L'Adie récompense les entrepreneurs de Picardie

Entreprendre dans la région, c'est possible et cela est même encouragé. L'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) est une association qui intervient pour permettre à des personnes qui n'ont pas accès au système bancaire traditionnel de créer leur propre entreprise, grâce au microcrédit accompagné. « Dans les Hauts-de-France, cela représente plus de 1 000 entrepreneurs vus par l'Adie pour être accompagnés via le microcrédit et conseillés, rappelle Jean-Philippe Belland, directeur régional de l'Adie Hauts-de-France. Le concours Créadie Picardie existe depuis 14 ans et l'intérêt de ces prix est très en lien avec la raison d'être de l'Adie qui est de donner accès à l'entrepreneuriat et à l'emploi à celles et ceux dont les projets ne sont pas finançables par les banques classiques. » L'Adie peut compter sur plusieurs mécènes comme le Crédit Agricole Brie-Picardie, le fonds d'investissement dans les PME Azulis Capital et le Fonds de dotation Biocoop. 

Salon de thé, tapissière, couturière... 

Un concours existe en Nord-Pas-de-Calais et un autre en Picardie. Ce dernier récompense 5 entrepreneurs dans autant de catégories et les lauréats ont reçu leur prix à Laon le 13 juin au salon de thé « Les Dames de Laon ». Sa propriétaire Caroline Martel qui a lancé ce salon de thé et biscuiterie artisanale spécialisée dans les recettes historiques et régionales, destinées aux habitants et aux touristes de la ville haute de Laon, a reçu le prix Vitalité des Territoires.

« J'ai beaucoup déménagé, changé de métier, et travaillé dernièrement en comptabilité mais j'avais envie de me mettre à mon compte, d'avoir un lieu d'accueil des gens parce que c'est ce que j'aime, j'ai fait une formation en pâtisserie et cela fonctionne bien, précise-t-elle. Ce prix va me permettre d'acheter un batteur plus puissant pour fabriquer davantage et développer le dépôt de biscuits dans d'autres points de vente. » Valérie Dorey, conseillère de l'Adie dans l'Aisne, rappelle qu'elle a adhéré au concept et à la personnalité de Caroline. « Il y avait tout, le concept du salon de thé peu présent à Laon, la personnalité, la volonté de créer de ses mains et l'ambiance médiévale », explique-t-elle.

Julia Jacquemin, 31 ans, s'est lancée comme tapissière à Saint-Quentin et a reçu le prix Jeunes. « J'avais du mal à trouver ma voie, je viens d'une famille où l'on valorise peu les métiers manuels et puis un jour j'ai eu l'opportunité de faire un stage chez un ébéniste et puis chez un tapissier qui m'a ouvert ses portes, cela m'a bien plu, les tissus, la qualité, la diversité, raconte-t-elle. J'ai intégré un collectif d'artisans à Saint-Quentin, il y a eu un reportage sur France 3 suite auquel j'ai reçu la commande d'un gros client, il m'a fallu un véhicule professionnel plus grand que ma simple Twingo... La banque ne pouvait pas me financer, il fallait avoir 3 ou 4 ans de recul sur l'activité. » Sa rencontre avec la conseillère de l'Adie va lui offrir l'opportunité de s'équiper. Son niveau d'activité lui permet aujourd'hui d'avoir une visibilité sur 2 à 3 mois.

Karim Desouky est le 3ème entrepreneur récompensé avec le prix Coup de cœur. Il a monté à Crécy-sur-Serre, « Vacances élite », un tour opérateur proposant des séjours sur mesure, des packages et des voyages de groupe. Cette agence a déjà fait partir plus de 800 personnes en voyage depuis un an et connaît donc un joli succès. Là aussi, l'Adie y a cru et l'a accompagné alors qu'ouvrir une agence de voyages dans une petite ville comme Crécy-sur-Serre n'avait rien d'évident.

Lever les obstacles administratifs et bancaires 

Deux autres prix, celui de la transition écologique inclusive a été remis à José Manço de Compiègne et celui du Rebond à Carole Bouckou de Pont-Sainte-Maxence. Le premier a développé une boutique solidaire et écologique « Les Fringues Store Associatif », association d'insertion et de lutte contre le gaspillage alimentaire. La seconde opère dans la création et le stylisme et a ouvert "Les doigts de fée by Carole", un atelier de création et de couture.

« Il y a une diversité de parcours et de métiers : biscuiterie, tapissière, couturière... Il y a surtout l'énergie et la conviction qu'ils y ont mis, souligne Jean-Philippe Belland, directeur de l'Adie Hauts-de-France. Les prix Créadie démontrent qu'on peut démarrer son activité, créer son emploi et son activité originale. Nous aimons bien à l'Adie déconstruire cette vision qui voudrait que si on n'a pas d'argent, on ne peut pas créer ou que si on n'a pas de réseau ni de formation, on ne peut pas créer. Avec l'énergie et la motivation, en trouvant de bons interlocuteurs comme la chambre des métiers, Initiative Aisne et l'Adie, il y a un écosystème qui permet de créer son entreprise. »