Investir pour mieux rebondir

À mi-mandat, Jean-René Lecerf dresse un bilan de ses trois premières années à la tête du Département, en «situation de dépôt de bilan» quand il est arrivé en 2015. Depuis, la barre a été largement redressée, avec une relance de l’investissement à hauteur de 270 millions d’euros en 2017.

Jean-René Lecerf aimerait aussi travailler avec les Départements et pays voisins, notamment sur des projets de remise à l'emploi.
© Département du Nord
Jean-René Lecerf aimerait aussi travailler avec les Départements et pays voisins, notamment sur des projets de remise à l'emploi. © Département du Nord

Même s’il prétend ne pas en vouloir à ses prédécesseurs, Jean-René Lecerf a dû composer avec une situation du Département des plus complexes : des arriérés sur les dépenses sociales, un endettement de 1,401 milliard d’euros (contre 1,301 aujourd’hui), une épargne nette de moins 30 millions d’euros et un budget d’investissement de 300 millions d’euros mais financés à 270 M€ par l’emprunt et 30 millions sur fonds propres. «Il a fallu que je me batte pour forcer les décisions et opérer des efforts de rigueur au niveau de la masse salariale et des politiques sociales» : suppression d’effectifs à hauteur de 550 au Département et de 150 au SDIS – compensées par des créations de postes en action sociale dans les zones difficiles –, mais aussi mise en place d’une politique volontariste sur la remise à l’emploi des allocataires qui porte ses fruits puisque le nombre d’allocataires a baissé de 3% en 2017. «Toyota, PSA Hordain, Renault ou encore Amazon… les entreprises ont joué le jeu. Mais la formation des allocataires pose encore problème et nous voulons proposer des personnes aptes à l’emploi. Et la suppression des contrats aidés va surenchérir le nombre d’allocataires…» se désole Jean-René Lecerf. Huit platesformes de retour à l’emploi ont été créées, déployées sur l’ensemble du territoire nordiste, et, en 2017, 6 837 allocataires ont retrouvé un emploi.

«Les efforts réalisés pourront relancer l’investissement»

L’investissement, fer de lance du Département

À son arrivée, Jean-René Lecerf avait dû augmenter la taxe sur le foncier bâti (alors au taux de 21,45%), devant faire face à la baisse de la dotation globale de financement et au reste à charge du RSA de 315 millions d’euros. «Oui, la taxe de foncier bâti a augmenté de 25% entre 2015 et 2016, mais ces efforts nécessaires ont permis de relancer l’investissement. Je ne toucherai plus à la fiscalité jusqu’à la fin de mon mandat.» 185 millions d’euros en 2015, 270 millions en 2016, 270 millions pour 2017 et 2018, l’investissement au Département fait désormais partie des priorités, que ce soit en matière de solidarité, de rénovation des collèges ou d’attractivité culturelle.

Développer la vente du patrimoine

Inspection académique, Tribunal de grande instance, ancienne Ecole normale de Douai, la richesse du patrimoine immobilier du Département est aussi une source de financements potentiels. Si Jean-René Lecerf avance qu’une «grande entreprise du Nord» serait intéressée par les 2 hectares des bâtiments de Transpole, avenue de la République à Marcq-en-Barœul (appartenant pour moitié à la MEL et au Département et dont le prix est estimé à 20 millions d’euros), et que des chaînes hôtelières et des architectes sont intéressés par le Tribunal de grande instance, certains biens peinent à trouver des acquéreurs. C’est le cas de l’Ecole normale de Douai où la mérule repousse les acheteurs. Cette année devrait aussi être celle de la vente des Ruches d’entreprises, désormais sous le giron de la MEL et qui représentent un patrimoine immobilier de l’ordre de 17 millions d’euros.

«La responsabilité des métropoles est de jouer le rôle de booster économique»

«Le serpent de mer ‘Métropole et Département’»

Vent debout contre les grandes métropoles – comme c’est le cas à Lyon qui, en 2015, a fusionné les compétences du Département et de la Communauté urbaine –, Jean-René Lecerf ne cache pas son scepticisme : «Tout le monde s’accorde à dire que Lyon est un échec car ils ne s’y retrouvent pas financièrement. La responsabilité des métropoles est de jouer le rôle de booster économique et de développement du territoire. Ne faut-il pas laisser la compétence sociale aux organes qui savent le faire ? Je dis ‘halte au feu’ ! Nous allons élaborer notre propre doctrine et demander un rendez-vous auprès du Premier ministre et du président de la République.» Quant à sa succession (son mandat s’achèvera en 2021), Jean-René Lecerf ne cache pas que son successeur naturel est Christian Poiret, actuel premier vice-président en charge des finances, du contrôle de gestion et de l’administration générale.