entreprise nordiste mise sur le lien social comme source de performance. «Nous sommes dans une démarche RSSEE (responsabilité sociale, sociétale, environnementale et économique) car il ne faut pas oublier que tout doit être économiquement viable pour perdurer. Nous cherchons des partenaires qui partagent nos valeurs et n’attendent pas qu’un prix ! Nous vendons plus qu’un vêtement, nous vendons du confort, de l’ergonomie, de la sécurité, du lien social, de la productivité… le vêtement de travail doit suivre les évolutions sociales. Et c’est pourquoi il est primordial à mes yeux d’être dans l’école de l’offre».
Et Pascal Laise de poursuivre : «L’empreinte carbone d’un vêtement fabriqué en Asie est sept fois plus importante que celle d’un vêtement fabriqué en France. Qu’est-ce que j’achète ? C’est la question qu’il faut se poser ! Donc on se bat tous les jours, la fabrication française est importante, indispensable, mais on ne peut pas proposer que ça… L’Ascenseur Confection est une entreprise rare en France».

Quant à l’avenir, il pourrait s’écrire sur le marché des EPI (Équipements de Protection Individuelle). «Nous en faisons quelques-uns et je m’attache à nous développer sur ce marché». Laissons la conclusion à Antoine de Saint-Exupéry : «Un pessimiste fait de ses occasions des difficultés, un optimiste fait de ses difficultés des occasions».
Une entreprise centenaire
L’histoire démarre en 1920 avec la création par Jean Charlet, sur l’ascenseur à bateaux d’Arques qui lui inspira le nom de l’entreprise, d’un atelier de confection de vêtements de travail. L’Ascenseur Confection, qui emploiera jusqu’à 90 couturières, s’implante à Merville dans les années 1960 et sur son site actuel deux décennies plus tard.
Marquée par la crise de l’industrie textile, l’entreprise intègre le groupe Protecthoms, spécialisé dans le matériel de sécurité et d'hygiène pour les professionnels, en 2018. Et en juin 2021, Pascal Laise en prend la direction suite au départ en retraite de Philippe Lefebvre.
