Logement

L’Adil 80 à la rencontre des bailleurs de la Somme

Cet automne, l’Agence départementale d’information sur le logement est allée à la rencontre des bailleurs à Amiens, Abbeville et Péronne. Des rendez-vous qui ont apporté des réponses aux nombreuses interrogations de propriétaires parfois démunis.

L’Adil 80 répond aux questions des locataires comme des bailleurs de la Somme. @Aletheia Press/ DLP
L’Adil 80 répond aux questions des locataires comme des bailleurs de la Somme. @Aletheia Press/ DLP

L’Agence départementale d’information sur le logement (Adil) 80 a organisé cet automne plusieurs "cafés bailleurs" à Amiens, Abbeville et Péronne, en partenariat avec la Caisse d’allocations familiales (CAF). « C’est la première fois que nous proposions ce type de rencontre. Nous avons été surpris par le nombre de questions posées, ces évènements répondaient à une réelle attente,  souligne Sarah Bosio, chargée de mission Prévention des expulsions locatives au sein de l’Adil 80. Ce format convivial a vraiment permis de passer du temps sur chaque demande. Toutes les situations sont particulières et demandent une réponse adaptée », ajoute-t-elle.

Le fait d’échanger avec des experts en direct, sans passer par une plate-forme téléphonique ou dématérialisée explique aussi l’engouement pour ces rendez-vous. « L’Adil 80 n’est pas un service réservé aux locataires. Nous sommes des interlocuteurs neutres qui apportons des informations et des conseils gratuits à tous, notamment aux bailleurs », rappelle Aurélien Dovergne, directeur de la structure qui envisage, d’ores et déjà, d’organiser d’autres cafés de ce type.

Le manque de logements fait craindre une réelle crise pour l’année à venir. @AdobeStock

Anticiper les situations difficiles

Ces échanges sont intervenus dans un contexte compliqué pour les bailleurs, de plus en plus confrontés à des impayés de loyers. La flambée des coûts de l’énergie et l’inflation ont fragilisé des foyers déjà en situation précaire mais aussi des locataires qui n’avaient jusqu’ici jamais rencontré de difficultés. « Il y a de plus en plus d’arbitrages concernant le règlement des factures. Le loyer n’est plus forcément une priorité », note Aurélien Dovergne.

Sarah Bisio complète : « Il y a des retards de paiement ponctuels mais aussi des impayés qui ont du mal à se résorber. Ces derniers débutent généralement par un accident de la vie : une séparation, une maladie, une perte d’emploi. » Ce qui provoque inévitablement des difficultés pour les bailleurs. « Nous avons affaire majoritairement à des propriétaires qui laissent du temps aux locataires, qui essayent de trouver une solution et qui sont compréhensifs. L’engagement d’une procédure d’expulsion ne réjouit personne », poursuit-elle. D’où l’utilité des informations apportées par l’Adil 80 concernant les droits et devoirs de chacun ou encore les aides mobilisables en direction des locataires.

Une crise qui inquiète

Des actions qui contribuent à augmenter la visibilité de la structure, plus que jamais utile à l’heure où le pays s’enfonce dans une crise du logement. L’Adil 80 va d’ailleurs atteindre d’ici la fin de l’année 13 500 réponses apportées, un chiffre qui dépasse celui de 2022 – 11 000 – qui était déjà un record depuis la création de l’association.

« Il est difficile de dire si nous allons vers une augmentation des expulsions, les procédures sont longues [ndlr, 18 mois en moyenne], la hausse ne sera donc pas visible avant 2025, mais tous les acteurs restent très vigilants », confie Sarah Bosio. La chargée de mission au sein de l’Adil 80 met en avant un autre sujet de tension : la capacité des ménages à trouver un logement. « En Picardie maritime, pour accéder à un logement social, il faut compter en moyenne entre douze et 16 mois. À Amiens, nous sommes plutôt entre douze et 24 mois », indique Aurélien Dovergne.

La rénovation énergétique des logements, une vraie préoccupation des bailleurs

« Lors de cafés-bailleurs, près de la moitié des questions portaient sur la rénovation. L’impossibilité de louer des logements classés G à partir de 2025 interroge et inquiète », observe Aurélien Dovergne, directeur de l’Adil 80. Conscients de la nécessité d’engager des travaux de rénovation énergétique, beaucoup ont sollicité l’Adil 80 pour connaître les aides et dispositifs existants. Entre Ma Prime Rénov, les dispositifs locaux comme le Hauts-de-France Pass’ Rénovation, la plate-forme LAURE ou encore les aides mises en place par les collectivités dans le cadre d’opérations programmées, les propriétaires sont parfois perdus. « Pour certains, la loi Climat et Résilience peut agir comme un déclic. Mais d’autres, par manque de moyens ou pour des questions de complexité, vont préférer vendre ces logements ou les laisser vacants », craint Aurélien Dovergne.