"Internet dématérialise, l’impression 3D rematérialise"
Antoine Motte, cogérant de cette société spécialiste de l’impression 3D (négoce et fabrications), mise sur les perspectives ouvertes par Internet et le numérique.
La troisième révolution industrielle1, ce sont sans doute les chefs d’entreprise qui en parlent le mieux. Antoine Motte, ingénieur ICAM, cogérant de Machines-3D, jeune entreprise de neuf personnes (dont six embauchées), locataire de la Serre numérique d’Anzin/Valenciennes, l’a reprend à son compte. “Il y a eu une vraie rupture. Internet nous a fait entrer dans l’ère de la mise en réseau dans tous les domaines, dont ceux de l’énergie et de la finance. Les producteurs traditionnels et les structures pyramidales classiques vont devoir soit s’adapter, soit disparaître au profit d’entreprises organisées en collaborations horizontales.“
Une nouvelle valeur ajoutée. Et Machines-3D ? “Nous faisons du développement et de la vente de solutions 3D, ainsi que de la formation et de la fabrication d’accessoires.“ Enthousiaste, il explique que l’impression 3D est dans ce combat de la mise en réseau : “Vendre, tout le monde peut le faire. La différence se fera donc par l’apport de compétences techniques pointues dans le SAV, les notices d’utilisation, la formation, ou encore dans l’organisation de coopérations inédites, comme nous le faisons avec 120 entreprises partenaires afin de garantir des volumes aux fabricants de matériels… C’est là que réside maintenant la valeur ajoutée.“
Antoine Motte explique que sa clientèle est aujourd’hui constituée à 60% d’industriels et designers (automobile, luxe…), à 25% de collèges et lycées, à 10% de professions médicales (orthodontiste, chirurgien, kiné…) et à 5% de particuliers.
Sur l’avenir de l’impression 3D, associée aux scanners, il s’enflamme aussi : “Internet a tout dématérialisé et l’impression 3D peut tout rematérialiser. Elle ouvre les perspectives en matière de rapidité d’exécution et de réduction spectaculaire des coûts.“
Des réalisations de plus en plus complexes. Difficile de dire tout ce que l’on pourra faire en 3D, mais les limites ne sont pas encore connues. Il ne s’agit plus de réaliser seulement des prototypes ou de petites séries en plastique, mais de fabriquer toutes les pièces d’un objet complexe mêlant des matériaux différents : drones, châssis de voiture, robots articulés, exosquelettes…
À ce sujet, Antoine Motte explique que Nicolas Daddato, originaire du val de Sambre, a mis au point un élément de base d’intelligence artificielle (la “Brique Easy”) qui permet de réaliser toutes sortes de robots en gagnant du temps à la fabrication et au montage… Le jeune inventeur, qui a intégré l’effectif, est en train de mettre au point, à un coût très bas, un bras articulé destiné à un motard victime d’un accident.
Autre exemple : une machine capable de construire, en 24 heures, le gros œuvre d’une maison. “On en est au stade de la recherche et développement, mais l’idée, c’est de proposer à plusieurs (douze PME et une école) des maisons à bas coûts, en forme de dômes, très résistantes, à des pays d’Asie et d’Afrique. Là, on est dans le social et le collaboratif, mais le BTP est concerné. Ce qui rend cela possible, c’est l’utilisation de la matière première locale, l’amortissement de la machine et l’usage de l’énergie solaire.“
La liste des métiers concernés par toutes les applications de l’impression 3D est donc longue. Mais la compétition est rude : “On est dans une course de vitesse car la technologie dans ce domaine progresse très vite.” www.machines–3d.com
1. L’expression fait référence à l’Américain Jeremy Rifkin, essayiste, auquel le Conseil régional et la CCI de région avaient commandé une étude afin de réorganiser leur communication institutionnelle et politique.