Jean-Luc Mélenchon provoque un nouveau tollé après ses attaques contre Ruth Elkrief
Jean-Luc Mélenchon se retrouve sous le feu des critiques après s'être attaqué à la journaliste Ruth Elkrief, désormais sous protection policière. Le leader Insoumis est une nouvelle fois accusé d'enflammer les tensions sur fond de conflit...
Jean-Luc Mélenchon se retrouve sous le feu des critiques après s'être attaqué à la journaliste Ruth Elkrief, désormais sous protection policière. Le leader Insoumis est une nouvelle fois accusé d'enflammer les tensions sur fond de conflit au Proche-Orient et de montée des actes antisémites.
A la suite d'échanges tendus dimanche sur LCI entre Ruth Elkrief et le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur le Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon a accusé la présentatrice d'être une "manipulatrice" et une "fanatique" qui méprisait les musulmans.
La journaliste a dit lundi soir sur LCI s'être "sentie blessée", comme "femme-journaliste". Ruth Elkrief a rappelé l'importance à ses yeux de "se définir par sa citoyenneté et non par sa religion ou ses origines et de ne pas y être renvoyée par les autres".
Et de confier qu'elle avait été "élevée au Maroc, dans la connaissance et l'affection intime pour les traditions culturelles et cultuelles, juive, musulmane et chrétienne".
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin l'a placée sous protection policière, jugeant que le tribun LFI lui avait mis "une cible dans le dos", alors que se sont multipliés les actes antisémites en France depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Les réactions sont vives dans la classe politique.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Veran a dénoncé une "attaque ignoble" du leader LFI.
A droite, Eric Ciotti l'a taxé de "sombre et vulgaire lanceur de fatwas" et de "collabo des islamistes", Laurent Wauquiez l'accusant "d’incarner politiquement le nouvel antisémitisme", "probablement par pur cynisme électoral".
A gauche, la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier lui a demandé sur X "d'effacer" ses déclarations contre Ruth Elkrief.
Ce n'est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon crée la polémique depuis l'attaque du 7 octobre et la riposte israélienne contre Gaza.
Après son refus de qualifier le mouvement palestinien de terroriste, une attitude qui a entraîné la fin de l'union de gauche Nupes avec ses partenaires, il a multiplié les critiques contre le Crif, principale organisation juive de France, avec qui il a un long contentieux.
Il a aussi été accusé d'avoir utilisé des propos empruntant à la rhétorique antisémite pour s'en prendre à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Rayon paralysant
Ses détracteurs l'accusent de manier l'ambiguïté et de multiplier les tensions pour cultiver le vote musulman, et notamment des jeunes de quartiers populaires.
"Jean-Luc Mélenchon, régulièrement, envoie des signaux à un électorat des banlieues (...) sur le fait qu'ils sont systématiquement discriminés, victimes de racisme systémique", souligne Frédéric Dabi, directeur général opinion de l'Ifop.
Chez les Insoumis, on ne cache pas viser le vote des banlieues, ainsi que le vote abstentionniste, pour tenter de s'imposer en 2027. Le mouvement a d'ailleurs développé 4.000 référents d'immeubles dans les quartiers populaires.
A la présidentielle de 2022, selon un sondage, "69% des électeurs de confession musulmane et ayant voté, ont choisi Mélenchon au premier tour", précise M. Dabi. "Est-ce que ça va payer à court terme électoralement aux européennes ou à la présidentielle ? Personne ne peut le dire".
Mais son image "s'est complètement détériorée": il est devenu l’homme politique le plus impopulaire derrière Eric Zemmour selon un baromètre Paris Match, relève le politologue.
Et, selon lui, "une majorité" de son électorat se déclare "mécontente de ses prises de parole sur le conflit entre Israël et le Hamas".
"Je ne pense pas qu’il soit antisémite", relève de son côté à l'AFP Alexis Lévrier, historien du journalisme. Mais "il utilise ce discours-là avec la volonté de cliver, de dresser les communautés les unes contre les autres".
Le tribun voit, lui, dans les critiques dont il fait l'objet les attaques de "ceux qui manient le réseau paralysant qui est d'accuser d'antisémite tout ce qui bouge et qui n'est pas de leur avis".
Le député LFI Antoine Léaument dénonce aussi sur X dans les réactions outrées "de la caste médiatico-politique", celles "d’un monde auto-centré, en cercle fermé, et dont le nombrilisme n’a d’égal que la déconnexion".
"Fort heureusement, comme en témoignent les échanges quotidiens avec les gens, ils ne sont pas dupes de ces manipulations", assure le LFI Adriens Quatennens sur le même réseau social. "Si la vague dégagiste se lève, elle les emportera sur son passage".
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