Jean-Christophe Repon, président de la Capeb : l'apprentissage au cœur des TPE
La Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) défend avec ferveur, au niveau national, les intérêts des artisans du bâtiment et les valeurs de l'apprentissage. Le point avec Jean-Christophe Repon, son président.
Quelles sont les orientations nationales de la Capeb ?
D'abord, il faut reconnaître que, malgré la crise sanitaire et économique qui nous a impactés, l’activité 2020 pour les TPE & PME du bâtiment a été très correcte. Cette fin d’année a surtout bénéficié d’un effet de rattrapage par rapport au premier confinement et a même favorisé quelques embauches.
Concrètement, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment a progressé de 1,5% au 4e trimestre 2020 (par rapport au même trimestre de l’année précédente). Nous espérons que cette reprise des chantiers se prolonge par un maintien de l’activité également en 2021. Si cela se confirme, elle pourrait permettre à nos entreprises, qui ont su faire preuve de beaucoup d’agilité, de rebondir et même de s’orienter à nouveau vers de l’embauche d’emplois durables ou des contrats d’apprentissage, mais il faut rester prudent.
Le principal chantier que nous nous sommes fixés en ce début d’année porte bien évidemment sur la relance et l'activité des entreprises de notre secteur pendant cette période assez compliquée, liée à la Covid-19. L’une des problématiques au cœur de nos préoccupations est plus que jamais de trouver des compétences dans les territoires pour nos entreprises, afin de répondre à la demande de nos clients particuliers. La réussite de la campagne de vaccination nationale va également fortement contribuer à la reprise, mais surtout nous redonner un environnement de travail beaucoup plus serein.
Depuis fin 2020, notre vigilance porte particulièrement sur l’augmentation des prix de certaines matières premières. Ceux de l'acier ont augmenté de 10 à 40% selon les produits, ce qui n’est pas sans conséquences pour nos TPE et PME du bâtiment. Elles doivent gérer la problématique de l’approvisionnement, des délais de livraison qui s’allongent, tout en veillant à la rentabilité des chantiers concernés par l’impact de cette nouvelle variable. Ce n’est pas simple, surtout pour des chantiers supérieurs à trois mois dans le contexte actuel.
Nous souhaitons aussi que le dispositif MaPrimeRénov', puisse atteindre ses objectifs en 2021. Actuellement le désir des citoyens porte sur l'amélioration de leur cadre de vie : «Comment j'améliore mon habitat, tout en respectant l'environnement !» Notre rôle est d'inciter et de soutenir les consommateurs dans cette démarche.
Pour réussir cet objectif, la Cabep va communiquer sur la transition énergétique, accompagner ses adhérents dans cette démarche et également promouvoir les audits de chantiers «au coup par coup» qui se traduiront, en fait, par l’octroi d’une «qualification chantier» permettant au client d’accéder à la prime MaPrimeRénov’. Pour l’obtenir et éviter les effets d’aubaine et abus en tous genres, deux limites sont imposées : l’entreprise devra avoir soufflé ses deux bougies et ne pourra pas solliciter plus de trois qualifications chantiers sur la durée de l’expérimentation, soit deux ans à partir du 1er janvier 2021.
Le
déploiement de nouvelles mesures favorisant l’accès à la
commande publique des TPE et PME du bâtiment représente également
un autre axe important de la relance pour notre secteur.
Quelle est la situation des sociétés artisanales du bâtiment, au niveau national ?
Le dernier trimestre a fait état d'une reprise d'activité et d'une création de 15 000 emplois, dans le secteur des petites entreprises artisanales. Pendant la crise, elles ont su réagir pour répondre à une commande des besoins. Pour 2021, nous espérons une activité en évolution à minima entre 5 à 6%, correspondant aux valeurs de 2019. Ce développement de l'activité du BTP permettrait de réaliser de nouvelles embauches. La contrainte porte actuellement sur la difficulté à trouver les compétences salariales.
Nous devons également veiller au risque d''augmentation des prix des matériaux, et au volume des travaux commandés. Une perspective qui devrait être positive, si les consommateurs souhaitent continuer à améliorer leur cadre de vie.
Par ailleurs, les aides pour l'apprentissage ont donné un coup de pouce aux TPE. Cette mesure spéciale a été mise en place par l’État pour inciter les entrepreneurs à embaucher et à former des apprentis. Jusqu'au 31 mai 2021, une aide financière de 5 000 à 8 000€ par an et par apprenti est consentie à l'entreprise qui recrute dans le cadre d'un apprentissage. Nous œuvrons pour obtenir le maintien de ce dispositif au moins jusqu'à la fin de l'année 2021, afin de le faire correspondre à la période Covid. Il est utile de souligner que l'artisanat forme à 80% les futurs salariés du secteur du bâtiment.
Nous
avons toujours la volonté de développer l'emploi durable et de
proximité des entreprises, dans le respect du partage des richesses.
Il y a beaucoup d'espoir pour qu'à l'avenir, ce modèle de gestion
devienne une partie incontournable de la réalité. Cela correspond à
un «après Covid». Le circuit court, l'emploi non délocalisable,
la proximité... ont créé du lien social et ont généré de la
richesse ! A la CAPEB, nous aimerions que les gouvernants en
prennent conscience, et que ces constats restent à leur esprit après
la crise sanitaire.
CH. BE. (Les Affiches d’Alsace et de Lorraine) pour Réso Hebdo Eco – www.reso-hebdo-eco.com