L’aéropôle Grand Nancy Tomblaine amorce son décollage

Le calme règne en ce lundi après-midi de février dans la tour de contrôle de l’aéropôle Grand Nancy Tomblaine. Les écrans des patrouilleurs du ciel dispensent les informations aériennes à l’instant T et relatent une activité relativement calme. Au dehors, la brume tenace laisse à peine entrevoir le bout du tarmac où l’on distingue un bimoteur de loisirs attendant son retour en hangar. Les quelque 1 600 m de piste (permettant à l’aéropôle d’accueillir des avions de soixante-dix places) s’étalent en attendant de booster réellement son potentiel.

Derrière l’épaisse étendue brumeuse, la dizaine d’hectares disponibles semblent endormis. Elles sommeillent en attendant un réveil qui devrait s’afficher comme dynamique. Fin janvier, la Métropole du Grand Nancy, propriété de l’infrastructure aéroportuaire et la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle, gestionnaire de l’outil, ont dévoilé un vaste plan de développement et de modernisation de l’infrastructure. 20 M€ d’investissement au total sont annoncés pour l’installation d’un parc solaire sur près de 11 ha, de la rénovation de la tour de contrôle, de la réfection des hangars de bord de piste et l’installation d’une zone de développement économique sur près de 15 ha.

(c) Emmanuel Varrier. Fin janvier, une convention tripartite a été signée à la Métropole du Grand Nancy.

«L’aéropôle Grand Nancy Tomblaine affiche un potentiel important. C’est très rare d’avoir ce type d’infrastructures au cœur d’une métropole située à quelques kilomètres de la ville principale. Cette infrastructure peut devenir une nouvelle porte d’entrée pour l’activité économique de l’agglomération nancéienne.» François Pélissier, le président de la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle en est convaincu, «la modernisation de cet appareil économique aura des retombées évidentes.»

L’activité économique est déjà présente sur le site avec environ une vingtaine d’entreprises installées sur un périmètre entièrement dédié. Les mouvements aéroportuaires (atterrissages ou décollages) en 2024 ont affiché les un peu plus de 21 000 (dont un millier de rotations des hélicoptères du CHRU) mais le potentiel de l’aviation d’affaires est bien loin d’atteindre son rythme de croisière. Un frein au décollage réel demeure l’absence de postes de douanes depuis la fermeture en 2011, du PPF (Point de passage frontière).

Un combat mené de longue date par les différents acteurs impliqués dans le développement de l’aéropôle.

«Quoi que l’on en dise le développement de l’aviation d’affaires est une certitude. Il faut que le PPF soit rouvert. Cela nous permettrait de faire atterrir des avions hors espace Schengen et surtout de réellement capter des entrepreneurs. J’estime que l’on perd aujourd’hui entre trente et cinquante vols d’affaires par an», explique François Pélissier. Les différents courriers envoyés aux instances étatiques sont toujours restés sans réponse.

«Cette infrastructure s’affiche comme un des éléments phares de l’appareil économique de la Métropole du Grand Nancy», assure Mathieu Klein, le président de la structure intercommunale. La programmation de la rénovation du bâtiment principal, de la tour de contrôle ainsi que des hangars avec la construction d’un nouveau bâtiment «permettra de répondre aux enjeux du secteur de l’aéroportuaire, de l’aviation d’affaires, des drones, de la logistique, des vecteurs de croissance certain», ajoute le président de la chambre consulaire. Le site fait partie intégrante de l’histoire du territoire et de la ville de Tomblaine.

© Emmanuel Varrier. Les quelque 1 600 m² de pistes n’attendent que le développement de leur potentiel.

Parc photovoltaïque en 2027

Créé en 1926, après un premier aérodrome à Nancy-Malzéville, il n’avait qu’une vocation militaire. Après la seconde guerre mondiale, où la Luftwaffe allemande l’occupait, l’US Air force s’y installe jusque dans les années 50. C’est à cette époque qu’il est utilisé en aviation civile et monte gentiment en puissance jusqu’en 1991 où les lignes sont transférées à l’aéroport de Metz-Nancy Lorraine. Trois ans plus tard, un syndicat mixte est créé pour gérer l’infrastructure. En 2007, la Métropole du Grand Nancy devient propriétaire du foncier.

En 2011 le syndicat mixte est dissous et au début de l’année 2012 la Sasu (Société par actions simplifiée unipersonnelle) Grand Nancy apparaît. La CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle en prend la gestion via une délégation de service public pour une durée de vingt ans. Une nouvelle page apparaît donc bien en phase d’être écrite.

«Le développement de l’aéropôle est un projet que nous soutenons depuis longtemps, il s’inscrit dans notre projet global urbain de la plaine Flageul pour créer un écosystème de concentration technologique au service de la transition écologique. C’est de l’activité, de l’attractivité, de l’emploi de proximité ! Tout le monde a à y gagner», assure Hervé Féron, le maire de Tomblaine.

Le futur parc photovoltaïque s’affiche comme l’étendard de cette stratégie. 20 000 panneaux solaires, réalisés par le consortium Lange International-450 PPM Développement, prendront place. Les études environnementales seront lancées cette année avec un dépôt de permis de construire. La mise en service est prévue pour 2027.