L.A Linière a développé un écomatériau innovant à base d’anas de lin
La coopérative linière agricole L.A Linière a développé un écomatériau de construction à base d’anas de lin. Connu sous le nom de Bâtilin©, il a déjà séduit plusieurs bailleurs sociaux et architectes. Des chantiers-tests de rénovation de logements sont en cours dans le Nord.
L.A Linière, coopérative agricole de producteurs de lin située sur la commune de Bourbourg, c’est 5 000 hectares répartis de la frontière belge aux monts du Boulonnais, en passant par le Cambrésis ; 450 agriculteurs-adhérents ; 75 salariés ; et 3 lignes de production. Chaque année, elle exporte 80% de la fibre textile produite, qui représente de 20 à 25% de la plante, vers les filatures chinoises via le port de Dunkerque. «Mais, de tout temps, nous avons eu un souci avec les anas, c’est-à-dire les minuscules particules de bois qui se situent au milieu de la fibre et qui représentent 50% de la plante. Nous en produisons en moyenne 800 m3 par jour, ce qui est énorme», confie Bertrand Delporte, directeur de L.A Linière.
Jusqu’à présent, les anas étaient surtout valorisés en paillage, notamment pour la litière des chevaux. Plus récemment, ils ont aussi trouvé une application technique dans l’industrie automobile mais aussi les équipements de sport comme les skis ou les vélos. Pas suffisant, toutefois, pour utiliser entièrement la production. «C’est la raison pour laquelle, avec le concours de la la Bpi et du CoDem à Amiens (Association régionale qui œuvre pour le développement des écomatériaux), nous avons étudié la possibilité de développer un écomatériau biosourcé à partir de nos anas», commente Julien Gilliot, ingénieur produit, en charge du dossier.
Tout pour séduire les professionnels du bâtiment
Quelques années de cogitation et d’essais permettent finalement de sortir le Bâtilin©. Un produit économiquement intéressant aux dimensions d’un parpaing classique mais beaucoup plus léger et avec un fort un pouvoir isolant et de régulation de l’humidité, fabriqué à partir d’un produit local et naturel, l’anas, auquel sont adjointes de la chaux et de l’eau.
A l’heure de la mise en place de la RE 2020 encore plus contraignante en termes de performance énergétique et de diminution de l’impact sur le climat des bâtiments neufs, cet écomatériau innovant a tout pour séduire les professionnels de la construction. D’autant que celui-ci se présente sous deux formes selon les besoins : un bloc porteur, qui peut servir à la construction de bâtiments neufs en remplacement des parpaings traditionnels, ou bien en bloc non porteur. Dans ce cas, il sera surtout destiné à isoler des murs préexistants, dans le cadre d’une rénovation par exemple.
Preuve de son intérêt, le bailleur social Flandre Opale Habitat vient de l’introduire sur un chantier-test de rénovation de deux logements dans le Dunkerquois, et envisage de s’en servir également pour de la construction neuve. Tout comme Sia Habitat dans le cadre de la rénovation de deux anciens logements miniers à Méricourt, près de Lens. Des architectes ont également montré leur intérêt.
«C’est prometteur quand on sait le nombre de logements sociaux qui devront être rénovés dans le cadre du programme ANRU. Rien que dans le Dunkerquois, cela se chiffre en plusieurs centaines», se félicite le directeur.
Une ligne de production dédiée
Dans un premier temps, L.A Linière compte sous-traiter la fabrication du Bâtilin©, mais son projet, à terme, est bien de construite une nouvelle ligne de production sur son site de Bourbourg, spécialement dédiée à cette activité dès que les commandes auront atteint un certain seuil. «Nous avons développé un écomatériau. La logique est qu’il soit fabriqué sur place plutôt que de mettre des centaines de camions sur les routes pour transporter nos anas vers un site de production extérieur», commente Bertrand Delporte.
Cette nouvelle ligne devrait normalement conduire à des embauches. En attendant, le Bâtilin© va faire sa promotion lors du salon Batlab du CoDem consacré aux écomatériaux, le 10 juin prochain à Amiens. Et L.A Linière travaille déjà sur une version «projetée» de son béton de lin pour ouvrir encore le champ des applications.