L'activité repart mais les entreprises peinent à recruter
La reprise est bien là, et pourtant les chefs d'entreprise sont unanimes : il y a un manque de compétences. Quels que soient le secteur d'activité et le type de poste, tous semblent s'accorder sur le fait que faute de profils, ils ont du mal à honorer leurs commandes.
Ingénieur, tourneur, doctorant, ouvrier... Ces profils deviennent des denrées rares pour les entreprises. Pour autant, difficile de trouver une véritable explication au phénomène qui sévit encore plus depuis la Covid. «L'employabilité est un terme très prégnant pour les entreprises. On s'attendait à une vague de chômage et de défaillances d'entreprises, mais pas du tout. Pourtant les chefs d'entreprise ont du mal à recruter», explique Patrice Pennel, président du Medef Hauts-de-France, également président du groupe industriel REG (140 salariés) et en recherche de 13 collaborateurs.
Même
problème du côté du BTP et de l'artisanat selon Olivier Tommasini,
chef de file enseignement supérieur et recherche pour le Medef
Hauts-de-France et à la tête du groupe éponyme : «Dans
mon entreprise de menuiserie, on est 25, on pourrait être 35. Dans
ma société de couverture extérieure, on est 35 et on pourrait être
50. On cherche des ingénieurs, des ouvriers... Dans de nombreux
secteurs, le seul frein au développement, ce sont les capacités à
recruter.»
Et
si la solution venait de l'alternance ?
Derrière
cette pénurie, ce sont aussi des commandes qui ne peuvent pas être
honorées. «On fait
face aussi à de nouveaux métiers. Il faut intégrer la dépense
énergétique, les métiers de service... Cela nécessite davantage
d'ingénierie», poursuit Olivier Tommasini, rejoint par Patrice Pennel : «Les
entreprises ne savent pas montrer ce qu'elles font, à elles de se
vendre de façon différente. Et la France est aussi le pays où les
salariés sont les moins mobiles.»
Carton
plein du côté des apprentis pour Decathlon, qui, de son côté,
reçoit presque trop de CV – 200 000 candidatures reçues entre
janvier et juin 2021 contre 200 000 sur une année entière dite
classique. En 2021, la marque nordiste a recruté 900
collaborateurs, un record selon Kamel Medjabra, marque employeur et relations école Decathlon France : «On
a plus de 1 500 stagiaires et 1 200 alternants. On a l'ambition d'en
recruter 1 000 en 2022.»
Et de souligner que 25% des «leaders» sont issus de l'alternance.
Si
l'enseigne bénéficie d'un important pouvoir d'attractivité, elle
manque tout de même de profils dans le digital, l'iT, les process
industriels, mais aussi de techniciens dans les ateliers, avec le boom
des mobilités douces.
Former
pour mieux recruter
Chez
Formasup, plus gros CFA de l'enseignement supérieur de la région
avec 7 000 apprentis formés chaque année, 90% des apprentis ont
trouvé des contrats. «Cette
année, nous avons de nombreuses personnes qui bifurquent vers une
autre voie professionnelle. On accompagne aussi les entreprises avec
une formation 'maître d'apprentissage' parce qu'un apprenti, c'est
un ambassadeur pour d'autres jeunes», explique Frédéric Sauvage, directeur de Formasup.