L’Armurerie de Villeneuve : « chaque arme possède sa propre mécanique »
Damien Durand a repris L’Armurerie de Villeneuve qu’il a installée à Cires-lès-Mello il y a trois ans. Zoom sur une profession méconnue.
Pour entrer dans l’Armurerie de Villeneuve, installée au cœur du village de Cires-lès-Mello, il faut montrer patte blanche. Une fois la porte blindée passée, on accède à une jolie pièce mansardée à l’étage. Les fusils, attachées, reposent sagement dans leur râtelier et toutes les fenêtres sont équipées de barreaux. On parle d’armes : la réglementation est particulièrement exigeante pour ce type de magasin. Un aspect qui fait partie intégrante du métier de Damien Durand, armurier et gérant de l’entreprise qu’il a reprise il y a un peu plus de trois ans.
Une passion pour cet isarien, issu d’une famille de chasseurs qui décide de se former dans le domaine. « Je suis diplômé de l'école Léon Mignon de Liège, une formation de trois années que j’ai prolongée par une année de spécialisation », explique Damien Durand. Des expériences professionnelles sont ensuite venues compléter ce cursus solide.
De plus en plus de femmes
Quand le fondateur de l’Armurerie de Villeneuve annonce passer la main, Damien Durand, qui a déjà travaillé dans l’établissement, décide de prendre la relève et trouve un local à Cires-lès-Mello. Un projet enthousiasmant mais qui se heurte au Covid. « Nous n’avons jamais fait une année normale », constate Damien Durand qui garde tout de même le sourire. Il doit désormais faire face à la hausse des cours de l’acier et à des délais de livraison qui s’allongent. « Pour certains modèles, il faut compter plus d’un an d’attente », précise-t-il. Les munitions se font rare, aussi, et « les militaires sont prioritaires », explique le gérant.
Même la pénurie d’essence, particulièrement forte dans l’Oise, a un impact. « Les gens nous demandent de mettre de côté des munitions et viennent plus tard les chercher, pour ne pas faire le trajet uniquement pour cela ». Pour autant, la chasse connaît toujours un vrai dynamisme. « C’est une passion qui se transmet d’une génération à l’autre », observe Damien Durand qui constate que les jeunes permis, à qui il réserve des tarifs préférentiels, restent nombreux. « Nous voyons également de plus en plus de femmes ».
Neuf, occasion, réparations…
L’armurerie propose des armes neuves et accompagne, au travers d’un service payant, les acheteurs qui le souhaitent, dans les procédures obligatoires de déclaration. « Depuis février, tout est informatisé, il n’est plus possible d’envoyer le document cerfa sous format papier à la préfecture. L’acheteur doit créer un compte ». Des armes d’occasion sont également proposées, après vérification et révision. Dans tous les cas, conseiller le modèle le plus adapté à la morphologie et aux habitudes du chasseur est primordial. Par ailleurs, « La vente entre particuliers doit obligatoirement passer par un professionnel », souligne Damien Durand.
« Nous réalisons également des expertises et des réparations. Lorsqu’une pièce est indisponible, nous sommes amenés à la fabriquer nous-mêmes », explique le gérant. Seuls certains travaux de canonnerie, très spécifiques, sont sous-traités. Un travail qu’apprécie le chef d’entreprise : « chaque arme possède sa propre mécanique ». Dans son stock, important, on trouve des armes en provenance d’Italie, de France, de Belgique … et de Turquie. « C’est un pays qui a développé sa production avec des machines numérisées dernier cri. Si l’esthétique est moins travaillée, la qualité et le rapport qualité/prix sont bons. »
Même si le business plan de l’entreprise a connu des perturbations, Damien Durand ne renonce pas à ses projets. « Je souhaite également proposer des armes de poing, de catégorie B ». Un marché spécifique qui concerne les adhérents de club de tir. De quoi élargir la clientèle et entretenir sa passion d'armurier !