Israël: le faucon Benjamin Netanyahu confronté à l'isolement mondial
Le Premier ministre israélien de droite, Benjamin Netanyahu, se trouve dans une situation particulière délicate après que le procureur de la Cour pénale internationale a demandé lundi un mandat d'arrêt contre...
Le Premier ministre israélien de droite, Benjamin Netanyahu, se trouve dans une situation particulière délicate après que le procureur de la Cour pénale internationale a demandé lundi un mandat d'arrêt contre lui pour "crimes de guerre" à Gaza.
Agé de 73 ans, cet homme aux cheveux argentés et à la voix grave, connu sous son surnom de "Bibi", a dominé la politique de son pays pendant des décennies, mais il est désormais confronté à un isolement croissant dans son pays et à l'étranger en raison de sa gestion de la guerre contre le Hamas à Gaza.
Il fait l'objet de vives critiques pour les échecs en matière de sécurité ayant conduit à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens.
Mais Benjamin Netanyahu se dit déterminé à "éliminer" le Hamas, supervisant la riposte sanglante d'Israël qui a ravagé Gaza et tué plus de 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.
Plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire d'Israël et confronté au plus grand mouvement de contestation depuis son arrivée au pouvoir, il se présente comme le grand protecteur de l'Etat hébreu.
Il avait été Premier ministre de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021, avant d'entamer son troisième mandat à la tête du gouvernement fin 2022.
Cet homme trapu à la voix rauque, confronté récemment à des ennuis de santé, divise toutefois le pays.
Ses admirateurs voient en lui l'incarnation du nouveau "Roi d'Israël" pour sa défense du pays face à l'ennemi, notamment l'Iran perçu comme le nouvel "Amalek", l'ennemi mortel des Hébreux dans la Bible.
La confrontation avec l'Iran a éclaté au grand jour le 13 avril, lorsque Téhéran a lancé pour la première fois plus de 300 missiles et drones chargés d'explosifs vers le territoire israélien. Cette attaque était menée en représailles à une frappe aérienne meurtrière -- imputée à Israël -- contre le consulat iranien à Damas.
Ferme dans ses décisions, Benjamin Netanyahu a même engagé un bras de fer avec les Etats-Unis, principal allié d'Israël, en envoyant ce mois-ci des troupes dans Rafah, ville du sud de la bande de Gaza frontalière de l'Egypte, au mépris des appels de Washington.
"Si Israël doit rester seul, Israël restera seul", a-t-il affirmé début mai.
Quant à ses opposants, ils réclament à cor et à cri son retrait de la vie politique, lui qui a été inculpé pour corruption dans plusieurs affaires.
Depuis plusieurs mois, des manifestations d'une ampleur sans précédent dans l'histoire du pays ont eu lieu toutes les semaines pour protester contre la réforme judiciaire du gouvernement Netanyahu, qui veut accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, ses détracteurs y voyant une menace pour la démocratie et ses garde-fous institutionnels.
Mission de Dieu
Dans un pays politiquement fragmenté, M. Netanyahu est habitué à rallier des partis de différentes tendances afin de se maintenir au pouvoir. "Il pense avoir reçu une mission de Dieu pour sauver le pays", estime Aviv Bushinsky, ancien porte-parole de M. Netanyahu et fin connaisseur du Likoud, son parti de droite.
Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, Benjamin Netanyahu tient un bagage idéologique musclé de son père Benzion, ex-assistant de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite "révisionniste", favorable au "Grand Israël".
À l'opposé du processus de paix israélo-palestinien des années 1990, qu'il a contribué à enterrer, M. Netanyahu prône une vision d'Israël comme "Etat juif" avec des frontières s'étendant jusqu'à la Jordanie, d'où ses déclarations en faveur de l'annexion de pans de la Cisjordanie occupée et de mesures favorisant un boom des colonies.
En Cisjordanie occupée où vivent 2,9 millions de Palestiniens, les colonies israéliennes ont dépassé les 490.000 habitants (une hausse de 50%) au cours de la dernière décennie où Benjamin Netanyahu était au pouvoir, une présence accrue qui menace la création d'un Etat palestinien viable selon l'ONU.
Au tournant des années 1970, le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando d'élite. Mais c'est surtout son frère aîné, Yoni, qui se fait remarquer dans les rangs de l'armée.
En 1976, Yoni, commandant de l'unité chargée de libérer les otages d'un vol Tel-Aviv/Paris en Ouganda, est tué pendant l'assaut israélien.
Champs de bataille
"J'ai cru que ma vie était terminée", écrit dans son autobiographie publiée l'automne dernier M. Netanyahu, qui fera de la "lutte contre le terrorisme", qu'il associe souvent aux Palestiniens ou aux Iraniens, l'un des fils conducteurs de sa carrière.
En 2020, il a conclu des accords de normalisation avec des pays arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc) sous l'égide de Washington, qu'il rêve à présent d'étendre à l'Arabie saoudite.
Orateur né, père de trois enfants et marié aujourd'hui à Sara, considérée comme une proche conseillère, il a été diplomate en poste aux Etats-Unis, où il a fait ses études, puis ambassadeur à l'ONU dans les années 1980, avant de faire le saut en politique la décennie suivante.
"Soldat, j'ai combattu pour défendre Israël sur les champs de bataille. Diplomate, j'ai repoussé des attaques contre sa légitimité dans des forums internationaux (...) et Premier ministre, j'ai cherché à renforcer son pouvoir économique et politique parmi les nations", a-t-il écrit dans sa biographie.
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