JO: face à l'engouement populaire, la grande discrétion des politiques

Les politiques français, RN et LFI en tête, observent dans leur ensemble une grande discrétion face aux Jeux olympiques de 2024, dont le succès tranche avec les nombreuses critiques qu'ils ont...

Les politiques français, RN et LFI en tête, observent dans leur ensemble une grande discrétion face aux Jeux olympiques de 2024, dont le succès tranche avec les nombreuses critiques qu'ils ont parfois portées au cours des derniers mois © Ludovic MARIN
Les politiques français, RN et LFI en tête, observent dans leur ensemble une grande discrétion face aux Jeux olympiques de 2024, dont le succès tranche avec les nombreuses critiques qu'ils ont parfois portées au cours des derniers mois © Ludovic MARIN

Les politiques français, RN et LFI en tête, observent dans leur ensemble une grande discrétion face aux Jeux olympiques de 2024, dont le succès tranche avec les nombreuses critiques qu'ils ont parfois portées au cours des derniers mois.

Aya Nakamura lors de la cérémonie d'ouverture? "Pas un beau symbole", une manière d'"humilier le peuple français", tant la "vulgarité" de la chanteuse - qui "ne chante pas français, d'ailleurs pas étranger non plus" - s'apparente à "du n'importe quoi": en mars, Marine Le Pen n'avait pas de termes assez durs contre cette idée de faire participer l'une des meilleures ventes françaises de disques dans le monde au show inaugural de Paris-2024.

Pas un mot, pourtant, lorsque la Franco-Malienne est apparue devant l'Académie française, reprenant Charles Aznavour et ses propres chansons, accompagnée des musiciens de la Garde républicaine. Ni la triple candidate d'extrême droite à la présidentielle, ni le patron du RN, Jordan Bardella, n'ont commenté les quatre heures de spectacle sur la Seine.

Silence également quant à la réussite unanimement saluée de cette olympiade parisienne et de l'engouement populaire qu'elle suscite, les quelques messages publiés sur les réseaux sociaux par les lepénistes se contentant de féliciter les médaillés français.

"Les Français n'attendaient de toute façon pas une parole politique à ce moment-là", estime Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos. Cette mise en retrait "n'est pas une mauvaise stratégie, parce que ce serait dangereux de susciter la polémique".

Quatre jours avant l'allumage de la vasque, le porte-parole du parti à la flamme Laurent Jacobelli avait pourtant dénoncé "des Jeux olympiques hors sol", qui se tiendraient "sans public". 

"Quand il y a de grands événements, on vide les rues parce que sinon on sait que ce sera du désastre, de la violence, des gens qui arriveront des banlieues pour semer le chaos: (...) vivre ensemble est devenu un danger", avait-il prédit.

Tout n'est pas rose

Du côté de La France insoumise, qui avait réclamé juste avant le début de la compétition une "commission d'enquête populaire sur les implications sociales, économiques et écologiques" des JO, le silence est aussi globalement de mise, même si certaines voix restent critiques.

"Le modèle des Jeux olympiques et paralympiques organisé aujourd'hui par le CIO n'a plus rien à voir avec la cohésion et le plaisir du sport", a dénoncé le mouvement de gauche radicale le 25 juillet.

"Tout n'est pas rose" pendant ces jeux, a encore assuré sur franceinfo la députée mélenchoniste Alma Dufour, en pointant "les investissements colossaux réalisés pour rendre la Seine baignable" - qui ne l'est d'ailleurs, selon elle, "qu'à moitié". 

Sa collègue Ersilia Soudais avait pour sa part relayé lundi une fausse information selon laquelle 25 athlètes étaient tombés malades après avoir nagé dans le fleuve, avant de supprimer son tweet.

Jean-Luc Mélenchon s'est lui montré critique sur la cérémonie d'ouverture, regrettant qu'elle ait pu "blesser les croyants" lorsque des drag queens se sont attablées derrière un Philippe Katerine grimé en Dionysos bleuté. 

"Mais les gens ont eu un regard très positif sur la cérémonie, un sondage a montré que 86% d'entre eux l'ont appréciée. A partir de là, ça a fait taire tout le monde", note Mathieu Gallard.

Face au supposé peu d'entrain de la classe politique à célébrer la réussite de l'événement, le député LFI Antoine Léaument a d'ailleurs ironisé: "On tweete sur les JO? Récupération! On ne tweete pas sur les JO? Indifférence!"

La prudence commande aussi d'attendre jusqu'à l'achèvement de la compétition - voire celle des Jeux paralympiques, prévus du 28 août au 8 septembre - pour tirer un bilan définitif et, le cas échéant, capter un peu de la lumière de la flamme olympique.

En 1998, Jean-Marie Le Pen, alors patron de l'extrême droite, avait attendu la veille de la finale du Mondial de football France-Brésil pour voir dans la ferveur populaire qui accompagnait l'épopée des Bleus "une victoire du Front national" et "une certaine lepénisation des esprits" dans le fait que les joueurs chantent la Marseillaise sur le terrain.

"Les Français sont en train de purger une frustration de victoires car ils sont las d'être dirigés par des pleurnicheurs, des masochistes, des gens qui ne cessent de demander pardon ou repentance pour tout ce qui a été fait dans l'histoire de notre pays", avait-il ajouté, avant de se qualifier au second tour de la présidentielle quatre ans plus tard.

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