L’Adie Hauts-de-France fête ses 30 ans
Fondée, il y a tout juste 30 ans, l’Adie Hauts-de-France accompagne tous les porteurs de projets dans leur envie d’entreprendre. Après la transition environnementale et l’entrepreneuriat féminin, la structure entend cette année, porter une attention particulière à l’économie informelle.
« Notre mission a toujours été de rendre la création d’entreprise accessible à tous », explique Jean-Christophe Belland, directeur régional de l’Adie. L’association, qui compte aujourd’hui 30 salariés et 25 bénévoles finance et accompagne des projets portés par des personnes qui, bien souvent, n’ont pas de réseau, une faible capacité de financement ou n’ont pas de diplôme. En 2023, près de 1 000 projets ont été financés en Hauts-de-France.
Financer et accompagner
L’organisme de micro-crédit finance des projets jusqu’à 15 000 euros. Un prêt qui s’accompagne d’un suivi assuré par des bénévoles. Depuis 20 ans, la création d’entreprise a été multipliée par quatre, pour atteindre un million de nouvelles structures chaque année depuis quatre ans. « Le travail indépendant s’est démocratisé, il est vu aujourd’hui comme une voie d’insertion professionnelle », observe le directeur régional.
Pour maximiser les chances des porteurs de projets, l’Adie s’appuie sur ses bénévoles. Parmi eux, Marie-José Jumez, qui a rejoint l’association en 2010. « Je suis issue du secteur bancaire où j’assurais des fonctions de direction. Les bénévoles sont là pour apporter un autre regard sur les projets, partager leur expérience, mais aussi redonner confiance à des gens qui bien souvent ont été confrontés à des refus », explique-t-elle. Une méthode qui fonctionne puisque les entreprises accompagnées par l’Adie bénéficient d’un taux de pérennisation de 81% à trois ans.
Sortir de l’économie informelle
Structure militante, l’Adie œuvre en faveur de l’entrepreneuriat féminin, mais aussi pour que la transition environnementale soit inclusive. En 2024, l’organisme souhait apporter une attention particulière aux entrepreneurs de l’ombre, qui vivent grâce à l’économie informelle. « Il peut s’agir de salariés précaires qui exercent une activité non déclarée pour compléter leur revenu ou des personnes qui ont un savoir-faire, mais qui ne créent pas leur entreprise par crainte de perdre leurs minima sociaux ou par peur des complexités administratives », poursuit-il.
En France, selon l’OIT, l’emploi informel représente environ 10% de l’emploi global. D’après une étude menée par l’Adie, 61% de ces entrepreneurs sont des femmes, 44% ont entre 30 et 44 ans et 34 % sont sans diplômes. L’association souhaite les accompagner à déclarer leur activité afin de la pérenniser et de la développer. Toujours selon l’étude de l’Adie, il s’agit d’un pari gagnant puisque 78% des entreprises immatriculées ont connu une croissance et 56% déclarent que leurs revenus ont augmenté.
Médina Gourmet, d’une page Facebook à un véritable restaurant
Infirmière de formation, Nadia Barka a exercé comme auxiliaire de vie en CDD, après son arrivée en France. Une situation précaire qui ne la satisfaisait pas. « J’ai eu un déclic au moment du confinement », raconte celle qui a toujours été passionnée par la cuisine. Pour tester son activité, elle commence par vendre des plats sur Facebook. La demande est là et le modèle fonctionne, mais Nadia Barka voit plus grand et souhaite ouvrir son propre restaurant.
« Je suis allée voir des banques, des organismes d’accompagnement. Il fallait toujours plus de papiers, de dossiers et la réponse était toujours non », se souvient-elle. Son mari se rapproche de l’Adie et lui organise un rendez-vous. « J’étais vraiment découragée, mais là, j’ai trouvé une oreille attentive et tout était simple », sourit-elle. Elle obtient une réponse positive très rapidement et en avril 2023, elle ouvre Medina Gourmet à Amiens. Si les débuts ne sont pas évidents, l’entrepreneuse s’accroche et trouve un équilibre. À tel point qu’elle imagine déjà développer son activité en proposant notamment ses plats sur les marchés.