"L'amour avec vous": Polnareff à la barre pour l'ouverture du Printemps de Bourges
Le Printemps de Bourges a ouvert mardi sa 49e édition en même temps que le bal des festivals musicaux, avec une pluie de stars, dont le retour de Michel Polnareff...

Le Printemps de Bourges a ouvert mardi sa 49e édition en même temps que le bal des festivals musicaux, avec une pluie de stars, dont le retour de Michel Polnareff, et des nuages sur le plan budgétaire.
Le chanteur à tubes, dont "Goodbye Marylou", rempile à 80 ans pour une nouvelle - et peut-être dernière - tournée, dont Bourges est la première date française, après un démarrage à Londres.
Assis à son piano, coiffé d'un chapeau de cowboy et lunettes blanches sur le nez, Polnareff a entamé son show avec un "Bal des Laze" poussif, devant une salle comble.
"Avant de monter sur scène, je suis toujours dans un état absolument épouvantable. Et ça prend 2-3 titres pour se dire: bon, je suis content d'être là", confiait "Polna" à l'AFP, fin mars.
Mais le rythme s'est ensuite accéléré, avec une voix toujours présente pour chanter ses succès des années 1960 à 1980: "Tam Tam", "La poupée qui fait non" et "L'Amour avec toi" dont il a remplacé les paroles par "l'amour avec vous".
Il a aussi invité le public à lui souffler le prochain morceau, façon "chanson à la demande".
Amiral" et moussaillons
"L'Amiral" montre qu'il n'est pas encore prêt à lâcher la barre, après avoir essuyé des critiques sur la qualité de prestations en 2023.
Il revient avec "Un temps pour elles", un album attendu le 25 avril.
Avant lui, Emma Peters a lancé la soirée: la chanteuse, qui a explosé avec un remix de sa reprise de "Clandestina", a été bercée par les tubes de Michel Polnareff. "J'avais un double CD à la maison que j'écoutais sur mon walkman, donc c'est vraiment un plaisir d'être programmée avec lui ce soir", a-t-elle confié à l'AFP, avant son concert.
L'affiche du Printemps se décline aussi sous différents styles: la "grenade" pop Clara Luciani, l'indébranchable Jean-Louis Aubert, l'artiste électro The Avener ou encore Lucky Love et Styleto, tous deux nommés aux dernières Victoires de la musique.
La fin de semaine se fera plus rap, avec la nouvelle référence Tiakola, la star algérienne Soolking, l'ancien youtubeur Théodort ("Wayeh") ou encore Vald, de retour avec son remarqué "Pandémonium".
La découverte continue également d'être l'ADN du festival du centre de la France: depuis 40 ans, son dispositif national d'accompagnement, les Inouïs, a pris sous son aile 1.600 artistes. Feu! Chatterton, Fishbach et Eddy de Pretto - président du jury 2025 -, y sont passés.
Le Printemps de Bourges dévoile en parallèle six créations, dont une célébration du répertoire d'Oum Kalthoum, disparue il y a 50 ans.
"C'est un peu magique: il y a des têtes d'affiche et tout un tas d'artistes pour les +djeuns+ ("les jeunes") ou moins connus", s'enthousiasme Erika Maurice, 54 ans, venue avec sa fille. Même si "ça a changé, j'ai connu l'époque Daniel Colling (co-fondateur du festival décédé en janvier), c'étaient des javas non-stop !".
Un hommage lui sera rendu mercredi, en présence de la ministre de la Culture Rachida Dati.
Coup de rabot
Les concerts se tiennent jusqu'à samedi mais le festival bat jusqu'à dimanche avec "le Printemps dans la ville", sa déclinaison gratuite.
Tous espaces confondus, Bourges a accueilli environ 250.000 festivaliers l'année dernière.
A l'approche de la cinquantaine, le Printemps ne peut pas se reposer sur ses lauriers: entre baisse des crédits et inflation des coûts de production et des cachets, l'effet ciseau plombe ses finances.
Pour la première fois en dix ans, le budget - 7,5 millions d'euros en 2024 - a été revu à la baisse, amputé de 400.000 euros de financement, dont 250.000 euros d'aides publiques. Une situation qui reflète de récents arbitrages politiques défavorables au milieu culturel.
"C'est une décroissance contrainte", observe son directeur Boris Vedel, estimant qu'il n'y a pas d'autre choix que de "se renforcer sur l'émergence", plutôt que lorgner sur de gros noms.
Ce constat est similaire à celui d'autres festivals, qui font également face à une offre multiple, un changement de consommation des jeunes fans et sont à la merci des caprices météorologiques.
Selon le Centre national de la musique, 44% des festivals affichant des taux de remplissage supérieurs à 90% ont bouclé une édition déficitaire en 2024.
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