Insee Grand Est : le bon vieux temps de 2021
L’Insee Grand Est vient de dévoiler le bilan économique régional pour l’année 2021. L’an passé s’affiche comme l’année d’un rebond certain dans la quasi-totalité des secteurs d’activité. Cet état des lieux optimiste est aujourd’hui mis à mal par des évolutions conjoncturelles beaucoup moins glamours liées aux dommages collatéraux de la guerre en Ukraine mais pas seulement.
«Que nous racontent les statistiques ?» La question est posée par Yves Frydel, adjoint au chef de service des études de l’Insee Grand Est à l’occasion de la présentation, le 23 juin dernier du bilan économique régional pour l’année passée. Réponse : une belle histoire économique du moins pour l’année écoulée car aujourd’hui la donne apparaît tout autre. «La reprise aujourd’hui est fragilisée par le contexte économique et géopolitique international. La fin de l’année 2021 et le début de l’année 2022 sont marqués par l’intensification des difficultés d’approvisionnement et par la hausse continue de l’inflation. En conjonction avec une demande mondiale qui reste forte, deux chocs d’offres négatifs participent à cette situation : d’une part, la stratégie de lutte contre les foyers de Covid-19 en Chine, très stricte et d’autre part, la hausse des tensions entre la Russie et l’Ukraine, qui mène à la guerre à partir du 24 février», note l’Insee Grand Est dans la conclusion de son bilan annuel. «Ces deux événements viennent renforcer les difficultés d’approvisionnement rencontrées dans un certain nombre de secteurs et renchérissent les prix de la production. Tout cela se répercute sur les prix de la consommation, entraînant ainsi une forte hausse de l’inflation.» Cette donne est confirmée par la dernière note de conjoncture nationale de l’Insee, parue le 24 juin. Il y a encore quelques mois, tous les indicateurs apparaissaient au vert.
Hausse de 2,2 % de l’emploi en 2021
«L’année 2021 a été marquée par une reprise de l’activité économique et de l’emploi, dans la région, comme au niveau national.» 2021 a vu la création de 42 900 emplois, soit une hausse de 2,2 % en un an «principalement portée par le secteur de l’intérim.» Dans le chapitre secteur d’activité, 2021 s’est traduit par une reprise certaine, sauf dans l’hébergement-restauration «qui a continué à subir les effets de la pandémie.» Dans l’industrie, d’après l’enquête de conjoncture de la Banque de France, «les entreprises ont vu la reprise de leur CA, mais les difficultés d’approvisionnement limitent les volumes produits (…) Les entreprises enquêtées en janvier 2022 anticipent une nouvelle progression de leur activité pour 2022 mais plus modérée toutefois qu’en 2021, étant donné la faible visibilité des dirigeants.» Une prise de température à l’instant T qui se confirme de jour en jour. Côté Bâtiment : «le second œuvre est plus porteur que le gros œuvre, les particuliers consacrent un budget significatif à l’amélioration de leur habitat à la suite des confinements et du développement du télétravail.» Les cousins des Travaux Publics voient «la demande privée compensée partiellement l’évolution erratique des marchés publics.» Dans l’Agriculture : «les récoltes de l’année 2021 sont dans les normes pour toutes les cultures à l’exception du colza, pour lequel les conditions climatiques ont été défavorables.» 2021, l’année de la reprise, tout le monde y croyait…
Croissance en chute, inflation en hausse
6,8 % l’an passé de croissance annuelle, une prévision de 2,3 % cette année ! Le 24 juin, l’Insee faisait paraître sa dernière note de conjoncture. D’après l’institut, la croissance trimestrielle du pays devrait être modérée à + 0,2 % au deuxième trimestre et à + 0,3 % les deux derniers trimestres. «Soutenu par des mesures budgétaires, le pouvoir d’achat des ménages se redresserait au second semestre 2022, mais baisserait tout de même en moyenne annuelle en 2022», peut-on lire dans cette note de conjoncture. Côté inflation, elle devrait continuer à flamber cet été. Une stabilisation est envisagée à l’automne autour de 6,5 et 7 % sur un an. En moyenne annuelle, l'inflation s'élèverait à + 5,5 % en 2022 contre une progression des prix de 1,6 % en 2021. Dans la région, le prochain point détaillé est annoncé par l’Insee le 12 juillet.