Entretien

"J’ai confiance en nos chefs d’entreprise axonais", Pascale Sebille, présidente du Medef Aisne

Dynamique, engagée, fervente défenseuse de son territoire, la présidente du Medef Aisne Pascale Sebille revient pour Picardie La Gazette sur l’année écoulée et les actions mises en place par l’instance patronale pour aider les chefs d’entreprise axonais à traverser la crise et à la surmonter.

Le président délégué du Medef Patrick Martin (au centre), invité de la Garden Party de 2019 avec (à g.) Pascale Sebille.
Le président délégué du Medef Patrick Martin (au centre), invité de la Garden Party de 2019 avec (à g.) Pascale Sebille.

Picardie La Gazette : Pouvez-vous revenir sur l’accompagnement du Medef Aisne depuis le début de la crise sanitaire ?

Pascale Sebille : Nos maîtres-mots ont été : expertise et proximité. Dès les premiers jours, nous avons pris contact, par téléphone, avec l’ensemble de nos adhérents, sur les mesures mises en place et pour leur rappeler qu’ils n’étaient pas seuls. Un groupe WhatsApp a été créé, pour une diffusion plus rapide des informations et des rendez-vous individuels en visioconférences ont été fixés.

Le Medef Aisne a participé à tous les Codefi organisés par la préfecture pour faire entendre la voix de nos adhérents, et leur faire redescendre l’information des autorités départementales. C’est ainsi que face au manque d’équipements de protection qui risquait d’atteindre les hôpitaux et les Ehpad axonais, nos entrepreneurs ont fait preuve de solidarité en donnant leurs stocks d’équipements de protection individuelle surnuméraires. Plus de 10 000 équipements ont été distribués. Il était aussi important de garder le lien avec les organisations syndicales de salariés, pour entretenir un bon dialogue social dans chaque entreprise.

Je tiens à saluer l’expertise des membres de notre équipe, ils ont répondu depuis le début de la crise à plus de 1 500 consultations téléphoniques liées à la pandémie, et informé nos adhérents via des newsletters quotidiennes des annonces, mesures d’urgence, réformes… prises par le Gouvernement, pour que nos entreprises ne soient pas noyées sous le flots des informations. Nous continuons aujourd’hui avec le suivi du Plan de relance. [ndlr, pour information, 50 millions d’euros ont été versés au titre des Prêts garantis par l’État dans l’Aisne en mars, pour 3 000 PGE. 90% on été alloués à des TPE]

Nous ne sommes évidemment pas sortis de la crise. La période est toujours difficile pour le tissu économique et social mis à rude épreuve, mais la solidarité qui s’est instaurée entre tous les acteurs (administrations, CPME avec qui nous travaillons main dans la main, CCI, banques…) est à mon sens un facteur positif. Et mon optimisme naturel y voit le gage d’un redémarrage économique facilité grâce à un écosystème performant et travaillant en confiance au bien de tous.

Quelles sont vos priorités pour cette année ?

Ma priorité est toujours la même depuis ma prise de fonction en juin 2017 : resserrer les liens unissant les entrepreneurs de notre réseau et du département. C’est le relationnel qui fait la différence, la convivialité, pour booster l’esprit d’entreprendre, et par ricochet, l’emploi. Notre ambition, c’est à la sortie de cette crise de redonner du baume au cœur aux entrepreneurs du réseau, et que nous puissions tous nous retrouver, physiquement.

J’ai confiance en nos chefs d’entreprise axonais, ils redoublent d’ingéniosité dans le développement de leur entreprise, de leur réseau, les médias n’épargnent pas toujours notre département… Mais moi qui suis Axonaise d’adoption, je continuerai à défendre ce territoire aux multiples ressources et atouts. 

Pascale Sebille salue l'expertise des membres de son équipe durant la crise.

"L’Aisne reste un département dynamique"

Quel regard portez-vous sur le tissu économique du département ?

Il ne faut pas se voiler la face, certaines entreprises sont en difficulté, mais il y a également beaucoup de projets d’investissements, des affaires en attentes, des perspectives d’embauches. Tant que la situation sanitaire ne sera pas rétablie, les affaires ne le seront pas non plus ! De nombreuses entreprises ont bloqué leurs investissements, il n’y a donc pour le moment pas d’affaires avec les fournisseurs et sous-traitants.

On observe également un rallongement des délais de paiement, c’est un cercle vicieux mettant à mal les trésoreries. Les entreprises travaillant à l’export sont aussi à la peine, avec les interdictions de voyager à l’étranger. D’autres ont réussi à relocaliser leurs activités, et pour certains secteurs, la relance est déjà là. Nous avons tous hâte que les commerces à l’arrêt comme les cafés, hôtels et restaurants ouvrent de nouveau, pour renouer avec la vie à la française et pour les affaires, c’est important aussi.

Malgré tout, l’Aisne reste un département dynamique, de labeur, où sont installés beaucoup d’outils de production patrimoniaux ou de groupes. Nous nous devons de continuer à le rendre attractif, en développant les services, infrastructures et les liens avec les autres départements et régions.

"La création de richesses doit profiter au plus grand nombre"

La cérémonie annuelle des vœux, l'occasion pour les adhérents du Medef Aisne de partager un moment convivial. (photo d'archive)

Plus largement, quelles sont les actions mises en place par le Medef Aisne pour accompagner au quotidien les adhérents ?

Le Medef Aisne rassemble 495 entreprises employant près de 20 000 salariés, entreprises qui adhèrent en direct ou via leur branche professionnelle. Notre organisation interprofessionnelle a trois échelons d’intervention : elle est compétente sur le territoire axonais pour la mise en œuvre de la politique du Medef national mais aussi pour le déploiement des projets régionaux et la création de projets départementaux. Étant membre du Conseil exécutif du Medef national et du bureau du Medef régional, je suis en mesure de porter la parole de notre instance territoriale.

Le Medef Aisne assure l’animation du tissu des entrepreneurs du département, notamment au travers de la gestion et diffusion d’informations auprès des dirigeants, qui portent les mandats de représentation confiés par notre syndicat patronal. Dans l’Aisne, nous avons 330 mandats assurés par 225 mandataires, la grosse difficulté, c’est la disponibilité des adhérents, être mandataire prend du temps, mais les dirigeants sont motivés pour assurer cet engagement.

Nous avons également des réunions de groupement entre Medef territoriaux [ndlr, une quarantaine par an], nous multiplions les occasions de rencontres dans les cinq bassins d’emploi de l’Aisne, qui ont chacun leurs spécificités.

Ces rencontres permettent de coordonner tous les acteurs, de resserrer les liens, de parler de leurs problématiques et trouver des solutions ensemble. Nos adhérents ont aussi l’occasion durant ces réunions d’échanger avec des acteurs économiques et institutionnels locaux, comme la Banque de France, l’Agefiph, le préfet, etc. Je tiens d’ailleurs à remercier l’implication des présidents de groupement.

Des animations à vocation Business baptisées business Booster, ont aussi été développées, pour allier convivialité et développement des affaires, comme le Club des entreprises inclusives de l’Aisne, mis sur pied avec la CPME Aisne et porté par deux chefs d’entreprises du département qui fédèrent des copilotes pour être au plus près des bassins.

Nous sommes au Medef Aisne intimement convaincus que la création de richesses doit profiter au plus grand nombre, qu’il faut fédérer les entreprises ayant de bonnes pratiques en matière d’inclusion de publics en difficulté, et diffuser ces bonnes pratiques pour que d’autres se les approprient.

C’est dans ce même esprit que j’ai souhaité organiser une cérémonie annuelle des vœux de notre Medef et une Garden party en juin, nous avons reçu en 2019 le président délégué du Medef Patrick Martin. 

Il a ainsi pu découvrir le tissu entrepreneurial axonais, son attractivité et son riche patrimoine : la Garden party s’est déroulée au cœur de l’Abbaye Saint-Jean-des-Vignes de Soissons, en péril, et pour la réfection de laquelle le Medef Aisne a fait un don de 100 000 euros, au titre du mécénat. La conservation de notre patrimoine est à mon sens indispensable pour développer l’attractivité de notre territoire.

C’est évidemment en s’unissant que nous sommes plus forts : le Medef Aisne s’est allié au Medef Oise pour créer un club Stratexio Hauts-de-France Sud, dont la vocation est de contribuer au développement des exportations.

C’est une sensibilité qui vient notamment de mon entreprise, Autexier, qui exporte à 80%, et de mon appartenance au réseau des conseillers du commerce extérieur de la France, en qualité de présidente de la section Picardie. Il était pour moi naturel d’aider des dirigeants à mieux définir et formaliser leurs objectifs stratégiques, pour devenir plus compétitifs sur les marchés internationaux.

Je veux casser cette image du Medef dans lequel seules les entreprises du CAC 40 auraient leur place, c’est faux, nous sommes une organisation qui privilégie l’échange, le partage, la solidarité, avec et pour des entreprises de toute taille. Nous devons contribuer à donner de l’avenir à nos entreprises : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible », affirmait Saint Exupéry. C’est aussi notre mission au Medef.