Isoler grâce aux déchets

Spécialiste de l’isolation par l’extérieur, Myral, installé à Is-sur-Tille, a développé un panneau réalisé à partir de matières recyclées. Un travail de longue haleine qui a porté ses fruits et répond aux enjeux de société.

Sur ses lignes de production, Myral utilise 50% de matières premières recyclées pour fabriquer ses panneaux d’isolation extérieure. (Aletheia Press / Myral)
Sur ses lignes de production, Myral utilise 50% de matières premières recyclées pour fabriquer ses panneaux d’isolation extérieure. (Aletheia Press / Myral)

Visionnaire, l’entreprise Myral, fondée en 1987 et basée à Is-sur-Tille, s’est orientée dès sa création vers l’isolation par l’extérieur. « Le produit initial était un panneau d’isolation pré-industrialisé, posé directement sur le mur et adapté à quasi tous les revêtements : parpaing, béton, bois ou encore brique », détaille Julien Bagnard, directeur de Myral. S’il s’agit d’abord d’isoler, d’autres objectifs sont pris en compte. « Il y avait aussi un enjeu de protection des façades afin qu’elles vieillissent bien. Le panneau amenait de l’esthétique avec un produit facile à poser et à entretenir. »

Au fil des ans, l’artisan s’est développé en installant deux lignes industrielles de fabrication pour son produit alors inexistant sur le marché. Le système d’emboîtement exclusif de Myral a été breveté dans les années 2000 au même moment que l’entreprise débute son industrialisation.

De l’esthétique à l’écologie

En parallèle, l’intérêt pour l’isolation thermique grandissant dans la société, Myral a vu cette dimension prendre le dessus. « La prise de conscience a évolué tant sur l’écologie, sur l’économie possible en réduisant la consommation d’énergie mais aussi sur le gain de temps dans le travail. » Pourtant, l’entreprise garde à l’esprit qu’un facteur reste à retravailler sur le produit : son impact environnemental.

« A travers l’aluminium, le PVC ou encore le polyuréthane, le panneau initial était pétrosourcé. Nous avons mesuré son impact carbone et cherché à le faire évoluer. » Myral entame un travail de recherche et se lance dans l’écoconception. Après trois ans de réflexion et avoir décortiqué le produit, l’entreprise prend conscience que les matériaux nécessaires se retrouvent dans une partie des déchets du quotidien.

Une autre façon de se fournir

« Nous avons réalisé que l’aluminium utilisé est le même que celui des canettes. La mousse polyuréthane a recours au même plastique, le PET, que les bouteilles tandis que le PVC dont nous avons besoin se trouve dans les menuiseries de construction. » Myral trouve les fournisseurs et les gisements pour intégrer cette matière première à ses panneaux isolants.

Les canettes deviennent bobines de prélaquées et le PET, sous forme de chips, entre dans la production du polyol, nécessaire à la fabrication de la mousse. Quant aux anciennes fenêtres, elles sont réduites en lentilles de PVC pour rejoindre les lignes d’extrusion de Myral qui en fera ses formes de rives d’emboitement. « Nous sommes le premier système de vêture le plus décarboné du marché selon l’INIES » précise fièrement Julien Bagnard. Il ajoute : « Nous avons dépassé les 50 % de produits fabriqués à partir de déchets et nous avons donc divisé par deux notre impact. »

L’entreprise, qui fabrique 300 000 mètres carrés de panneaux chaque année, espère désormais atteindre 60 % de matière première recyclée dans son processus tandis que les panneaux d’isolation extérieure pourront être retraités en fin de vie pour avoir une seconde.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert