Jérôme André, président de l'UNGE Hauts-de-France : "Les prévisions d'activité sont très bonnes malgré une vraie problé…
Dans le cadre des Rencontres régionales des géomètres-experts qui se sont déroulées le 22 octobre dernier à Lomme, Jérôme André a été reconduit à la tête de l'UNGE Hauts-de-France. Le président régional dresse pour La Gazette un état des lieux de la filière et alerte sur les difficultés de recrutement au sein de la branche. Entretien.
La Gazette : Comment se porte la filière des
géomètres experts en cette rentrée 2021 ?
Jérôme André : Très bien, nous sommes
même surchargés de travail ! La filière n'a pas été impactée
par la crise de la Covid. L'Ordre a fait des prévisions et le creux
n'a pas eu lieu. Nous travaillons principalement à l'extérieur, donc
la profession n'a pas subi la crise de plein fouet et s'est
parfaitement adaptée au télétravail pour certains confrères. Les
prévisions d'activité sont très bonnes malgré une vraie
problématique autour du recrutement, qui reste la plus grande difficulté
que rencontre la branche aujourd'hui.
Que représente le manque de main-d'œuvre pour la filière et que met en place l'UNGE pour attirer les
jeunes ?
Le besoin de main-d'œuvre est énorme. A l'échelle nationale, la filière va manquer
de 2 500 collaborateurs dans les années à venir sur un total de 11
000 collaborateurs. Les
difficultés que rencontrent les formations à remplir leurs sections
se répercutent chez les géomètres-experts qui peinent à recruter
de nouveaux collaborateurs. Nous mettons tout en œuvre pour attirer
les jeunes dans la profession.
Nous nous sommes inscrits au dispositif Proch'orientation mise en place par la Région, pour intervenir dans les collèges et lycées. Nous allons prochainement intervenir dans les salons étudiants. Mais, surtout, nous avons profité de notre assemblée générale pour venir à la rencontre des étudiants du BTS MGTMN (lire ci-dessous). Lorsqu'on présente la profession, nous ciblons des missions atypiques et attrayantes, à l'image de parcs d'attractions, d'hippodromes ou encore Nausicaà.
Des
projets qui ont nécessité l'utilisation de scanners 3D ou même de
drones. Nous ne cherchons pas uniquement des postes qualifiés. Cela
peut aller du Bac pro au BTS, jusqu' à l'ingénieur, mais tous ces
différents niveaux trouvent place au sein d'un cabinet de géomètre-expert. Et une fois au sein d'un cabinet, le collaborateur peut gravir les échelons.
Le numérique a-t-il modifié vos
méthodes de travail et le métier de géomètre-expert en tant que
tel ?
C'est une révolution !
En l'espace de dix ans, l'acquisition des données sur le terrain a
énormément évolué et a très clairement gagné en rapidité. Il y
a encore dix ans, on mesurait un point à la fois à l'aide
d'appareils de mesure. Aujourd'hui, le scanner 3D permet de mesurer
des millions de points en une minute. Mais derrière les
technologies, il y a une certaine rigueur à suivre, une précision,
une vérification permanente : toute une méthodologie traditionnelle
qui n'a pas changé.
A l'image du BTS MGTMM, scanners 3D et drones
sont intégrés aux formations, ce qui amène les jeunes à développer
de nouvelles compétences. Nous sentons un intérêt grandissant des
jeunes pour les nouvelles technologies. Néanmoins, cela reste
compliqué de les attirer car le métier de géomètre-expert demeure
peu connu.
Malgré le manque de collaborateurs,
la profession parvient-elle tout de même à satisfaire la demande ?
Nous faisons partie des
principales professions en tension en France, ce qui signifie que nos
clients attendent parfois six mois. Ce retard accumulé est causé par le manque de main-d'œuvre, mais nous parvenons à rattraper le
retard grâce aux accalmies pendant les vacances scolaires...
L'attente des clients a-t-elle
évolué avec le numérique ?
On parle de plus en plus de la maquette
3D par rapport au BIM. Mais aujourd'hui, quand nous déposons un
permis de construire, nous déposons un plan horizontal et des coupes
verticales avec des façades. L'utilisation de la maquette 3D peut se
faire pour les impacts sur l'environnement, mais n'est pas encore
généralisée. A horizon 2030, cela pourrait être le cas. Par
ailleurs, de plus de plus de confrères utilisent le drone, la demande augmente. Son
utilisation s'amplifie mais sous contrainte : cela nécessite des
brevets de pilote et des autorisations de vol.
L'UNGE à la rencontre des étudiants du BTS MGTMN à Lomme
L'UNGE Hauts-de-France a profité de son assemblée générale pour venir à la rencontre des étudiants du BTS métiers du géomètre topographe et de la modélisation numérique (MGTMN). La journée a porté ses fruits : de nombreux contacts ont été noués entre étudiants et professionnels, notamment pour des stages de fin d'année. Face aux mutations de la branche, le BTS s'est doté de matériels innovants : "En 2018, nous avons reçu par la Région Hauts-de-France du matériel topographique de terrain et de l'informatique nécessaire pour rénover complètement le BTS. Nous sommes aujourd'hui parfaitement doté avec deux scanners 3D et un drône", indique Didier Cauliez, professeur du BTS depuis 30 ans. Que ce soit par le biais d’un baccalauréat professionnel, d’un BTS MGTMN, d’une licence, d’un diplôme d’école d’ingénieurs ou encore d’un master universitaire dans l’urbanisme, le paysage, l’architecture, la topographie ou encore les sciences de l’ingénieur, il est possible d’intégrer un cabinet de géomètre-expert. A bon entendeur donc...