Artisanat

L'Aiguille à Caro : une tapissière décoratrice épanouie

Carole Logeart a créé il y a trois ans son atelier de tapissière décoratrice à Chaillevois, dans le Laonnois. Une nouvelle vie professionnelle dans laquelle elle s'épanouit désormais après avoir travaillé dans la vente et dans le soin. L'Aiguille à Caro, le nom donné à cet atelier, jouit déjà d'une belle réputation dans le secteur.

Carole Logeart dans la partie couture de son atelier à Chaillevois.
Carole Logeart dans la partie couture de son atelier à Chaillevois.

Le métier de tapissier décorateur est recherché et il attire encore. Carole Logeart peut en témoigner puisqu'elle s'épanouit dans ce métier passion depuis 3 ans même si peu de choses, au départ, semblaient la destiner à ce métier mis à part son côté bricoleuse. Son parcours, celui d'une « touche-à-tout » comme elle le dit elle-même l'a d'abord amenée à travailler dans la vente. « J'ai été co-responsable d'un magasin du côté de Strasbourg puis je suis arrivée dans l'Aisne avec mon mari d'abord à Bourg-et-Comin puis Chaillevois, raconte-t-elle. Retrouver un job dans la vente a été compliqué tant à Laon qu'à Soissons parce que les effectifs sont en place, j'étais prête à redémarrer en tant que simple vendeuse mais on m'a dit que ça ne fonctionnerait pas... Il fallait rebondir, essayer de travailler dans autre chose. »

Reconversion professionnelle

Le métier de tapissière ne se présente pas encore à Carole Logeart qui entend une voisine évoquer son métier d'aide soignante dans lequel elle vient de débuter. « Je me suis dit que j'étais quelqu'un de très altruiste, qui aime bien prendre soin des gens et discuter alors j'y suis allé, j'ai fait la formation et ça a été une bonne expérience. J'ai fait un peu d'aide à domicile puis j'ai trouvé un poste en maison de retraite, c'était sportif mais ça me plaisait. » Une blessure au pied et la convalescence qui l'accompagnent vont stopper cet élan. « Il a fallu repartir sur autre chose, c'était pendant le Covid, mon mari a trouvé une formation en ébénisterie à Saint-Quentin, je me suis dit pourquoi pas, j'adore le bois, explique-t-elle. Le jour où on a pu visiter le lycée des métiers d'arts, on m'a aussi montré la formation de tapissière décoratrice, j'ai vu qu'il y avait l'aspect bois mais aussi la décoration de la maison avec du tissu, des rideaux... La nuit m'a porté conseil et le lendemain, c'était la formation de tapissière décoratrice que je voulais faire. »

Rénovation de meubles, installation de rideaux...

À la sortie d'une année intensive de formation, ponctuée de plusieurs stages en entreprise, Carole Logeart décide de créer son propre atelier chez elle à Chaillevois, ce qui n'était pas prévu. « Une entreprise de sellerie automobile chez laquelle j'ai fait un stage m'avait proposé de m'embaucher comme salariée et puis ça ne s'est pas fait finalement, dit-elle. C'est comme ça que encouragée par mon mari, j'ai monté mon atelier L'Aiguille à Caro. La première année a été positive, j'ai eu assez vite des clients. Je me suis un peu dédoublée pour laisser des cartes de visite partout, j'ai fait du porte-à-porte... Puis au bout de moins de six mois d'activité, j'ai sorti un canapé dont on m'a confié la réfection. » Le bouche-à-oreille aidant, une dame de son village lui commande la rénovation de plusieurs fauteuils, puis une autre personne lui fait refaire des chaises Louis XIII. « J'étais toujours occupée même si je travaillais plus lentement qu'aujourd'hui », souligne-t-elle. 

Carole Logeart vient de faire l'acquisition d'une cardeuse, bien utile pour démêler les fibres textiles.

Carole Logeart reconnue comme artisan d'art, répar'acteur par la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA) s'épanouit dans la réfection d'assises anciennes comme modernes de chaises, fauteuils, banquettes et canapés mais répare également des sièges automobiles et confectionne des rideaux, stores sur mesure et du linge de maison. Une palette large qui lui permet de jongler entre les différentes rénovations et de continuer à en apprendre chaque jour. « Je travaille aussi en réseau avec d'autres artisans d'art par exemple un ébénistre d'Anizy auquel je confie du travail quand j'ai besoin. Et puis je vais normalement bientôt travailler pour une décoratrice qui va me confier des tâches. » Après bientôt 3 années qui ont servi à se faire connaître et reconnaître, Carole Logeart sent qu'elle touche au but et a le sentiment d'être à sa place dans ce métier. Elle sait aussi qu'une génération d'anciens tapissiers est en train de partir à la retraite et que la demande va s'intensifier dans les années à venir.