Visite ministérielle
Journée nationale des aidants : Aurore Bergé et Fadila Khattabi découvrent la Plate-forme de répit d’Amiens
À l’occasion de la Journée nationale des aidants, les ministres des Solidarités et des personnes en situation de handicap, Aurore Bergé et Fadila Khattabi ont rencontré des aidants à Amiens, ce 6 octobre.
« J’ai fait des études, j’ai travaillé et là je ne suis rien. Il n’y a pas de case aidant, au mieux je suis femme au foyer ou sans emploi », enrage Sabine, 54 ans, aidante de son mari atteint d’une maladie génétique rare. Elle partage son quotidien difficile, ce 6 octobre, lors de la Journée nationale des aidants, dans le cadre de la visite de la Plate-forme de répit (PFR) d’Amiens par les ministres des Solidarités et des personnes en situation de handicap, Aurore Bergé et Fadila Khattabi. « J’assiste mon époux 24 heures sur 24, ça ne s’arrête jamais. Je ne monte même pas sur un escabeau parce que si je me fais mal qui prendra le relais ? », ajoute celle qui pointe des difficultés administratives et financières récurrentes.
Un témoignage qui fait écho à celui de Nathalie, 51 ans, mère de quatre enfants dont Cléa, 19 ans, autiste sévère. « Ma fille est à la maison de façon continue depuis trois ans. J’ai arrêté de travailler parce que j’étais opératrice en usine et que je faisais les 2x8. Le rythme n’était pas soutenable avec Cléa, j’ai fait un burn-out », confie-t-elle. Comme ces deux femmes, neuf millions de Français aident un proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. On estime qu’ils sont environ 90 000 dans la Somme. Pour les soutenir, des Plates-formes de répit ont été créées partout en France. Elles ont pour objectif d’apporter une aide dans les démarches mais aussi de proposer du relayage.
Souffler quelques heures
« Nous avons un bureau d’attache à Amiens, mais nos intervenants sont surtout auprès des familles. Nous intervenons sur 684 communes », explique Catherine Dumoulin, directrice de Ladapt qui accueille l’une des deux Plates-formes de répit du département. Clotilde Mignot, psychologue, Romain Danzelle, accompagnant éducatif et social et Valérie Crépin, aide-soignante forment le trio suit une centaine de familles depuis sa création en 2021.
« Nous proposons un accompagnement psychologique mais aussi des activités aidants-aidés et entre une à trois heures de relayage par mois », explique Romain Danzelle. Une bouffée d’air pendant laquelle les aidants profitent de soins avec une socio-esthéticienne ou prennent tout simplement du temps pour eux. « C’est devenu essentiel », sourit Nathalie qui souhaiterait « dans un monde idéal » bénéficier de deux heures de relayage par semaine et de la venue d’une éducatrice de façon régulière pour travailler avec sa fille. « Financièrement, ce n’est pas possible », regrette-t-elle.
De timides avancées
« Il y a dix ans personne n’employait le mot d’aidant. Aujourd’hui, on sait ce qu’est un aidant et il a des droits », souligne Aurore Berger, ministre des Solidarités, présente à Amiens ce 6 octobre. Elle a annoncé la création de 6 000 places supplémentaires au sein de Plates-formes de répit pour atteindre 40 000 places à l’horizon 2027. Une nouvelle qui s’ajoute à l’octroi de huit trimestres de retraite et l’évolution du congé proche aidant. « Nous allons avoir des droits rechargeables qui vont permettre d’accompagner différentes situations », détaille la ministre qui se félicite de ces avancées. « Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas aller plus loin », assure-t-elle.
Un signal positif pour le député de la Somme François Rufin qui pointe cependant la faiblesse des annonces face aux enjeux qui se profilent. « Nous allons vers une accélération du vieillissement de la population, cela veut dire que tout le monde ou presque sera aidant. Face à cela, comment on s’organise ? », interroge celui qui souhaite renforcer le statut et les revenus des auxiliaires de vie capables de structurer le pays pour que l’aide familiale viennent en appui de celui des professionnels de santé. « Je suis pour des maisons de répit partout sur le territoire, mais ce n’est pas avec 40 000 places pour neuf millions d’aidants qu’on va s’en sortir », conclut-il.
Les entreprises acteurs clés de l’intégration des aidants
La grande majorité des neuf millions d’aidants ont dû se résoudre à quitter leur emploi pour soutenir à plein temps un enfant, un conjoint ou un parent. « C’est une véritable catastrophe économique pour la société mais aussi pour la personne. L’aidance conduit à des situations de pauvreté », alerte François Ruffin. Pour contrer ces difficultés financières, les acteurs économiques auront dans les années à venir un rôle de plus en plus important à jouer. « Il faut que nos entreprises s’adaptent aux aidants. Il faut faire en sorte que partout on puisse éviter les ruptures de vie et que les aidants aient le droit de vivre leur propre vie, y compris professionnelle », pointe de son côté Aurore Berger qui incite à changer de regard. « Sans eux, notre société ne tiendrait pas », assure-t-elle.