Hôtellerie-restauration Moselle
Jean François, président de l’UMIH 57 : «Nous voulons travailler, nous avons le sens des responsabilités»
Les mots de Jean François, président de l’UMIH 57 sont forts et sont ceux d'une branche essentielle dans la vie du pays, économiquement et socialement. À l’instar des professionnels de l’hôtellerie-restauration, il fonde beaucoup d’espoir sur une réouverture des restaurants, cafés et bars. La concertation se poursuit entre gouvernement et représentants patronaux. Même si la date précise demeure une grande inconnue. Jean François fait le point avec la Gazette Moselle sur la situation présente et esquisse la période estivale.
«Quelques-uns ont quitté la profession, les autres s’accrochent, en tout cas, on fait tout pour les soutenir, même si depuis des mois notre situation n’a pas bougé. On est au point mort», résume Jean François, président de l’UMIH 57. Sa fédération représente plus de 500 professionnels de la restauration, de l’hôtellerie, de la restauration rapide, des bars, des discothèques, des bowlings, des bars d’ambiance dans le département. En somme, une grande partie des établissements frappés par les fermetures administratives. Jean François a clairement un discours de responsabilité : «Même si notre branche est durement impactée, si cela est injuste à bien des égards, même si la colère et la lassitude sont bien légitimes, nous sommes des gens responsables. Nous n’oublions pas que nous sommes en plein dans une pandémie dont on se demande quand nous verrons la fin. Le sanitaire et la santé doivent nous guider avant toute chose.»
Un plan de réouverture en trois phases
Si tant de rideaux restent tirés, si tant de salles demeurent closes, une lueur se fait jour néanmoins. La date de réouverture des bars, cafés et restaurants est dans les tuyaux, même si elle n’est pas fixée. À ce propos, Jean François implore : «Qu’on ne nous prévienne pas du jour au lendemain. Trois semaines avant, cela serait raisonnable.» Ces derniers jours, à l’issue d’une rencontre avec le ministre délégué en charge des PME, Alain Griset, les organisations patronales, dont l’UMIH, ont dévoilé un plan de réouverture en trois phases, proposé par les pouvoirs publics. Ce plan restera accompagné d’un maintien des aides aux professionnels. L’application du protocole sanitaire renforcé de septembre dernier, soit juste avant les fermetures administratives d’octobre, serait complété par un dispositif de traçage de la clientèle au moyen d’un QR Code à flasher à l’entrée d’un établissement. La première phase concernerait les restaurants, dont les clients pourraient prendre leur petit-déjeuner en salle de restauration. La seconde marquerait l’ouverture des terrasses des cafés et des restaurants et les salles à l’intérieur de l’établissement, dans la limite de 50 % de leur capacité d’accueil, y compris pour les restaurants d’hôtels. La troisième donnerait lieu à une ouverture complète et sans jauge, dans le respect du protocole sanitaire. Les organisations patronales ont demandé que les restaurants d'hôtels puissent accueillir leurs clients le matin et le soir pour le dîner, dès la première phase, tandis que les restaurants et cafés ouvriraient leurs terrasses. Ces phases seraient d’une durée de l’ordre de quatre semaines chacune. Reste à savoir quand elles seront initiées et comment elles se dérouleront, avec une épidémie qui va de rebond en rebond, et a douché tellement d’espoirs jusque-là. En scrutant le calendrier, Jean François espère : «Si nous pouvions rouvrir à la mi-mai...»
Un réseau d'entraide indispensable
Car dans son propos se dessine une échéance capitale, la saison touristique qui arrive à grands pas, et avec elle la période estivale. Que disent les professionnels de Moselle à ce propos ? Jean François synthétise : «Pour l’heure, ils ne voient pas tout simplement.» Si le massif plan de relance de l’économie et les aides en découlant permettent bien sûr à nombre d’établissements de l'hébergement touristique marchand et la restauration commerciale de garder la tête hors de l’eau, les difficultés sont réelles. Combien de gérants ne se paient actuellement plus ? Outre son soutien technique à ses adhérents sur les dispositifs en place, l’UMIH a un rôle déterminant rappelé par Jean François : «Nous faisons le maximum pour éviter l’isolement de nos adhérents. Nous avons développé un réseau solidaire. Il faut être présent quand le moral flanche, quand l’envie de tout laisser tomber arrive. Aussi pour éviter les gestes de désespoir au bout de tant de mois de galère.»
Le soutien de l'opinion
Dans ce tour d’horizon entre gris clair et gris foncé de l’actualité de sa branche, Jean François souligne un point peu souvent mis en avant : «Je pense aux jeunes qui ont un stage à faire, condition pour passer un diplôme, finir un cursus. Beaucoup en sont privés. Sans doute, cela sera reporté dans le temps. Mais ne risque-t-on pas d’avoir des diplômes quasiment donnés, et donc des jeunes moins bien formés quand ils vont arriver sur le marché du travail et dans nos entreprises ? C'est une vraie question et une inquiétude.» Ce n’est pas un vrai cri du cœur que conclut Jean François : «Un récent sondage demandait aux Français quel lieu ils aimeraient voir rouvrir en premier. Une majorité a répondu «les restaurants». Alors cela, je peux vous le dire, cela nous fait chaud au cœur. Le lien social et la relation humaine, c'est la base de nos métiers. Un art de vivre à la française, unique dans le monde. Dans nos restaurants, nos cafés, nos bars, on échange des sourires, des émotions, du plaisir de vivre. Parce que cela est si fort, si ancré, nous nous en sortirons tous ensemble, nos professionnels et nos clients. Restons tous solidaires et prudents, car je le répète, cette épidémie cause des drames humains et familiaux, des décès. C'est une réalité.»
Il faut sauver les discothèques
Discothèques, bowlings, traiteurs, organisateurs de réception : des corps de métier et des activités impactés durement depuis un an par la crise. On peut même parler de secteurs sinistrés. Un plan pour leur survie et leur relance est actuellement en cours, en élaboration entre gouvernement et patronat.