KAD fabrique les portillons de Philadelphie
Klein Access Design (KAD), entreprise installée à Hirson-en-Thiérache, est le spécialiste en France «des solutions d’accès» des voyageurs aux stations de métro, aux gares, aux aéroports ou aux stades. L’entreprise, qui emploie aujourd’hui 42 salariés, s’est lancée dans la réalisation d’un fabuleux contrat : la fabrication des portes d’accès du métro de Philadelphie, la grande ville américaine. Qui a dit que les PMI picardes n’exportaient pas ou peu ?
Cette entreprise étonnante fut créée à Paris en 1877 par Georges Klein. En 1920, elle fabriquait déjà la célèbre pince à valider les tickets de train des chemins de fer français. Et 37 ans plus tard, la voilà qui s’illustre en concevant et en expérimentant le premier tourniquet de métro de la RATP testé à la station Nation à Paris.
Faute de place pour s’étendre dans Paris, l’entreprise sera transférée à Hirson en 1964, l’année de ses premiers tourniquets de métro équipés de lecteurs à Paris et à Mexico.
Faut-il encore effeuiller les années glorieuses des Etablissements Georges Klein ? En 1974, c’est le premier portillon escamotable ; en 1994, le premier portillon à portes pivotantes (Slimline), puis les portillons pivotants pour des immeubles des sites tertiaires, puis des portillons simplifiés pour les magasins, etc.
Cinq millions de dollars américains
« Nous sommes concepteur de solutions d’accès », explique Yann-Eric Petit, le PDG de KAD (Klein Access Design), une PMI d’Hirson installée dans une usine discrète de 4 000 m².
KAD, aussi surprenant que cela puisse paraître au beau milieu de la Thiérache, conçoit et assemble les tourniquets, les vantaux, les portes escamotables et les sas de sécurité de métros, gares, aéroports, stades, grands musées et parcs d’attractions.
L’entreprise hirsonnaise, qui emploie 42 salariés et réalise 7,7 M€ de chiffre d’affaires annuel, a déjà équipé des métros et des réseaux ferroviaires du Brésil, d’Argentine, du Chili, d’Afrique du Sud, d’Australie. « Nous venons d’obtenir le marché de Philadelphie, précise son président. Il faut remettre à niveau les portillons de son système de transport. Nous devons fabriquer 600 nouveaux portillons automatiques, dont une centaine de pièces sera adaptée aux accès des personnes handicapées. C’est un marché de cinq millions de dollars. »
Pour obtenir ce fabuleux marché, les dirigeants de KAD, qui répondent à des appels d’offres internationaux, ont dû convaincre de leur savoir-faire l’opérateur final des transports publics de Philadelphie et le concepteur de son système de ticketing (titres de transport sans contact). « Mais il faut se conformer au Buy American Act (loi pour encourager l’achat américain) par lequel l’essentiel de la fabrication doit se passer aux USA », souligne le président de KAD.
De fait, l’entreprise hirsonnaise livrera les mécanismes et l’électronique des portillons du métro de Philadelphie à un sous-traitant américain. Ce dernier fabriquera les coques en Inox des portillons et y intègrera les mécanismes conçus et assemblés à Hirson. Un jeune ingénieur de KAD a été dépêché à Philadelphie pour superviser sous-traitance et installation des portillons. Il faut noter au passage que KAD a pu recruter le jeune ingénieur en mission à Philadelphie sous le statut de volontaire international à l’entreprise (VIE), avec l’aide d’Ubifrance et du conseil régional de Picardie.
Casablanca, Bilbao, Séville, etc.
Quant à son savoir-faire en matière d’accès aux réseaux de transports publics, KAD a de quoi rassurer aujourd’hui ses interlocuteurs. Cette année, l’entreprise a fabriqué les portillons du métro de Casablanca. Elle a équipé récemment les métros de Bilbao, de Séville, de Wushan en Chine et le réseau ferroviaire de Lisbonne.
Qui dira après ça que les entreprises de Picardie, du moins ses PME-PMI, ne savent pas exporter ? KAD vend aujourd’hui, directement ou indirectement, 90 % de sa production en Europe, en Asie et dans les pays du Maghreb.