Jeune homme tué lors d'un contrôle: ses proches manifestent, information judiciaire ouverte

Les proches et la famille d'un homme de la communauté des gens du voyage, tué par un gendarme près de Toulouse alors qu'il tentait de fuir un contrôle, ont manifesté mardi pour réclamer justice...

Sylvie Loerch, mère de Maïcky, 28 ans, tué par un gendarme lors d'un contrôle routier,  rejoint les membres de la communauté des gens du voyage lors d'une marche blanche à Toulouse, le 30 juillet 2024 © Ed JONES
Sylvie Loerch, mère de Maïcky, 28 ans, tué par un gendarme lors d'un contrôle routier, rejoint les membres de la communauté des gens du voyage lors d'une marche blanche à Toulouse, le 30 juillet 2024 © Ed JONES

Les proches et la famille d'un homme de la communauté des gens du voyage, tué par un gendarme près de Toulouse alors qu'il tentait de fuir un contrôle, ont manifesté mardi pour réclamer justice alors qu'une information judiciaire a été ouverte.

"Il (le gendarme, NDLR) me l'a tué, il lui a mis des balles dans la tête. Qui va me remplacer mon fils ?", s'est exclamée devant les médias Sylvie Loerch, la mère de la victime, très émue, dans la chaleur caniculaire frappant la ville rose.

Maïcky Loerch, 28 ans, est décédé jeudi soir des suites d'une blessure par balle à la tête, après le tir d'un gendarme contre sa voiture à Fenouillet, en banlieue nord de Toulouse.

Selon le parquet, il aurait tenté de se "soustraire au contrôle"des militaires, venus inspecter un véhicule recherché car "impliqué dans une tentative de vol avec violences commis le matin même".

Une version a minima questionnée par ses proches, qui scandaient mardi "justice pour Maïcky" ou "les gendarmes tuent". 

L'avocate de la famille, Me Jessica Guy, a regretté auprès de l'AFP que les parties civiles aient été jusqu'à présent "mises à l'écart" de la procédure.

Le procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta Simon, a annoncé mardi en fin de matinée, dans un communiqué, l'ouverture d'une information judiciaire à la fois pour "refus d'obtempérer aggravé" et "violences volontaires avec arme sur personnes dépositaires de l'autorité publique", que pour "violences volontaires avec arme par dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Cette décision du procureur est un "pas positif", a jugé Me Guy, qui représente avec Eric Mouton la famille de la victime. "Ce qui était important, c'est que la famille puisse avoir accès aux éléments" du dossier.

Justice, rien d'autre

"Je veux la justice, je ne veux rien d'autre", a martelé Sylvie Loerch, lors d'une marche réunissant environ 200 personnes qui portaient des vêtements blancs, avec sur certains un portrait de de son fils, ainsi que des banderoles ou le drapeau bleu et vert à roue rouge en son centre, symbole du peuple rom.

Après des tensions initiales, quelques jeunes du cortège ayant lancé plots de chantier ou bouteilles en plastique en direction d'un groupe de policiers présents, la manifestation s'est déroulée dans le calme vers le palais de justice et était en train de se disperser aux alentours de 17H00, a constaté une journaliste de l'AFP.

"On est là pour faire entendre la parole de la famille de Maïcky. Ce policier (en réalité un gendarme, NDLR), il a tué quelqu'un. Aujourd'hui, on veut qu'il soit condamné fortement, qu'il aille en prison", a expliqué Henock Cortes, musicien et figure de la communauté, venu en soutien.

Jeudi dernier, sa voiture bloquée par le véhicule des gendarmes, Maïcky Loerch aurait franchi un terre-plein central, détruisant du mobilier urbain et manquant de toucher l'un des gendarmes dans sa manœuvre, a indiqué le parquet.

Puis, le conducteur aurait fait "une nouvelle embardée à vive allure en direction d'un des gendarmes" qui a ouvert le feu", imité dans la foulée par un de ses collègues, selon la description faite par le ministère public.

Interrogée par l'AFP, l'avocate de la famille ne privilégie "aucun" scénario du drame, et n'a pas souhaité commenter celui établi par le parquet, regrettant qu'il ait été communiqué à la presse mais pas aux proches. 

Dans la voiture visée par les tirs se trouvaient, en plus du jeune homme mortellement blessé, sa compagne et leur enfant âgé de quelques mois.

"Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce qui s'est passé : on a tiré cinq balles dans une voiture où il y avait une femme et un bébé", s'est insurgé M. Cortes.

A ce stade, le parquet n'a pas indiqué combien de projectiles avaient été tirés.

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